On continue à couvrir tous les genres chez Netflix, avec ici un western sous forme de série limitée. Avec un casting aussi brillant, est-ce que Godless injecte du sang neuf au genre ?

Godless – 2017 – Michelle Dockery
Synopsis : Frank Griffin (Jeff Daniels), un hors-la-loi semant la terreur dans l’Ouest américain des années 1880, traque Roy Goode (Jack O’Connell), son ex-partenaire, devenu un ennemi. Durant sa quête, il se retrouve à La Belle, Nouveau Mexique – une ville entièrement bâtie et régie par des femmes.
Le western est un genre qui a été miné et usé jusqu’à la moelle par le cinéma Américain et quelque peu tombé en désuétude. C’est pourquoi, sous forme sérielle, c’est vraiment intrigant, car avec un nouveau format, le western peut se renouveler, intéresser un nouveau public et, qui sait, redevenir un genre important. J’en doute, car les exécutifs de Netflix le savent bien, et ne nous proposent pas une série, mais bien une mini-série, avec une histoire qui a un début et une fin. Ce qui permet d’avoir un casting cinq étoiles. En commençant par Sam Waterston qui introduit avec son Marshall John Cook admirablement le ton désespéré et glauque de ce que Godless va proposer.
Scott Frank, scénariste et réalisateur de cette mini-série, réunit donc Jeff Daniels, Michelle Dockery, Merrit Wever, Jack O’Connell et Scoot McNairy dans une super-production de Steven Soderbergh. La lumière de Godless est absolument splendide, tantôt blafarde, tantôt irradiant l’image. On a vraiment toutes les composantes d’un bon western : une confrontation entre le bien et le mal, des hors-la-loi, le braquage d’un train, des héros sombres, et des représentants de la loi complètement désabusés. Et pourtant, quelques éléments font office de nouveautés. En effet, la ville de La Belle est une ville composée à très grandes proportions par des femmes, dut à un accident dans la mine qui a tué 83 hommes, en somme la population masculine de La Belle. Alice Fletcher (Michelle Dockery), la veuve qui accueille Roy Goode après son altercation avec Griffin, est mère d’un petit indien Paiute, ce qui permet aussi d’avoir des éléments précurseurs de modernité.
Ce pilote est en somme une bonne entrée en matière car il présente de façon claire, minutieuse, tout en prenant son temps. Ce n’est pas toujours une qualité, et avec les pilotes de Netflix c’est un exercice difficile de pouvoir être rythmé sans tomber dans l’ennui. Godless ne s’en sort pas trop mal dans ce pilote, et on est assez vite captivé, grâce à la pléthore d’acteurs peuplant cette série. Ils sont tous magnétiques à regarder.
2017 oblige, Godless est tout de même une série où tout n’est pas blanc ou noir, où les antagonistes ne sont pas tous des enflures, et où les héros ne sont pas des saintes nitouches. Godless est comme tout western un moyen d’ausculté le mythe américain, dans une ville frontière, à la croisée des chemins entre le chaos et l’ordre, entre l’absence de la religion et le spirituel. En effet, l’église est en cours de construction et le prêtre censé y officier n’est toujours pas arrivé. Deux éléments assez intéressants explorés ici, c’est la place des chevaux et des armes à feux, deux éléments qui ont construit des mythes et faisant partie de l’histoire des Etats-Unis. Deux éléments qui, pour le meilleur ou pour le pire, ont façonné de manière irrémédiable le grand Ouest.
Il m’est difficile de vous dire si la série en vaut la peine basée uniquement sur son pilote, mais Godless est en tout cas très excitant, si vous êtes un passionné de western, ou alors adepte de prestations de hautes volées. D’autant plus que voir une telle qualité d’image dans une production télé (je pense qu’on peut dire que les séries n’ont vraiment plus rien à envier aux films) est tout simplement l’argument pour les plus réfractaires du genre. Godless est pour le moment un très bon western, bien qu’un brin old school dans sa construction.
7,5/10