Pour son troisième film en tant que réalisatrice, Sacha Polak fait appel à une anonyme anglaise, Vicky Knight qui se met véritablement à nu, à travers le personnage de Jade, dans Dirty God, un drame sombre au message positif.

Dirty God – Les Bookmakers / The Jokers – 2019
Synopsis : Le visage à moitié brûlé, et une petite fille de deux ans, c’est tout ce qu’il reste de la relation de Jade et son ex, qui l’a défigurée à l’acide. A la violence de cette relation « amoureuse », succède désormais celle du regard des autres. Face à cette nouvelle vie qu’elle n’a pas choisie, Jade doit faire un choix : se laisser couler, ou s’accepter, réapprendre à sourire, et à aimer…
Avant même le début du film, de par la lecture du synopsis, on s’attend à un métrage sombre, dur et percutant. Et dès les premières images, Sacha Polak nous délivre le ton de son discours grave mais plein d’espoir. Exit l’incident qui a défiguré le personnage de Jade ainsi que les différentes opérations qui lui ont permis de survivre et de s’en remettre physiquement. Le temps de la reconstruction morale est arrivé.
En effet, si l’attaque à l’acide par son ex-compagnon est le point de départ de toute cette histoire, elle n’est que rapidement mentionnée car elle n’en est pas le sujet. Plutôt que de parler de cet acte révoltant et bouleversant le film se concentre sur la lutte tout aussi dur qui en découle, celle pour la reconstruction sociale de ce personnage traumatisé. C’est ce parti pris risqué mais légitime qui donne sa véritable force au message véhiculé par Sacha Polak à l’origine de ce scénario.
Jade se retrouve défigurée et doit faire face au quotidien et aux regards des autres et plus particulièrement celui de son enfant. Elle veut vivre normalement mais il faut trouver la force de se lever et de passer outre le regard de la société pour y arriver. Son périple est émotionnellement fort et éprouvant. On y est embarqué avec elle, espérant qu’elle arrive à surmonter tout ça et se créer une vie stable. Vicki Knight sert parfaitement son rôle et le discours de ce film, vivant elle même avec des cicatrices de brûlures depuis l’âge de huit ans suite à un incendie criminel, elle irradie l’écran par son charisme et sa force.
De plus, l’image et l’ambiance créées par Ruben Impens sont criantes de réalisme et rendent cet univers totalement immersif. Le seul petit bémol dans tout cela est le contexte social dans lequel évolue l’héroïne. Si on est propulsé et bloqué à son chevet durant tout le film, sa situation sociale très prononcée et son manque de maturité ne facilite pas l’identification au personnage. Le message est de ce fait un peu moins impactant et prend une tournure de drame social maussade. L’histoire n’étant pas directement adaptée d’un fait réel, le personnage aurait pu être un peu plus lambda pour toucher un plus large public. Heureusement cela n’empêche pas le film d’être fort et bouleversant.
7/10
Article rédigé par R.P.