Ce film tiré des romans de La Comtesse de Ségur : Les Malheurs de Sophie (1858) et Les petites filles modèles, est un essai assez fantasque de mettre en scène les aventures de cette petite orpheline.

Les Malheurs de Sophie – Gaumont Distribution – 2016
Synopsis : Depuis son château, la petite Sophie ne peut résister à la tentation de l’interdit et ce qu’elle aime par dessus tout, c’est faire des bêtises avec son cousin Paul. Lorsque ses parents décident de rejoindre l’Amérique, Sophie est enchantée. Un an plus tard, elle est de retour en France avec son horrible belle-mère, Madame Fichini. Mais Sophie va pouvoir compter sur l’aide de ses deux amies, les petites filles modèles, et de leur mère, Madame de Fleurville pour se sauver des griffes de cette femme.
Ce film est un paradoxe, d’où peut-être la mauvaise réception à prévoir de ce nouveau film de Christophe Honoré (Métamorphoses). On s’attend tout d’abord à un film en costume comme le signal l’époque à laquelle se situe l’action et jusque-là rien à redire, on va jusqu’à recoller en direct les yeux d’une poupée avec de la cire. Mais la gêne vient de la mise en scène même du réalisateur qui transforme la mère de Sophie en chirurgien d’hôpital. Ce film est un film en costume filmé de façon anachronique.
On ne prétend pas à faire un chef d’œuvre et là est sans doute toute la beauté du projet. On le fait pour les plus petits et pour cette part trop vite oubliée et enfouie chez l’adulte que l’on appelle l’enfance. On veut réveiller nos souvenirs d’après-midi d’été à courir en chevaliers et princesses dans les champs d’herbes hautes, les goûtés à l’ombre des grands arbres. Ces moments que l’on aurait voulu éternels et qui passaient pourtant si vite. Ce film est une pure bouffé de nostalgie et de joie enfantine pour un passé révolu.
Puisqu’en effet le bonheur de Sophie, interprétée par la toute jeune Caroline Grant, est de courte duré. Devenue orpheline après le naufrage du navire qui la menait sa famille et elle aux États-Unis, elle se retrouve sous l’autorité de sa mère d’adoption jouée avec beaucoup d’entrain par Muriel Robin. Les mésaventures de Sophie ne font que continuer mais loin de la voir comme une petite fille pourri gâtée en recherche d’attention, on la voit soudain comme la jeune victime qui grandit plus vite que ses compères. Loin de la voir comme un petit démon, on ne peut s’empêcher de lui trouver une philosophie de vie enviable, elle qui a toujours trop d’idées et finit par s’en mordre les doigts ne fait finalement que le constat de ses erreurs et grandit grâce à cela. Hors les adultes ne semblent pas de cette opinion, comme bien souvent, ils s’emballent et ne cherchent pas à comprendre les gestes de l’enfant qui semblaient, à premier abord, tout à fait logiques (la scène des poissons étant sans aucun doute la plus osée).
On pourra ainsi autant qualifier ce film de four tout – costume, animation, drame, comique, onirique, musical – mais pas de surprise ici pour ceux connaissant les goûts du réalisateur. Comme l’on pourra le qualifier de réjouissant à partir du moment où on choisit de le regarder sans pré-avis, en mettant de côté toute observation condescendante.
7/10
Sortie en France : 20 avril 2016
Réalisateur : Christophe Honoré
Acteurs : Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Distributeur : Gaumont Distribution