Alors que la saison 2 de The Good Fight est disponible sur Amazon Prime Video, et qu’une saison 3 est déjà dans les tuyaux, nous avons pu rencontrer Robert et Michelle King, les 2 créateurs de la série, lors du 58ème Festival de la Télévision de Monte-Carlo.
Est-ce plus confortable d’écrire pour 13 épisodes de The Good Fight que 22 de The Good Wife ?
Robert King : Nous bénéficions de davantage de temps, littéralement, nous avons un jour de plus pour le tournage d’un épisode, un jour de plus pour le montage. Cela vous libère de la tension permanente et même à la fin de la saison, vous pouvez vous relâcher un peu. Quand vous faites dix ou treize épisodes, vous pouvez vous concentrer sur chaque épisode. Enfin, c’est un format un peu plus contemporain que ne l’était The Good Wife.
Diriez-vous que vous faites un meilleur travail sur 13 épisodes que sur 22 ?
Michelle King : Oui. Ou disons que nous ne finissons pas complètement épuisés à la fin de la saison. C’est mieux pour nous.
Robert King : Nous vieillissons et ce serait difficile de refaire 22 épisodes par an. 10 à 13 épisodes est un bon format.
Est-ce que travailler à deux et en couple s’avère positif ou est-ce qu’il y a des inconvénients ?
Michelle King : En ce qui me concerne, c’est positif. (à Robert King) Tu peux me contredire (rires). Il y a tellement de travail à abattre que c’est bien d’avoir quelqu’un auquel vous tenez pour partager ou discuter.
Robert King : L’unique aspect négatif serait que vous ne vous échappez jamais vraiment de la série. Il n’y a pas d’espace pour décompresser. Nous construisons l’histoire ensemble. Nous arrivons avec l’idée principale, puis nous l’exposons aux scénaristes de la writer’s room et voyons comment l’histoire va prendre forme jusqu’à l’écriture. Michelle s’occupe du casting et du travail de production, une fois l’épisode tourné, je suis au montage. Parfois je réalise, le premier et le dernier épisode.
The Good Fight est diffusée sur CBS All Access, est-ce frustrant d’être sur une plate-forme numérique ?
Robert King : Ce qui m’agace le plus est de toucher une audience moins importante. Avec The Good Wife, nous avions entre 10 et 12 millions de spectateurs qui regardaient la série en direct. Et les retours étaient immédiats, on pouvait discuter de l’épisode le lendemain à la machine à café. Avec The Good Fight, l’audience est minime et bien plus étalée sur le temps, ce qui minimise les discussions. Je sais qu’en Angleterre, la série touche plus de monde parce qu’elle est diffusée sur une chaîne, Channel 4. Je pense qu’à l’avenir, nous chercherons à faire une autre série de network parce que l’audience est tout simplement plus importante.
The Good Fight est une série dont le personnage principal a plus de 60 ans, la série fut-elle difficile à vendre auprès des producteurs ?
Michelle King : Nous savions que notre actrice principale serait Christine Baranski, donc, ça n’a pas été trop compliqué.
Robert King : Ce que nous apprécions, c’est d’avoir un personnage féminin de 65 ans et de pouvoir se pencher sur sa vie sexuelle, sa vie amoureuse, sa carrière et de ne rien avoir à justifier, tout comme avoir un personnage lesbien sans que sa sexualité ne soit un sujet.
Chacune de vos séries s’emploie à mettre une figure féminine avec du caractère, est ce que c’est un choix délibéré pour marquer une différence ?
Michelle King : Je ne pense pas qu’on essaie de se distinguer des autres séries. C’est davantage une fascination pour les personnages féminins.
Robert King : Le seul aspect un peu cynique à ce propos, c’est d’avoir plus de chances de trouver une actrice qu’un acteur. La télévision regorge de personnages masculins de premier plan quand les figures féminines sont trop souvent la femme de ou la meilleure amie de…
Quel guest rêveriez-vous d’avoir pour la saison 3 ?
Robert King : Meryl Streep (rires).
Est-ce vrai que Justin Bartha (Colin Morello) ne sera plus régulier en saison 3 ?
Michelle King : J’ai lu ça aussi et ça m’a surprise. Ce ne sont que des rumeurs, rien n’est sûr.
Compte tenu du contexte politique américain, aviez-vous le désir de réaliser une série politique avec cette seconde saison de The Good Fight ?
Michelle King : Quand nous avons débuté l’écriture de la saison deux, nous ne savions pas qu’elle allait être aussi politique. Mais la politique est tellement présente dans les conversations qu’il aurait été étrange de voir aucun des personnages mentionner ces sujets. Nous savons qu’ils portent une charge politique, ça tombait sous le sens de les voir en parler.
Robert King : Au départ, nous étions tombés d’accord pour ne jamais mentionner le nom de Trump. Ça n’a pas vraiment fonctionné (rires). Nous pensions que la saison tournerait autour de la réforme « Tort »* ou d’autres lois scandaleuses. Quand nous avons pitché l’idée aux auteurs, ils se sont demandé de quoi on parlait, puis la nouvelle est sortie et tout a fait sens.
Est-ce que vous connaissez la direction que prendra la saison 3 ? Allez-vous parler à nouveau de la présidence de Donald Trump ?
Robert King : En quelque sorte. Nous avons un « reality star president », c’est peu commun. Nous essayons de comprendre comment cela a pu se produire. On a voulu que cette saison parle du storytelling. Le storytelling a remplacé les faits aux Etats-Unis. Et c’est quelque chose que l’on retrouve jusque dans les tribunaux où le gagnant est celui qui a raconté la meilleure histoire, peu importe les faits. Voilà les grands thèmes de la saison, je ne pourrai pas vous dire quels seront les cas traités mais voilà la base de notre travail.
Vous pensez aborder la procédure de l’« impeachment » ? (procédure de destitution d’un membre du gouvernement)
Robert King : Nous ne savons pas comment le monde va évoluer et nous ne souhaitons pas prendre trop d’avance sur la réalité. En novembre auront lieu les élections de mi-mandat (élection des deux chambres du Congrès des Etats-Unis, NdR), nous saurons à ce moment-là.
Est-ce que les séries sont un moyen de dénoncer les choses ?
Robert King : Nous faisons du divertissement, nous souhaitons que les gens rient, pleurent, ressentent des émotions. La politique est une façon d’obtenir ce résultat. Nous ne voulons pas donner des leçons, nous ne voulons pas prêcher. Et je pense qu’il serait un peu prétention de croire qu’une série puisse être un instrument pour quoique ce soit, prétentieux de croire que l’on peut convaincre quelqu’un avec notre série. Nous utilisons tous les outils à notre disposition pour divertir les gens et parfois les amener à réfléchir sur toutes les particularités de la loi. Je ne pense pas que notre série puisse changer qui que ce soit. Les gens ne changent pas d’avis aussi facilement.