Huit ans après Porfirio, le réalisateur colombien Alejandro Landes qui avait créé l’engouement au festival de Cannes en 2011, revient avec Monos un film hyper stylisé, sur la guérilla.
Synopsis : Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, huit adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Cependant, lorsqu’ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l’armée régulière se rapproche, l’heure n’est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle.
C’est ni plus ni moins huit pays qui collaborent financièrement sur ce projet complexe, mêlant des acteurs Hollywoodiens, comme Julianne Nicholson vu récemment dans The Outsider ou encore Moisés Arias connu via la série Hannah Montana, et des acteurs non professionnels issue de casting sauvage dans les rues colombiennes. Le tout dans des décors incroyables de montagnes et de jingles, plutôt reculées et inaccessibles. Bref un véritable défi technique pour les équipes du film qui ont dû redoubler d’effort pour faire face aux conditions de tournage. Les acteurs ont dû se donner à fond, participant même avant le tournage à une sorte de camp comme dans le film pour s’entraîner physiquement et tisser des liens. Camp durant lequel s’est organisé le casting pour ne garder que ce petit groupe principal de personnages haut en couleurs.
Un pari technique réussi visuellement et stylistiquement. La réalisation est incroyable, les décors éblouissants et les personnages plus vrai que nature. Mais le fond du sujet est de fait un peu moins percutant. On se perd un peu au début du long métrage dans les histoires d’amour juvéniles. On ressent bien le faits que ce sont des ados qui jouent à faire la guerre au sein d’une véritable guerre. On est pleinement immergé dans leurs vies, dans leurs délires et heureusement c’est quand on arrive à la limite de l’overdose que le film commence à dévoiler une intrigue plus captivante puisque des distorsions au sein du groupe se font sentir… le groupe va t-il imploser ? Dans quelles conditions ?
La fin du film sera probablement assez frustrante pour le plus grand nombre car il n’y en a pas vraiment. L’un des personnage demande à voix haute ce qu’il doit faire maintenant et le générique apparaît, comme si le réalisateur nous posait la question et nous demandait de réagir. Ce qui en soit est l’objectif tout à fait louable du film, que le réalisateur a voulu non identifié, on ne sait pas de quel groupe il s’agit, ni leurs opinions ni ce qu’ils défendent. Ça se passe en Colombie on le ressent bien mais aucune époque n’est identifiée ni aucun comportement ethnique. Alejandro Landes souhaitait pouvoir faire le parallèle avec n’importe quelle guerre d’aujourd’hui où les soldats n’ont plus d’uniforme, ne sont plus identifiés, mais se battent pour leurs idées sur différents fronts. Reste que la stylistique l’emporte sur le propos, et transforme ce questionnement de fin en frustration car quand on arrive enfin à rentrer dans l’histoire de Monos, on a envie d’en savoir plus.
6/10