Séries

Better Things : Mère agitée

Nouvelle comédie de FX, lancée cet automne, Better Things (non pas le spin-off de Stranger Things) est produite par Pamela Adlon, également actrice principale, et Louis C. K., le célèbre comédien américain, qui avaient déjà collaboré ensemble sur la très largement saluée Louie. Leur nouvelle création pourra-t-elle bénéficier de la même reconnaissance ?

Better Things - FX - 2016

Better Things – FX – 2016

Synopsis : Le quotidien très chargé d’une mère de famille divorcée qui peine à joindre les deux bouts entre un métier d’actrice difficile, trois enfants qu’elle élève seule et une vie sentimentale chaotique.

La maternité est probablement un thème qui a déjà été plus que traité dans la fiction américaine. Rien que dans les séries, on ne manque pas de mères en tous genres, mémorables pour leurs méthodes éducatives ou crises de nerfs, de Lynette Scavo de Desperate Housewives en passant par les terribles Betty Draper de Mad Men et Nancy Botwin de Weeds jusqu’à l’armée de mamans des comédies d’ABC, Frankie Heck de The Middle, Claire de Modern Family et j’en passe. Dans la comédie ou le drame, la figure de la mère sert de source fiable d’intrigues et de situations qui parleront au grand public. Il y a tout de même des archétypes qui reviennent régulièrement à mon sens. Les femmes que les séries américaines nous présentent en général dans le rôle de mère sont soit des mamans dépassées, soit des mères indignes soit des mères surprotectrices.

Alors c’est vrai qu’en s’intéressant à la vie de mère de Sam Fox, superbement incarnée par Pamela Adlon, Better Things ne nous emmène pas en terrain inconnu… mais elle se distingue parmi toutes les habituelles histoires de mères parce que Sam Fox peut être tour à tour chacun des archétypes de mère et en même temps, aucun d’entre eux. C’est une mère célibataire, qui plus est, de 3 filles, chacune ayant un tempérament bien trempé, ce qui est loin de lui rendre la tâche plus facile. Sans parler de sa mère à elle, voisine d’en face, qui peut parfois se montrer assez envahissante avec ses excentricités.

Ce qu’il y a alors d’extrêmement rafraîchissant dans la série, c’est qu’elle nous peint un portrait de femme accaparée par ses enfants mais qui ne se laisse pas définir uniquement par ce rôle de mère. Sam est dévouée à ses filles mais elle n’en oublie pas d’être elle-même. Une no-bullshit woman, drôle, parfois délurée, parfois paumée… ce qui peut signifier parfois qu’elle ne sera pas la mère de l’année. Mais elle fait de son mieux et la série ne se veut aucunement moralisatrice à ce sujet. Il s’agit surtout pour elle d’être comique même si je ne considérerais pas la série comme une pure comédie. C’est une chronique de vie, relatant le quotidien de Sam et de ses enfants à travers une suite de vignettes dont le spectateur est le témoin privilégié.

Sans en faire des caisses, Better Things comporte également un propos féministe. Il s’intègre de manière pertinente et naturelle dans ses intrigues qui mettent en scène une Sam qui arrive à jongler avec travail, éducation de ses enfants et plaisirs personnels. Bien sûr, cela implique aussi des frustrations et des occasions manquées et parfois elle se confronte à certains obstacles avec ses filles… mais jamais la série n’exagère les problèmes de Sam. Les galèrent sont là, mais elles n’accablent pas Sam qui malgré toutes les responsabilités qui lui incombent, trouve toujours des moments de bonheur et de réussite avec ses filles ou dans son travail, sans avoir à compter sur les hommes. Les personnages masculins sont d’ailleurs peu présents dans la série, servant davantage d’accessoire narratifs, d’éléments annexes.

La réussite de la série réside aussi dans sa capacité à créer une certaine intimité avec le téléspectateur. Comme je le disais, nous sommes des témoins privilégiés des scènes de la vie de Sam et ses enfants et de fait, Better Things donne le sentiment que très vite, on fait aussi partie de la famille. Je dirais que la qualité du jeu du cast est telle qu’il y a une vraie impression d’authenticité qui se dégage de l’ensemble. De plus, nous sommes toujours au plus près de ses personnages, avec une réalisation qui éloigne rarement la caméra. La prestation de Pamela Adlon, cœur de la série, est aussi bien évidemment à souligner. Elle est accessible, attachante et capable de passer en peu de temps par une diversité d’émotions. Plus important encore, elle ne manque pas d’alchimie avec les jeunes actrices jouant les filles de Sam, toutes très bien castées.

Le contexte a aussi son importance dans Better Things et le cadre de vie californien et le travail d’actrice de Sam ne manquent pas d’être exploités. Ils sont l’occasion de quelques séquences satiriques sur l’industrie d’Hollywood, nous montrant ses coulisses moins glamour mais sans être trop acerbes non plus. La série offre ainsi avec certaines situations cocasses, un aperçu d’un milieu qui, entre les rêves, les paillettes et les scandales, fait également vivre une classe moyenne qui s’accommode bien des règles du jeu. Une vision bienvenue, qui change du propos excessivement désabusé ou uniquement centré sur la quête de la gloire qu’on peut souvent avoir. Le petit plaisir bonus des sériephiles sera aussi de retrouver quelques têtes connues comme Constance Zimmer de Unreal ou David Duchovny de X-Files venus jouer leurs propres rôles.

En bref, les meilleures choses sont parfois les plus simples. Pour Better Things, Pamela Adlon met en scène une vie qui doit être extrêmement familière à nombre de ceux et celles qui travaillent à la production de nos fictions favorites. Elle et Louis C.K. ne sont donc pas allés chercher l’inspiration très loin et ce sont probablement beaucoup de leurs expériences personnelles qui alimentent les scénarios. Cela se ressent dans l’écriture et en résulte une série qui raconte avec simplicité l’histoire d’une mère actrice, mais toujours avec beaucoup d’humour, de tendresse et d’authenticité.

8/10

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