Séries/Tout commence avec un pilot

[Pilot] Star Trek : Discovery – Un nouveau monde convenu

Alors que la franchise, qui comptent six séries et treize films, a vu sa dernière apparition sur grand écran en 2016, il faut remonter à 2005 et la fin de Star Trek : Enterprise pour trouver la dernière diffusion télévisée. 12 ans plus tard donc, une des plus grandes sagas de l’histoire revient pour un nouvel opus : Star Trek : Discovery, sur CBS All Access aux États-Unis (et Netflix pour « le reste du monde »). Aux commandes, Bryan Fuller, qui, il l’a dit lui même, est un grand fan, et qui a d’ailleurs commencé sa carrière en écrivant deux histoires de Star Trek : Deep Space Nine et 22 épisodes – réparties sur quatre ans, de Star Trek : Voyager. A ses côté, Alex Kurtzman (Fringe, Star Trek (2009) et Star Trek : Into Darkness), et donc également bien rôdé à l’univers.

Star Trek - Discovery ''Equipe''

Star Trek : Discovery – CBS All Access – 2017

Synopsis : Dans un monde où la paix domine car la Fédération des Vulcains a vaincu les Klingons, race belliqueuse et apparemment disparu, un vaisseau vulcain tombe par hasard sur un grand astronef de leur ancien ennemi, ce qui va déclencher une nouvelle guerre.

Bryan Fuller, c’est tout simplement l’un des (pour ne pas dire le) meilleurs créateurs de séries des années 2000 à nos jours. C’est lui qui est à l’origine des magnifiques Wonderfalls, Dead Like Me, Pushing Daisies et Hannibal.  Et on l’a retrouvé l’année dernière avec American Gods, création psychédélique à l’esthétique hypnotisante. Pour cette dernière cependant, il faudra attendre la deuxième saison pour la juger pleinement, la première servant principalement à introduire les différents protagonistes.

Il faut préciser tout d’abord que je vais porter un regard neuf sur Discovery, n’ayant absolument rien vu de l’univers créé par Gene Roddenberry, et l’ayant quasiment peu approché autrement, mes seules notions se résumant à « Spock », « Vulcain », « Klingon » et « Enterprise », et c’est à peine exagéré.

Si on retrouve par certaines transitions visuelles l’esthétique propre à Bryan Fuller et ses scénarios très détaillés – pour ceux qui n’ont pu lire celui du pilote d’Hannibal, tout était noté très précisément (jusqu’aux transitions pendulaires), force est de constater que sur les deux premiers épisodes tout du moins, ce n’est pas son plus grand cru, loin s’en faut. Il faut noter qu’à chaque série jusque-là, il s’était pleinement investit dedans, et qu’il s’est retrouvé dernièrement entre American Gods et Star Trek. Partage qu’il n’aura pas à faire l’année prochaine, puisqu’il a quitté la série de Spock pour divergence créative. En effet, lui voulait en faire une anthologie à la American Horror Story, CBS non.

Sur les deux premiers épisodes visionnés, on constate que tout ce qui fait la force des séries de Fuller a disparu. Entre propre création, aux références complètement assumées (Amélie Poulain pour Pushing Daisies par exemple), et adaptation (Hannibal) sur laquelle il a réussi à proposer une version très personnelle, il a toujours porté à travers ses projets une originalité et un style propre, caractérisé par des dialogues ciselés tout en étant parfois à la limite de l’absurde, une absurdité que ne relève jamais les personnages au cœur de la discussion. Il y a aussi une vraie volonté de créer quelque chose d’originale (Wonderfalls, Dead Like Me, Pushing Daisies) ou d’apporter sa propre vision sur un thème (Hannibal). Si je ne suis pas familier de l’univers Star Trek, je le suis de celui de Bryan Fuller, et il faut reconnaître que toutes traces ou presque des caractéristiques de son style si particulier se sont estompées dans cette nouvelle série. A part quelques transitions visuelles comme déjà dit précédemment, rien ne transcrit cela.

[Attention spoilers]

On se retrouve donc face à une série qui accumule les clichés, tant au niveau du scénario que des personnages. Dès la présentation des protagonistes, tout est là : La capitaine de vaisseau (Michelle Yeoh) et son élève surdouée qui a toujours raison et qui n’a peur de rien (Sonequa Martin-GreenThe Walking Dead), le personnage qui voit le mal partout (Doug JonesThe Strain, Falling Skies) la chaîne de commande qui veut la paix partout, alors que les adversaires qu’ils vont devoir affronter sont vraiment très méchants (et ont un historique de faits à sens unique dans cette direction). Au bout de ces deux épisodes, la seule surprise est la mise en prison de l’élève, mais selon toute vraisemblance (sauf événement contraire, qu’on espère), cela devrait être résolu en 5mn au début du troisième.

Si la série, dotée de beaux effets spéciaux même s’ils rendent parfois l’image un peu artificielle, fait le job, pour un programme qui se veut de la détente pure (et sur CBS All Access), difficile d’en voir un quelconque autre intérêt pour l’instant. La manière dont la capitaine meurt lors du combat dans le vaisseau Klingon est représentative de cela : caricaturale, et sans aucune trace d’émotion pour le téléspectateur.

Bryan Fuller, grand fan de Star Trek, s’associe avec Alex Kurtzman pour nous proposer une nouvelle vision de la franchise. Sans comparaison avec ce qui a précédé, n’ayant vu aucun opus précédant, il s’avère que le résultat est décevant à plusieurs niveaux. La grande qualité intrinsèque des productions de Bryan Fuller jusque-ici ne se retrouve pas à l’intérieur, l’histoire est manichéenne, les protagonistes caricaturaux… Seuls les effets spéciaux et le générique sont à la hauteur, comme le fait de se vouloir un divertissement « pop corn », c’est à dire sans aucune autre prétention que de divertir et de « ne pas prendre la tête ». Mais pour moi, une série se doit d’aller plus loin.

3,5/10

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