Eglantine Sofianos est l’une des femmes de l’ombre qui travaille sur la quotidienne de TF1 Ici tout commence au côté de Sarah Farahmand la productrice de la série. Lors du festival Canneseries, nous avons pu nous entretenir avec elle au sujet des arches passées, à venir mais également des différents process de travail et du côté artistique de la série.

Quand le personnage d’Axel est arrivé dans la série, aviez-vous déjà en tête que ça serait un Armand ?

Non c’est quelque chose qui est arrivé au fur et à mesure. Bien sûr comme il avait un lien avec la famille Teyssier et qu’on joue depuis le début les rivalités Teyssier/Armand, c’est quelque chose que les auteurs avaient dans un coin de leur tête mais pas dès la création du personnage. Il nous a fallu prendre le temps de voir le personnage en action, de le voir jouer, voir si ça prenait vraiment bien entre comédiens et au sein même de la famille Teyssier, et tout ça nous a donné envie d’explorer un secret autour d’Axel, et de créer ce rebondissement assez inattendu.

C’était important pour vous de parler d’une brigade entièrement féminine ?

Oui c’est un sujet de société dont on voulait parler depuis longtemps. Comment parler du féminisme sans être ni cliché ni clivant ? On sait que c’est un sujet difficile, qui agace. On sait qu’il y a de plus en plus de brigades entièrement féminines qui se montent en cuisine. Malgré tout il fallait qu’on reste positif, on ne voulait pas qu’on pense qu’elles ne peuvent pas travailler avec des hommes, ce n’est pas le cas non plus, ce n’est pas parce qu’elles travaillent avec des hommes que c’est mal. On voulait vraiment trouver ce juste milieu là en montrant qu’elles pouvaient impulser quelque chose de nouveau en se disant aussi que c’est un travail collaboratif et que l’une ne prend pas plus de place qu’une autre au sein de la brigade. C’est de la sororité en cuisine! Et on a profité de cette thématique pour dévier sur un autre sujet de société autour de Claire et du burn-out qui nous a permis de relier cette arche sur le féminisme, qui donc n’est pas exclusivement sur ce sujet là comme on a voulu traiter du burn-out qui est un sujet très courant dans la gastronomie, et dont on ne parle pas beaucoup encore dans ce milieu.

Vous aviez fait des recherches sur le sujet ?

Oui bien sûr, ça touche les femmes et hommes mais surtout les femmes, car les femmes ont aussi la charge mentale qui s’ajoute à ça et qui peut être un déclencheur du burn out. On a donc aussi voulu parler de la place de la femme en tant que cheffe dans les cuisines, qu’elle n’est pas toujours aussi bien respectée que les hommes, qu’elle a moins de chance de décrocher un poste à responsabilités. Et pour Claire vous allez découvrir comment plusieurs événement dans sa vie ont fait qu’elle en est arrivée là. Cette pression au travail, pression en famille, pression en tant que femme dans ce milieu d’hommes.

Diane Leyre va arriver dans la série, il y a déjà eu Michel Sarran qui a également joué son propre rôle. Comment se déroule le processus pour ramener un guest dans la série ?

Pour Diane Leyre, c’est parti de l’écriture d’une arche, Cheffes, par rapport à cette brigade de filles. On s’est demandé quel événement elles peuvent créer, qu’est-ce qui peut donner envie de tout donner pour quelque chose d’exceptionnel à l’institut, il fallait un enjeu de taille à cette brigade de filles. A partir de là ça pouvait être une miss, une comédienne, une chanteuse, ça aurait pu être un homme aussi mais comme on était sur une arche assez féminine on voulait que ça soit une femme qui porte aussi ce projet. Très vite Diane Leyre nous a dit que ça lui plaisait, qu’elle était motivée, ça nous a donné envie d’écrire pour elle. Par ailleurs, on a bien sûr en tête d’autres chefs que Michel Sarran avec qui on aimerait également travailler. Il faut penser à une arche qu’on écrirait spécifiquement pour eux. Mais oui oui on y réfléchit, même si ce n’est pas notre marque de fabrique, mais de temps en temps c’est sympa de créer l’événement et de créer des passerelles entre nos personnages et de vrais chefs.

Que peux-tu nous dire sur l’arche catastrophe qui va arriver prochainement ?

Pas grand chose à part que ça arrivera avant l’été. Beaucoup de nos personnages seront impliqués dans cette intrigue, beaucoup d’élèves mais également le corps enseignant.

Nicolas Anselmo va revenir, c’est définitif ou juste pour de petites apparitions ?

Définitivement.

Avez-vous déjà commencé à préparer l’arrivée de la nouvelle promo de l’année prochaine ? Et comment se passe le processus de « préparation de la rentrée » ?

C’est toujours un moment assez excitant. C’est le concept même de la série, à chaque rentrée scolaire on a de nouveaux personnages. Le concept de la série ne change pas mais il y a toujours une petite nouveauté à chaque rentrée scolaire. Avec les auteurs on a travaillé sur les profils de ces nouveaux personnages. Pour vous raconter comment ça se passe, on fait des séances de brainstorm d’écriture avec les scénaristes, ensuite il y a la partie rédaction des fiches personnages et puis il y a des échanges entre la production, les auteurs, le directeur d’écriture et évidemment TF1 qui valide les profils des nouveaux personnages. Donc là on va lancer prochainement les castings. L’écriture est vraiment en amont car c’est un long process de trouver les comédiens. les pépites qui renouvelleront la série. Ensuite vient le travail autour de leur HMC. Il y a beaucoup de jeunes et ça nous tient à cœur de chacun les personnaliser, leur trouver un look, un petit truc en plus.

On arrive un peu à la fin d’un cycle là, la promo qui est arrivée en même temps que nous dans la série va être diplômée. Comment on gère et on renouvelle cette partie ?

Etant donné que c’est une école on sait que tous les élèves ne vont pas rester indéfiniment, ils ne vont pas tous devenir prof à l’institut. C’est un cycle naturel qui se fait, des élèves qui partent, d’autres qui rentrent. Mais pour le moment on a un master qui s’est crée et qui se fait en 2 années donc il n’y a pas de raison que la première promo de la saison 1 s’en aille puisqu’il y a un master 2.

Avez-vous aussi envie de montrer une partie un peu plus sombre, plus d’échec et pas que des élèves qui réussissent tout ?

Oui c’est très important pour nous de montrer que c’est une école d’excellence mais que c’est difficile. C’est ce qu’on a essayé de plus montrer dans les derniers mois, que c’était difficile, qu’il y avait des examens exigeants, et que ce n’est pas simple quand on a 20 ans de travailler autant sachant qu’on a d’autres envies en parallèle aussi. Vous allez voir dans les épreuves de fin d’année, on a montré que ce n’est pas si facile que ça et qu’on peut tomber de haut. C’est quelque chose qu’on va jouer autour d’un personnage sur les examens de fin d ‘année.

Est-ce qu’il y a des couples vous vous dites jamais on y touchera ?

On se dit pas jamais, mais on a pas envie que toutes les histoires d’amour durent seulement 2- 3 mois non plus. On a envie d’avoir des couples qui durent parce qu’on trouve que c’est beau, que ça parle aux gens, souvent même aux jeunes. Mais on ne se dit pas jamais on les séparera car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Un peu comme Clotilde et Guillaume ce qui s’est passé entre eux alors qu’on aurait pu se dire jamais on va les séparer et pourtant nous avons eu envie de bousculer un peu le couple. ça donne aussi de nouvelles choses à jouer aux comédiens. Teyssier et Constance on avait fait un peu chavirer le couple avec Zacharie, mais on avait pas envie d’aller au delà c’était vraiment pour donner un petit coup de piment car pour nous c’est un couple qui fonctionne, Constance apporte un vrai équilibre à Teyssier, on a pas trop envie d’y toucher.

Va-t-il y avoir à nouveau une intrigue d’été ?

Oui et elle se déroulera également en dehors de l’institut comme l’année dernière.

Comment se passent les changements de générique ?

On essaye de faire 2 génériques par an, un printemps/été et l’autre automne/hiver. Déjà parce que les costumes ne sont pas les mêmes, les lumières non plus. Après, bien qu’on soit limité sur le nombre de pastilles et donc de comédiens, on essaye de faire tourner les personnages, que chacun s’y trouve mis à l’honneur un jour. On aimerait bien que tout le monde soit au générique mais ce n’est pas possible malheureusement. On essaie d’associer les comédiens en fonction des arches à venir, des affinités que les intrigues mettent en place.  Et bien sûr la cuisine est capitale dans notre générique, c’est un peu notre personnage principal. On renouvelle les assiettes pour que les ingrédients soient reliés à la saison, et que ça soit plus coloré en été par exemple.

On va avoir plus de moment un peu « clippé » de cuisine ?

On essaye d’en mettre régulièrement surtout pour les scènes de coup de feu, on veut montrer qu’ils sont en activité, en action. On veille à montrer à chaque épisode de la cuisine car sans on perd quelque chose. Pour ça, on a un stock de plans tournés hors des séquences (qu’on appelle des estas), que les monteurs peuvent utiliser pour jouer ces petits clips, ou bien des plans tournés pendant la séquence parce qu’on a toute une équipe culinaire qui travaille en amont à imaginer les assiettes, à les dresser, qui sont validées par le département artistique. Elles sont reproduites au moment du tournage. Selon les envies des réalisateurs et le contenu de la séquence, on va juste faire des plans sur les assiettes, ou alors des découpes. Nous avons sur le plateau un accessoiriste culinaire qui va coacher les comédiens pour leur apprendre vraiment la bonne gestuelle.

Propos recueillis par E.L. pour surnosecrans.com