Pour son premier long métrage le cinéaste Ladj Ly s’attaque à un sujet qu’il connaît bien pour l’avoir vécu, la vie en banlieue. Les Misérables s’inscrit avec justesse dans la lignée de La Haine de Mathieu Kassovitz. Rendant un vibrant hommage à Victor Hugo, sans prétention aucune, il enflamme la critique et le public Cannois lors du dernier festival, s’offrant même le luxe de repartir avec le prix du jury.

Les Misérables – Wild Bunch – 2019
Synopsis : Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
De prime abord, on peut se dire à juste titre, encore un film sur la banlieue où s’entassent les clichés de flics véreux qui bousculent le quotidien d’habitants qui n’avaient rien demandé. Mais dès le début du film de Ladj Ly, nous sommes plongés dans un quotidien où chaque situation est nuancée. Après une illustration de la ferveur patriotique et de l’esprit d’équipe que peut provoquer une grande compétition sportive, Les misérables nous ramène à la réalité, aux cotés d’une équipe de la BAC dans une ronde plus ou moins banale à Montfermeil. Dés les premières lignes de texte on sent que les idéologies divergent déjà au sein du groupe, tout cela accentué par l’arrivée d’un bleu ouvert d’esprits aux idées modernes et rationnelles.
C’est là que le film démarre en douceur, avec le début de cette rotation, qui, on le sent bien, ne se déroulera pas sans accro. On reste figé dans son fauteuil à analyser chaque situation, les comportements de chacun des protagonistes. La tension est palpable et monte progressivement au fur et à mesure de petits incidents. Une bavure par là, un comportement inapproprié par ci, le film est calibré avec minutie et monte en puissance crescendo jusqu’à la conclusion explosive. Bref on ne s’ennuie pas.
Il n’y a pas de clichés, pas de manichéisme, pas d’intrigue grossière mais un simple constat du quotidien. Le réalisateur met en image une extrapolation de son expérience de vie. Les Misérables ne fait pas dans la fioriture, les plans sont posés, la camera est intelligente mais illustre simplement les situations ne prenant pas partie. Ne portant pas de jugement sur tout ça, le spectateur est là pour se faire son opinion. Les torts sont partagés, il y a du mauvais et du bon des deux côtés. D’ailleurs, les acteurs, qu’ils soient professionnels ou non, sont tous très justes dans leur rôle, les personnages se ressemblent, ils ont tous des failles mais aussi des cotés attachants. C’est lourd et pesant car criant de vérité. Ça ne changera probablement pas la face du monde mais ce genre de film mérite d’être vu.
9/10
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