La sortie d’un film de Steven Spielberg est un événement en soi alors deux films à quelques mois d’intervalles c’est une joie indescriptible pour ses fans. Les critiques de son Ready Player One sont dithyrambiques et ce n’est pas ici que vous lirez l’inverse !

Ready Player One – Warner Bros – 2018
Synopsis : Alors que la Terre se meurt, un adolescent se lance dans une chasse au trésor. Celle-ci se déroule dans le monde virtuel d’OASIS.
Ready Player One est adapté du roman éponyme d’Ernest Cline, Spielberg a fait le choix de s’en éloigner pour ne reprendre que l’univers et les personnages et avoir la liberté de changer toutes les péripéties et quêtes des personnages. Les références du livre sont pour la plupart vidéo-ludiques, très obscures pour ceux qui ne s’y connaissent pas, ici le film s’ouvre à tous les publics en s’appuyant davantage sur des références cinématographiques. Ce n’est jamais de simples références vulgaires pour lâcher des noms. La grande majorité des références sont visuelles, mises en scènes dans le récit du film et les travaillent, questionnent, à l’image de la séquence dans un film de Kubrick dont on vous laisse la surprise.
Le film n’est pas exempt de défauts, on lui reprochera une certaine facilité scénaristique, des raccourcis pour arriver rapidement où il veut nous emmener, c’est-à-dire réunir les personnages et nous emporter dans un dernier acte exaltant. C’est dans ce dernier tiers que son message au public, en particulier les plus jeunes, est le plus prégnant. Un message humaniste que l’on retrouve dans ses films, une union des gens pour le bien commun donc pas de surprise, mais cela réchauffe le cœur. Sans oublier une réflexion sur le monde réel et le monde virtuel (internet), quelle place donner à ce dernier dans nos vies. Récit évocateur de l’importance de se battre pour ce que l’on croit et le partage de valeurs communes, un rappel important à notre époque. Parzival et ses amis se battent pour la survie de l’OASIS tel qu’il est, pour son ouverture humaine, à n’importe qui, contrairement aux plans de ses ennemis, l’entreprise IOI, une entité qui prend de nombreuses formes pour donner lieu à de multiples allégories.
Une grande partie des scènes se déroulent dans cet univers virtuel, l’OASIS, le rendu des personnages et des décors est assez exceptionnel et pousse la technologie à mi-chemin entre cinématique de jeux vidéos et réalisme, notamment par les mouvements des personnages. Un juste équilibre qui permet d’y croire et de s’attacher aux personnages alors que ce tout effets numériques peut être un frein dans d’autres films. Cette partie est la plus développée avant de s’attarder davantage dans le monde réel à la fin du film, ce qui fait que les personnages dans le monde réel manquent de relief par rapport à leur avatar dans l’OASIS. Malgré ses deux heures vingt qui passent à une vitesse incroyable grâce à son rythme endiablé, il manque sans doute un quart d’heure supplémentaire pour creuser les personnages, surtout secondaire comme Aech (Lena Waithe). Le duo principal fait l’affaire bien que le jeu de Tye Sheridan (Wade/Parzival) laisse parfois à désirer sans non plus être catastrophique, il est contrebalancé par l’énergie folle que déploie Olivia Cooke en tant qu’Art3mis.
Sans être un chef d’oeuvre sans défaut, Ready Player One laisse pantois par son montage d’une efficacité monstrueuse pendant plus de deux heures enthousiasmantes et l’utilisation intelligente d’une riche pop culture que Spielberg lui-même a beaucoup contribué à construire.
9/10