Alors que la saison 2 d’Hippocrate s’achève ce soir sur Canal+, nous avons pu rencontrer l’équipe de la série. Son créateur, et ex médecin, Thomas Lilti ainsi que les acteurs Louise Bourgoin (Chloé), Alice Belaïdi (Alyson), Karim Leklou (Arben), Zacharie Chasseriaud (Hugo) et Bouli Lanners (Dr Brun).

Thomas Lilti « La fiction a débarqué dans la réalité
Thomas Lilti réussit avec brio à nous montrer l’envers du décor de l’hôpital avec cette saison 2 d’Hippocrate. Plus d’un 1 an après le début de l’épidémie de la COVID, où le personnel soignant a joué un rôle majeur, on s’interroge toujours sur leurs conditions de travail. Cette saison 2 de Hippocrate a été écrite avant le début de la crise sanitaire. Le tournage avait débuté avant le premier confinement et a repris enqsite fin juin, et on peut dire que ça a été un contexte très particulier pour toute l’équipe. Thomas Lilti était le premier a se questionner sur cette nouvelle saison « Est-ce que le réalité a dépassé la fiction ? Est-ce que j’étais hors sujet ? Je voulais faire une saison sur les urgences, montrer métaphoriquement « l’hôpital qui coule », montrer comment c’est difficile et comment ça s’inscrit dans la réalité d’aujourd’hui ».
Et en effet Thomas n’était pas du tout hors sujet même s’il ne rentre pas dans le vif du sujet directement, hormis les dernières minutes de la saison. « Je ne voulais pas instrumentaliser la crise sanitaire pour faire du divertissement car on avait pas assez de recul. Sur le plateau mon univers est devenu celui de tout le monde, tout le monde s’est responsabilisé. C’était essentiel pour tout le monde ce qu’on racontait dans cette période difficile. Pour moi c’était un bonheur que tout le monde se sente concerné« . En revanche, les derniers épisodes ont tout de même été modifiés avec l’arrivée de la COVID, la fin de saison aurait dû initialement être plus centrée sur les personnages.
Mais ce changement en fin de saison pour y intégrer la COVID n’est pas anodin, puisque Thomas a vécu lui même cette scène de tri lorsqu’il aidait pendant la crise. « Le tri fait parti de la vie des médecins, c’est difficile« .
Thomas Lilti est donc resté principalement sur les urgences cette saison. « Les urgences débarquent en médecine interne dans un service peu adapté. L’idée m’était venue au milieu de la saison 1, mais je ne pensais pas que ça deviendrait une réalité. C’est un peu la fiction qui a débarqué dans la réalité« . Pour lui l’important était de raconter comment une petite catastrophe peut en amener une plus grande.
La maladie mentale est un sujet abordé à plusieurs reprises lors de cette seconde saison, encore une fois ce n’est pas un hasard selon Thomas Lilti « c’est le reflet de la situation des médecin qui sont en grande souffrance. L’hôpital public ne sait pas bien prendre en charge la maladie mentale et on est également dans une société qui ne sait pas prendre soin de ses médecins » Un sous texte très présent cette saison dans la série médicale, puisque le scénariste met ses médecins dans des situations très complexes « On les met dans une situation d’échec car il n’y a pas d’autres solutions, on sait qu’ils vont échouer et on leur reproche d’avoir échouer. C’est souvent un reflet de la vie au travail« . Cette souffrance au travail est vraiment au cœur de cette seconde saison.
Concernant le tournage, ce fut une expérience éprouvante, en particulier la reprise après plusieurs mois d’arrêt. Thomas Lilti a aidé pendant le premier confinement à l’hôpital, et par la suite l’équipe est revenue tourner dans un véritable hôpital « on ouvrait une porte, on avait des vrais patients. Il y a de vraies infirmières qui jouent dans la série« .
Concernant ses personnages pour lui « il était intéressant de montrer cette saison comment le personnage de Chloé avait été touché dans sa chair, ses doutes, sa perte de confiance… et montrer comment elle peut dépasser cet handicape. Elle va découvrir une part d’humanité car elle était très froide et dure en saison 1. C’est un peu un personnage enterré vivant qui va ressusciter« .
Une vision différente de l’hôpital pour les acteurs ?
Pour les comédiens d’Hippocrate, tourner dans cette série a changé complètement leur perception de l’hôpital et des aides soignants. Alice Belaïdi n’aimait pas l’hôpital « Maintenant j’ai une autre image, une autre vision des aides soignants, j’aime même l’odeur« . Pour Karim Leklou, la série lui a fait prendre conscience du manque de moyen et des conditions difficiles des aides soignants. Louise Bourgoin nous dit « ça a complètement changé mon regard sur l’hôpital. Je pensais que ça serait le dernier endroit où il y aurait pénurie, je ne pensais pas qu’il y avait des guerres de pouvoir, que c’était important d’avoir du rendement, je pensais c’était pour sauver des vies« . Bouli Lanners quant à lui était hypocondriaque. Thomas Lilti lui a ouvert les yeux concernant ce milieu et a décidé de s’impliquer beaucoup plus dans le milieu hospitalier.
Pour eux, c’est une expérience particulière que de tourner dans une série qui fait autant écho à la crise que le monde entier vit actuellement. Louise Bourgoin explique « Thomas nous a donné un vrai sens de l’engagement car on représente une catégorie professionnelle qui souffre. Les conversations avec les aides soignants m’ont beaucoup marquées, surtout après le début de la COVID. Ils ont eu un don de Disneyland qui leur ont donné des ponchos Mickey qu’ils ont pu utiliser comme surblouse« . Quant à Karim Leklou, il est très heureux de voir une telle connexion entre la série et le réel. Bouli Lanners ajoute « On était immergé dans quelque chose proche de la réalité, ça a beaucoup soudé l’équipe«
La scène du caisson a particulièrement marqué Zacharie Chasseriaud car « c’est un décor fabriqué exprès qui fait plus vrai que nature. ça faisait vraiment un effet sous-marin. Effet très oppressant d’autant plus qu’on était à 8-9 dans cette pièce. On avait très chaud« .
Alice Belaïdi retiendra particulièrement dans cette saison 2 « le collectif de l’hôpital » qui est pour elle le plus important. « Thomas a réussi à créer un vrai collectif en 9 mois de tournage. On a tous pleuré à la fin du tournage« .
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