Avant-premières/Films

[Critique] Teddy : Un heureux mélange de genres

Avec leur deuxième long-métrage, les frères Boukherma se lance dans le film de genre avec Teddy, empruntant leur univers visuel aux classiques de l’horreur et leur ambiance décalée aux œuvres de Bruno Dumont pour un résultat original et réussi.

Teddy – The Jokers – 2021

Synopsis : Le personnage principal, Teddy, intérimaire dans un petit salon de massage du Sud-Ouest, paria de son village, développe un comportement étrange après avoir été mordu par un loup.

Avec le vampire ou encore le mort-vivant, le loup-garou est une figure familière du monstre dans le folklore occidental. Un peu passéiste, il n’a pas eu droit à la relecture moderne de ses compagnons (Twilight, Walking Dead), se contentant d’apparaître dans quelques fictions historiques. Il trouve là pourtant une histoire à sa mesure, jouant sur plusieurs aspects intéressants de la légende qui font écho à une réalité sociale : si le loup est chassé par les hommes et égorge les moutons, Teddy est exclu de la vie du village et défoule sa colère et sa violence lorsque la nuit tombe.

Cette oscillation constante entre la comédie et le gore permet au film d’aborder des figures de marginaux avec un humour qui ne les méprise pas et leur donne même le statut de héros. On en vient à comprendre les actes de Teddy et à les légitimer car sous sa forme de “loup garou” il n’attaque pas au hasard. Le fil entre sa réalité quotidienne et le fantastique qui survient à la pleine lune est toujours maintenu et cohérent.

On retrouve ici une tradition du fantastique, c’est-à-dire du surgissement de l’irrationnel dans un univers familier et courant. Les frères Boukherma, en ce sens, parviennent à rendre avec beaucoup de talent ce quotidien banal, rempli d’hommes et de femmes ordinaires dont les petites actions peuvent être cruelles ou potaches, et au sein duquel surgit le monstre. Un monstre créé justement par ces injustices répétées qui semblent sans importances mais qui sont répétées jusqu’à une issue violente. Ce crescendo pour le personnage de Teddy se fait, bien-sûr, par le biais de la morsure qui accompagne la montée en violence et les changements physiques, mais elle n’en est pas l’unique responsable. D’ailleurs, on ne sait jamais si le personnage est vraiment un loup-garou ou s’ il pense l’être et donne en fait libre cours à une colère trop longtemps retenue.

Les acteurs à la fois professionnels (Anthony Bajon, Noémie Llovsky) et amateurs sont tous impeccables, et si ils frôlent parfois la caricature, elle est pourtant évitée avec une justesse touchante. La réalisation est elle aussi très réussie, on sent que rien n’est laissé au hasard dans les plans comme dans les couleurs où on peut voir une somme de toutes les influences disparates des auteurs qui mélangent des cultures très différentes avec beaucoup de plaisir.

Teddy parvient à son but, séduire les amateurs de cinéma d’auteur comme ceux de films d’horreur.

8/10


Date de sortie : 30 juin 2021
Réalisation : Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma
Casting : Anthony Bajon, Christine Gautier
Genre : Drame
Nationalité : Français
Distributeur : The Jokers

2 réflexions sur “[Critique] Teddy : Un heureux mélange de genres

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