Après les super-heros, l’espace et la guerre, Christopher Nolan s’attaque à l’espionnage avec Tenet une sorte de James Bond inutilement complexifié. A se demander si à vouloir en faire toujours plus, Nolan ne se perd pas dans les méandres complexes de son Inception ?

Tenet – Warner Bros. France – 2020
Synopsis : Muni d’un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l’univers crépusculaire de l’espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, mais d’un renversement temporel…
Jamais un film n’aura suscité autant d’attente avant sa sortie. En temps normal les fans de Nolan étaient déjà sur le qui vive mais avec la crise sanitaire de la COVID-19 et la date de sortie du film repoussée à plusieurs reprises Tenet est devenu comme une sorte de « Messi » pour le cinéma, premier blockbuster post-confinement, censé faire revenir les spectateurs dans les salles (avec leurs masques).
Tenet est comme beaucoup de Nolan compliqué à pitcher, compliqué à comprendre après un unique visionnage et son histoire de temps inversé est très complexe, un peu trop peut-être. Deux heures et demi après le début des hostilités la plupart des spectateurs dans la salle semblaient toujours perdu. Pourtant on nous plonge dans ce nouveau concept dès le début du film mais des notions plutôt bancales et peu argumentées n’aidant pas vraiment à assimiler les subtilités de cette nouvelle version du temps.
L’action va très vite et s’enchaîne non stop avec une qualité d’image toujours aussi impeccable. Les situations se succèdent, suivant scrupuleusement toutes les étapes du chemin narratif établi par Nolan pour que le schéma complexe de son concept s’emboîte parfaitement au final, laissant de côté les personnages et le divertissement. Tout ça manque de respiration, les personnages sont pauvres et leurs relations manquent de consistance même si John David Washington, et Robert Pattinson font le job.
Nolan s’enfonce dans le toujours plus. Plus bruyant que Interstellar ou Dunkerque sans véritablement de raison, la musique et les sons d’ambiance sont tellement amplifié que cela en devient inaudible et oppressant. A cela s’ajoute des scènes d’action, certe incroyablement mise en oeuvre pour illustrer son propos mais bien trop fouillies pour que l’on puisse suivre sans avoir le vertige. Nolan aurait dû comprendre que tout comme les poumons de ses personnages qui ne peuvent pas respirer l’air inverser, l’œil de ses spectateurs ne peut assimiler ses scènes d’action.
En bref, Nolan nous propose avec Tenet un film un peu trop complexe, d’une qualité visuelle étourdissante, dans une ambiance indigeste. Il reproduit le même schéma que ces producteurs de séries qui relancent maint et maint saisons sur un concept qui n’en mérite que deux. Il faudra s’infliger plusieurs visionnages pour tout assimiler mais en a-t-on vraiment envie ?
5/10
Globalement d’accord avec votre excellent article.
Je trouve a ce film les mêmes défauts, la complexité venant dissimuler une structure scénariste que assez classique (entre James Bond et Mission Impossible). Néanmoins, j’ai fait l’effort de voir Tenet deux fois (c’est un minimum pour un palindrome), et le plaisir était là encore, surtout la sensation d’accéder à une somme d’informations qui m’avaient échappé lors d’une première vision. Quant à cette bande-son assourdissante, je suis assez client des textures que Nolan à voulu pour son film, Goransson prolongeant les univers sonores développés par Hans Zimmer dans les films précédents (notamment Dunkirk, à mes yeux son meilleur film).
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