C’est lors de l’édition spéciale du Festival de la Fiction TV 2020 que nous avons rencontré les acteurs principaux de 3615 Monique, Noémie Schmidt (Stéphanie), Paul Scarfoglio (Toni) et Arthur Mazet (Simon). Ils nous livrent quelques confidences sur la série.

D’où vient le titre 3615 Monique ?
Paul Scarfoglio : 3615 c’est le code qu’on tapait à l’époque pour accéder au service de messagerie sur minitel. Et Monique, qu’est que c’est ?
Arthur Mazet : Monique, c’est une idée qui naît de ces trois personnages, et qui va devenir une messagerie où les gens vont flirter ensemble par messagerie interposée.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour jouer des étudiants des années 80 ?
Paul : En vrai, le texte a aidé. Ensuite on a beaucoup regardé de vidéos de l’INA, on se les envoyait sur un groupe whatsapp, et on regardait les mots qu’ils utilisaient. Après je pense que chacun avait ses propres inspirations, j’écoutais beaucoup de musiques de cette époque. J’ai regardé ce qu’il y avait à l’époque comme films et séries. Et même des séries plus modernes, comme Freaks and Geeks qui se passent dans les années 80. Ils en parlent bien.
Noémie Schmidt : On a tous lu le livre d’Aurélien Bellanger « La Théorie de l’Information » qui a été un super document pour nous, sur la thématique des prémices de la technologie et du minitel.
Comment s’est déroule le casting ?
Arthur : C’était très long le casting. Il fallait trouver chaque personnage individuellement mais aussi avec le trio. Donc Simon Buisson (réalisateur) a fait beaucoup d’essais pour voir la meilleure combinaison. Je sais que j’ai passé l’audition avec Paul mais aussi avec Rio Vega, qui finalement a un autre rôle dans la série. On a eu au moins 3 ou 4 étapes de casting.
Paul : Je me souviens que ça avait commencé le casting en juin 2019, puis pas de nouvelle pendant 2 mois, ils m’ont rappelé en septembre. Au début j’avais auditionné pour le rôle de Simon. J’ai fait la scène où il fait l’exposé devant le tableau, j’ai été très mauvais je pense (rires).
Arthur : Ce qui était intéressant c’est quand Simon a trouvé le trio, on a fait tous les quatre un travail de table avec le texte, on s’est permis de réécrire des trucs dans le but d’améliorer nos personnages, c’était vraiment cool comme travail.
Noémie : C’était intéressant car il y a 10 épisodes et ça raconte un pan de l’histoire française que personnellement je ne connaissais pas du tout. En plus, je ne connaissais pas le minitel car j’ai grandi en Suisse et ça n’existait pas. Déjà l’histoire du minitel, qu’est que c’est que le minitel ? Pourquoi la France a tablé sur le minitel plutôt qu’Internet ? C’était les débuts d’Internet mais ils n’y ont pas cru. Et puis tout le thème du minitel rose, qu’est-ce que c’est ? Quand est-ce que ça a été mis en place ? Encore aujourd’hui, ceux qui ont mis en place le minitel rose sont à la tête de tous les télécoms en France. Mais c’est aussi problématique car c’est basé sur un mensonge en quelque sorte. Tous ces hommes qui utilisaient le minitel rose comme on utilise aujourd’hui les sites de rencontre se sont fait piéger par des hommes qui voulaient seulement monétiser ces échanges. Tu payais une connexion à la minute pour discuter avec des « hôtesses », qui étaient en fait des étudiants qui avaient besoin d’argent et qui se faisaient passer pour des femmes. Ce qui est intéressant aussi c’est de savoir que pour avoir un service de minitel rose il faut faire partie d’un service de presse.
Vous n’avez pas ou peu connu le minitel, comment s’était de travailler avec cet outil ?
Paul : Je m’en suis servi un peu quand j’étais jeune mais pas énormément, il y en avait un dans la maison de mes grands-parents. Mais sur le tournage on avait rien sur l’écran, les minitels ne marchaient pas, on écrivait vraiment les mots avec le protocole de comment ça fonctionnait mais comme le service est désactivé en France aujourd’hui on ne peut plus s’en servir. Sa seule activité aujourd’hui est décorative. Donc nous on écrivait à blanc en suivant le protocole, le reste c’est de la post prod.
Noémie, comment avez-vous réussi à imposer un point de vue féminin alors que la série est très centrée sur le désir masculin ?
Noémie : On parle du désir masculin ça c’est sur. Mais comme dans la vie en général c’est souvent basé sur le point de vue masculin. Mais le minitel rose fonctionnait aussi beaucoup sur les femmes et ça on l’oublie. Il y avait aussi des femmes qui se sentaient moins seules en discutant avec des hommes. La grande différence entre le minitel rose et les sites de rencontre c’est le mode de consommation. Dans le minitel ce n’est pas comme la prostitution où tu consommes un corps, là tu consommes une idée du corps. Il n’y avait pas une exploitation de la femme, il y avait une exploitation de l’image de la femme. Après, dans cette histoire comme la plupart, c’est un point de vue masculin sur le monde, donc moi ce que j’essaye de faire c’est d’apporter tout ce que je peux pour rééquilibrer les choses et le personnage de Stéphanie c’est une entrepreneuse, elle est au même niveau que les garçons, par contre ce que j’ai essayé d’amener c’est un rapport de non compétition avec les autres. On présente souvent les femmes au cinéma dans un rapport de compétition entre elles, ce qui est dommage parce que le patriarcat exploite la compétition entre les femmes, le rapport que j’ai avec Chantal (interprété par Vanessa Guide) par exemple, il y a un grand respect entre nous, une entraide, une sororité.
Arthur : En fait ces 3 personnages sont complémentaires et c’est vrai que quelque part le personnage de Stéphanie prend un peu le lead sur la création de cette messagerie. C’est Stéphanie qui va voir le potentiel technologique chez Simon et le potentiel humain chez Toni pour lancer cette idée.
Est-ce qu’il y a beaucoup d’improvisation sur le tournage ? Je pense surtout aux correspondances coquines.
Noémie : Il y a énormément d’improvisation mais pas là-dessus.
Paul : Il y a une base de texte, mais souvent à la fin de nos répliques on improvise. Il y a eu même de longues séquences d’improvisation qui ont été gardées au montage.
Noémie : On avait une grande liberté.
Retrouvez les 10 épisodes de 3615 Monique en intégralité à la demande sur OCS.
De ses modeles, la serie ne prend pas la densite et reste en surface. Elle joue allegrement sur la nostalgie, avec ses looks bien eighties et son vocabulaire « ok, bath et in », mais ne s’aventure jamais vraiment a nous dire quelque chose ni sur son epoque, ni sur la question de la frustration charnelle, la fin de la revolution sexuelle ou le rapport a la prostitution. Tout est balaye, reduit a des discours galvaudes, au clin d’?il appuye et a la blague. Plaisant au depart, ce cote survole finit par lasser. La serie ne gagne en epaisseur que lorsqu’elle plonge dans l’interiorite de ses personnages. Quand elle fait un pas de cote pour regarder qui ils sont, met en lumiere le mal-etre social qui les anime, leurs insecurites et leurs desirs profonds, elle parvient a les rendre particulierement attachants. Pour preuve le tres bel episode 5,ou le Minitel Rose et l’emission de radio Allo Macha, manipules par nos acolytes, viennent a la rescousse d’un couple en crise et revelent la complexite de Toni, parfaitement joue par Paul Scarfoglio. Ou encore le personnage malin de Chantal, une prostituee interpretee par Vanessa Guide, dont le parcours s’avere souvent emouvant. Peut-etre cette saison 1 agit-elle comme une introduction ingenue pour preparer le terrain d’une saison 2 plus sagace ? On le souhaite car malgre les defauts, l’envie de retrouver Stephanie, Simon, Toni est bien la, tenace.
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