Avant-premières/Films

Knives and Skin : Du Riverdale sous acides

Avec son premier long métrage, Knives and Skin véritable succès critique, sélectionné dans de nombreux festivals, Jennifer Reeder déverse tout son art visuel haut en couleur en oubliant un peu de ménager le fond.

Knives and Skin – UFO Distributiob – 2019

Synopsis : Suite à un rendez-vous nocturne, Carolyn Harper ne réapparaît pas chez elle dans sa petite ville bien tranquille de l’Illinois. Sa mère, qui dirige la chorale du lycée, est dévastée. Mais ses appels à l’aide ne sont entendus que par trois adolescentes et leurs familles, touchées par l’indifférence de la communauté – comme si cette jeune fille n’avait jamais compté. Une solidarité nouvelle va naître entre elles et les aider à surmonter le malaise que cette disparition révèle.

Dès les premières minutes du film la réalisatrice nous plonge dans une ambiance glauque et fluorescente en insistant énormément sur la forme, laissant parfois le spectateur hors du fond. On sent très vite ses influences tant dans la forme que dans l’intrigue. Les fans de David Lynch et de Twin Peaks seront ravis de découvrir ce délire visuel perturbant, poussé à l’extrême, jusque dans la psychologie des personnages qui semblent tous drogués, comme zombifiés par cette disparition.

Knives and Skin porte un discours très ancré dans son époque avec de jeunes personnages qui deviennent adulte et responsable tout en prenant conscience de la folie du monde qui les entoure. C’est un film qui se veut féministe, qui aborde des sujets forts à travers trois portraits de mère en souffrances et de jeunes filles obligées de grandir vite pour rester debout dans cette petite ville étrange et reculée, comme coupée de la réalité du monde. 

Et c’est un peu la sensation que donne cette performance visuelle où une simple histoire déjà vue et revue, de disparition qui remue le quotidien d’une communauté faisant ressortir les petits secrets et problèmes de chacun au grand jour, se transforme en une sidérante fresque fluo et phosphorescente.  Chaque plan, chaque mouvement de caméra, chaque éclairage est réfléchie pour avoir un maximum de style. La bande son sélectionnée avec minutie s’allie aux costumes pour donner à tout cela un petit côté vintage qui rajoute encore une couche de style. Mais à force de travailler la forme, l’image bave et devient indigeste. Au point de délaisser le fond et rendre le propos limite anecdotique et bien moins accessible à un large public. Il faut s’accrocher pour ne pas se sentir exclu de cette vision qui risque de décevoir pas mal de monde. Au final, on ne sait pas trop ce que l’on vient de voir : un thriller, un teen drama ou un clip musical…

5/10


Date de sortie : 20 novembre 2019
Réalisation : Jennifer Reeder
Acteurs : Marika Engelhardt, Raven Whitley
Genre : Drame
Nationalité : US
Distributeur : UFO Distribution

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