Il y a 26 ans maintenant, Marty McFly incarné par la révélation Michael J. Fox, s’envolait de 1985 pour le 21 octobre 2015 – à 16h29 précise – après avoir été averti par Doc que son fils s’apprêtait à s’attirer des ennuis en s’alliant malgré lui au petit fils de Biff. Au vu de la courte échelle temporelle, ce fameux 21 octobre a depuis été baptisé « Back to the Future Day« . L’effusion qui dépasse les seuls réseaux sociaux montre à quel point non seulement le film mais la trilogie, a marqué son temps et dépassé le cadre de simple blockbuster pour entrer dans l’histoire du cinéma. En effet, que ce soit sur le site du Monde, du Figaro, de BFMTV ou iTélé, tout le monde parle de la célébration de ce jour fictif. Alors comment expliquer ce succès, qui perdure aujourd’hui à tel point que des personnes qui n’était pas né à l’époque de sa sortie, participe à sa fête?
Tout d’abord, il faut souligner l’aspect blockbuster du film, que ce soit dans les grandes lignes de l’histoire avec le très manichéen gentil vs méchant, et les bases auxquelles tout le monde, quelle que soit sa culture, peut s’identifier. Cela donne au film une dimension populaire, accessible, qui permet une large diffusion. Ce sont les ingrédients du film popcorn, consommable et qu’on oublie après avoir passé un bon ou mauvais moment. Si ce n’est pas ce qu’il s’est passé pour les films de Robert Zemeckis, c’est que la trilogie a su transcender cela. A notre tour de revenir en arrière, pour nous intéresser au premier du nom.
Car c’est bien lui qui introduit les personnages, hauts en couleur et tellement uniques des films. En effet, à la manière d’un Luke Skywalker ou d’un Indiana Jones, Marty McFly (Michael J. Fox), Doc (Christopher Lloyd) ou Biff (Thomas F. Wilson) sont passés à la postérité comme des entités propres de la pop culture, dans son sens noble. L’écriture sculptant leurs personnalités, leurs répliques (le célèbre « Nom de Zeus » du Doc en VF notamment) et leurs comportements, associés aux acteurs eux-mêmes habitant leur personnages, parfois dans une démesure (Georges McFly (Crispin Glover), le Doc ou Biff) qui frôle la caricature, ont fait de ces caractères de véritables héros d’une époque. A cela s’ajoute la décision d’installer l’action dans une ville entièrement fictive, Hill Valley qui permet d’asseoir l’univers dans une dimension intemporelle et qui lui est propre. Or ces deux aspect – personnages et univers – sont essentiels pour décliner l’histoire.
Le premier volet faisait partir nos héros dans un passé proche (35 ans en arrière), l’idée simple et logique pour ce deuxième opus, est donc de prendre l’opposé et de les envoyer dans le futur, proche lui aussi (+30 ans donc). La véracité scientifique, n’étant pas du tout le propos du film malgré la présence du Doc qui tente de nous expliquer le principe du convecteur temporel, de la puissance électrique (2,21 Gw) comme de la vitesse nécessaire (88 miles/h) pour voyager vers le passé ou le futur, nous ne reviendrons pas sur les paradoxes temporels, qui marquent forcément chaque film sur ce thème. En revanche, force est de constater que depuis, ces caractéristiques sont devenues des références indissociables de ce type de voyage.
Nous voilà donc le 21 octobre 2015, avec Marty tentant de sauver son fils, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Le scénario s’est montré créatif et à la hauteur puisque depuis, il n’a cessé d’y avoir des tentatives de création d’hoverboard (une des dernières tentatives en date étant l’oeuvre de la filiale luxe automobile de Toyota, Lexus même si les premiers essais se font toujours attendre). Et évidemment, en ce jour anniversaire, les comparaisons ne manquent pas entre le monde imaginé à l’époque et celui d’aujourd’hui que ce soit Le Monde, Le Progrès ou iTélé, et la liste n’est bien sur pas exhaustive. Mais c’est surtout une histoire qui a su se renouveler oser, tout en étant ponctuée de clins d’oeil au premier volet. Ce n’est donc pas un simple copier-coller du numéro un dans le futur. Par les citations qu’il distille, le réalisateur, Robert Zemeckis, semble même s’en amuser.
Si certains aspects du genre blockbuster amène parfois à des situations inhérentes au genre et pas vraiment nécessaires, ces dernières sont rares et n’enlèvent en rien son caractère unique au film et même à la trilogie. Ses personnages, son histoire, sa musique (le thème d’Alan Silvestri, splendide, est indissociable des films) lui ont fait traversé une génération, et ce n’est pas prêt de finir. Car le film, à part sur ces effets spéciaux, n’a pas pris une ride!