James Franco – True Story – 20th Century Fox

Synopsis : Renvoyé du New York Times, après avoir falsifié des informations, le journaliste Michael Finkel découvre Christian Longo accusé du meurtre des membres de sa famille. Ce dernier lors de sa fuite avait pris l’identité du journaliste. Finkel réalise l’opportunité en or de cette rencontre et décide d’écrire un livre, True Story.

Si l’annonce d’un thriller carcéral ne vous fait pas envie peut-être que les noms des acteurs vous séduiront davantage. En effet, ne vous attendez pas ici à retrouver le glacial Anthony Hopkins au masque de bulldog métallique. Jonah Hill, qui eut un énorme succès pour son rôle dans Wolf of Wall Street, connu pour son jeu de puceau au visage angélique (Super Bad, 21 jump street…), change ici radicalement de bord, comme un passage à l’âge adulte, une descente à pique vers le monde réel. La misère, l’esclavagisme, la maltraitance : le cadre qui entoure la découverte du journaliste en pleine interview dans une hutte perdue est balancé en quelques plans. Finkel est le journaliste de terrain par excellence qui n’hésite pas à mettre sa carrière en danger pour réveiller les consciences. A ses côtés, James Franco prend l’apparence d’un monsieur tout le monde complètement détaché de lui- même qui a pourtant un don pour écrire et dessiner. Franco comme Hill transportent avec eux une certaine aura familière et comique que les spectateurs ne peuvent ignorer et c’est peut-être ce qui rend l’histoire aussi attrayante par cette demande implicite au spectateur d’imaginer ce que pourrait être le héros de Délire Express en placide meurtrier.

Premier long métrage de ce réalisateur britannique, True Story surprend par la justesse de ses plans, la beauté photogénique des angles de prise de vue sur des détails répétés, une forêt enneigée, des ralentis, un ours en peluche tombant dans une valise… Son efficace mise en contact du journaliste et du meurtrier nous entraîne rapidement dans cette relation « amicale » où naît un respect mutuel. Peut-être est-ce là le point faible du film, qui tend à vouloir accumuler des évènements (conversations carcérales, procès) et à les passer en avance rapide, entrecoupés par des ellipses trop nombreuses. Choses qui peuvent être expliquées par le budget réduit du film ou bien la contrainte ridicule de rester dans la marge des 1 h 30 . Il faut pourtant garder en tête que rien ici n’est entièrement fiction puisque Christian Longo a véritablement existé et tué. La valeur du film reste donc dans la grande audace du choix du casting qui porte ce thriller.

L’esthétique glacée due aux couleurs claires et grisonnantes ne fait qu’augmenter cette impression de neutralité, de distance face au personnage de Longo. Est-il coupable ? Un père de famille aimant peut-il tuer ses enfants de sang-froid ? Bien que le spectateur sache que l’histoire est tirée de faits réels, le film dans sa fiction laisse un temps planer le doute, ce qui ne fait qu’accroître l’intérêt du film. Poussés dans leurs retranchements, les plus adeptes de thrillers psychologiques ne pourront qu’apprécier les dialogues et la remise en question du droit à l’expression de l’individu, peu importe ses actes. Un meurtrier est un monstre, mais aussi un être humain doté d’un passé et d’une histoire, Finkel le dira lui-même : «  Everybody deserves to have his story heard».

6.5/10

Article écrit par A. Matz

Sortie en France : 16 septembre 2015
Réalisateur : Rupert Goold
Acteurs : Jonah Hill, James Franco, Felicity Jones
Genre : Thriller
Nationalité : US
Distributeur : Twentieth Century Fox