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Rencontre avec l’équipe de Jack Ryan la nouvelle série d’Amazon Prime Vidéo

C’est lors du 58ème Festival de la Télévision de Monte-Carlo que l’équipe de Jack Ryan est venue présenter la nouvelle série d’Amazon Prime Vidéo qui sera disponible dès le 31 août. Nous avons pu rencontrer l’équipe de la série.

Avez-vous rencontré des difficultés dans le travail d’adaption ?

Carlton Cuse : Quand Graham [Roland] et moi avons commencé à adapter un des livres de Tom Clancy, nous avons réalisé que l’une des choses qui définit son travail se trouve dans sa capacité à capter des rumeurs géopolitiques du moment. Cela donne un super résultat mais daté par la force des choses. C’est pourquoi nous avons décidé d’écrire notre propre histoire sur le terrorisme avec dans l’idée, d’essayer de reproduire ce que Tom Clancy faisait dans ses romans, des romans passionnants et connectés avec le monde.

Graham Roland : Nous avons d’excellents consultants sur la série, notamment David Chastein qui a travaillé à la CIA, puis dans l’armée et à Wall Street. Beaucoup de ce que l’on peut trouver dans la série vient de son expérience et de son savoir.

Carlton Cuse : La recherche de l’authenticité était très importante pour nous. Nous voulons que la série soit la plus juste possible.

Wendell Pierce : En plus de la richesse de l’oeuvre de Tom Clancy, la joie de travailler avec les actrices, les acteurs, l’équipe, les auteurs, rencontrer des personnes qui ont réellement travaillé à la CIA, dans l’espionnage, fut une magnifique expérience. Certaines d’entre elles m’ont vraiment impressionné et inspiré dans ma préparation pour le rôle. Ils ont un travail plus varié que je ne l’imaginais. Tous les acteurs recherchent la partie humaine de leur personnage. On ne les réduit pas à une idée ou un élément de l’intrigue, on essaie de construire des êtres pluridimensionnels. Et j’ai pu y parvenir grâce aux différents consultants sur la série, particulièrement un officier à la retraite avec qui j’ai littéralement pu devenir ami. Il était avec moi en permanence pour me renseigner et m’inspirer. C’est une expérience inouïe, de celle qui vous change à un niveau personnel. Je me souviens d’un jour en particulier où nous étions à la CIA. J’ai volontairement interrogé des gens à propos de la politique, notamment autour de leur travail. Le consultant qui m’accompagnait m’explique qu’il pourrait travailler avec n’importe qui, sauf si une personne, une mission ou une opération, ce qu’on lui demande de faire agissent contre ses principes. Les politiques vont et viennent, le pouvoir change parfois de mains mais ces gens essaient toujours de rester fidèles à leurs principes.

Peuvent-il refuser ainsi des ordres ?

Wendell Pierce : Il y a une mission à accomplir et son succès dépend des variables à prendre en considérations. Ils peuvent choisir ces variables ou bien se retirer de la mission s’ils sont contraires à leurs principes. Ils choisissent toujours les meilleures personnes pour accomplir ces missions et ces personnes sont ou doivent être d’accord avec les moyens et méthodes utilisés pour son succès. Cela dit, tout reste très compartimenté. Vous pouvez travailler sur quelque chose dont je n’ai pas connaissance comme je peux travailler sur quelque chose dont vous n’avez pas connaissance. Quand vous êtes sur une opération, vous n’avez jamais une vue d’ensemble. Et si vous avez un problème d’éthique avec un élément, vous pouvez vous retirer sans mettre en péril l’équilibre et le déroulement de l’opération.

Le contexte géopolitique évolue très rapidement de nos jours, était-ce un challenge particulier que de vouloir montrer un monde qui avance parfois plus vite que la fiction ? Craignez-vous de faire une série politique ?

Carlton Cuse : Quand Graham Roland a commencé à travailler sur ce projet, il y a trois ans maintenant, il y avait ce risque calculé que le monde n’allait pas exactement ressembler à ce que nous allions montrer dans la série. Mais nous cherchons toujours à être authentique et à montrer un monde plausible. Avec la série, contrairement aux différents films, nous avons plus de temps pour développer notre histoire. Nous disposons de beaucoup plus de temps que les deux heures d’un long métrage. Alors, nous pouvons aller plus profondément dans les différents aspects politiques. Nous essayons de rester neutre, de ne jamais prendre parti. Il existe beaucoup de séries d’espionnage avec des anti-héros, la différence avec Jack Ryan est qu’il est un héros classique. Il est celui que l’on espère avoir entre nous et des terroristes.

Dina Shihabi : Je suis particulièrement sensible sur la façon dont on traite la question des terroristes dans les médias. En tant que femme arabe et actrice, ce que j’apprécie, c’est la façon qu’a la série de montrer aussi l’autre côté. Elle raconte aussi l’histoire de ce terroriste et cherche, quelque part, à l’humaniser. Elle montre leur vie et les raisons qui les ont poussés à choisir cette voie. Et c’est très important de le raconter et de le montrer. Aussi longtemps que nous nous considérons comme des êtres humains, il restera de l’espoir pour que les choses changent. Si nous restons uniquement manichéen avec des monstres d’un côté et des Hommes de l’autre, le mal et le bien, Batman et le Joker, alors nous participons au problème. La série se distingue dans sa façon de présenter les choses, de favoriser l’empathie avec des personnes que nous considérons comme ennemis mais qui ont aussi des femmes, des enfants, des amis…

Carlton Cuse : Composer cette narration en forme de mosaïque permet d’aller vraiment au fond des choses, au fond des personnages. Vous n’avez pas ce luxe avec un film de deux heures, vous n’avez pas l’espace pour cela. Vous devez vous limiter quand nous pouvons offrir d’autres perspectives, d’autres dimensions, d’autres personnages comme celui de Dina.

Dina Shinabi : J’étais vraiment excitée à l’idée de jouer Hanin. Dans les média, ces femmes sont trop souvent décrites comme des victimes, toujours en détresse. Mais le personnage qu’a créé Carlton Cuse et Graham Roland est une femme intelligente, forte. Elle est une mère et ferait tout pour le bien-être de ses enfants. Elle est tellement badass ! C’était une expérience très enrichissante, stimulante et satisfaisante à bien des égards.

Carlton Cuse : La série nous offre l’opportunité de ne pas faire uniquement une grosse série d’action mais également de produire des commentaires sur les problèmes de notre monde. À travers le personnage de Dina notamment, qui fuit avec ses enfants dans un camp de réfugiés. Graham et moi souhaitions raconter l’histoire de ces gens. Dans notre pays, certains politiciens objectivent les réfugiés syriens. Personne ne souhaite devenir un réfugié. Ces gens n’ont pas eu d’autres choix que de fuir leur pays. La série offre la possibilité de raconter ces histoires, peut-être amener les gens à réfléchir sur ce sujet, à penser différemment. Essayer de présenter le tableau dans son ensemble et d’être capable de comprendre leur expérience.

Alec Baldwin, Harrison Ford, Chris Pine, Ben Affleck… Avez-vous ressenti une pression particulière à l’idée de reprendre le personnage de Jack Ryan ?

John Krasinski : C’est l’une des choses intéressantes avec le personnage de Jack Ryan : tout le monde a pu faire sa propre version. Seulement l’avantage que l’on a de travailler sur une série c’est que l’on peut aller plus loin. Ses livres sont toujours très riches, très détaillés qu’un seul film n’est pas suffisant pour rendre compte de la somme de détails. Et j’aime beaucoup l’idée de remonter aux sources du personnage, de raconter ses premières années à la CIA et le voir grandir.

On vous a connu grâce au personnage de Jim dans The Office, est-ce que le choix de Jack Ryan est une façon de fuir votre ancien rôle, de jouer quelque chose de différent ?

John Krasinski : Je n’ai jamais pris de décision de carrière qui cherchait à fuir le personnage de The Office. Je suis à peu près sûr qu’à la fin de celle-ci, je serai toujours davantage connu pour Jim de The Office. Et c’est vraiment un honneur. Au terme de la série je me suis posé la question : est-ce que je dois attendre d’autres rôles dans la veine de The Office ou dois-je essayer quelque chose de complètement différent ? Il y avait clairement des choses que j’avais envie d’essayer, donc j’avais cette volonté : donnez-moi la chance de faire d’autres choses et si je suis mauvais, ne me laissez pas recommencer ! (rires) Jack Ryan sonne un peu comme la phase suivante, quelque chose qui m’intéressait vraiment et qui m’a semblé être l’évolution logique. J’adorais l’idée de jouer un super-héros sans pouvoir.

Carlton Cuse : Je trouve particulièrement inspirant quelqu’un capable d’accomplir autant avec des moyens à la portée de presque tout le monde. Avec tous les super-héros que l’on peut voir, qui volent ou tirent avec leurs simples mains, je trouve stimulant de s’intéresser à des vrais gens, des héros plus authentiques. Quand vous allez à la CIA, vous êtes d’abord submergé par l’idée de pouvoir qui s’y dégage, puis vous rencontrez les gens et vous réalisez que ce sont des personnes apolitiques, les plus apolitiques que j’ai pu rencontrer. Ils font leur travail, ils dédient leur vie à ce travail, ils nous dédient leur vie. Et c’était quelque chose que nous voulions montrer dans la série parce que c’est important. Ces gens sont particulièrement héroïques et sacrifient leur vie de bien des façons. Il était indispensable que la série leur rende honneur en les décrivant de la façon la plus juste.

Si vous deviez choisir quelqu’un qui représenterait votre héros dans la vie, qui serait-il ?

John Krasinski : Sans aucun doute mon père. Si j’accomplissais, au cours de ma vie, le quart de ce qu’il a accompli, si j’étais le quart de la personne qu’il est, alors je pourrais me dire que j’ai réussi ma vie. Mon père est le genre de personne dont on ne raconte pas l’histoire. Des gens comme mon père, qui croit en ce pays au-delà des étiquettes politiques, qui est simplement conscient d’où vous venez, qui croient en quelque chose de plus grand que la politique, qui a un esprit de communauté, qui veut être fier de ce que son pays a accompli.

Et si vous étiez un super-héros ?

John Krasinski : Je ne vais pas être original, je dirai Batman parce que c’est le personnage sur lequel je me concentrais quand j’étais enfant.

Quel est votre personnage de télévision préféré ?

John Krasinski : Jim de The Office ! (rires)

Graham Roland : Tony Soprano

Wendell Pierce : Tony Soprano, également.

John Krasinski : Récemment, les enfants de Stranger Things. Ils sont mes héros préférés en ce moment.

Dina Shihabi : J’aime beaucoup Veronica Mars.

Une seconde saison est déjà commandée alors que la première n’a pas encore été diffusée, est-ce une pression supplémentaire ?

Carlton Cuse : Amazon ne souhaitait pas qu’il y ait une trop longue attente entre les deux saisons. Ils ont beaucoup aimé la première et étaient suffisamment confiants pour commander la seconde, sans forcément attendre les retours de leurs utilisateurs. Graham Roland et moi avons écrit une histoire originale qui se déroule en Amérique du Sud, nous avons commencé le tournage à Bogota.

John Krasinski : Nous avons réfléchi ensemble à ce que pourrait être la seconde saison. Je terminais le tournage de la première, cinq jours après, j’entamais le tournage de mon film (Sans un bruit, NdR). Ce n’était pas l’idéal question planning mais si nous devions penser à une saison deux, je souhaitais faire parti de la réflexion.

Carlton Cuse : Nous voyons la première saison comme une sorte de préquel. Nous avons choisi de présenter Jack Ryan un peu plus tôt dans sa carrière comparé aux premiers romans de Tom Clancy. Dans la série, il est seulement analyste et nous assistons à sa transformation. Celle d’un homme qui travaille dans un bureau et qui va apprendre à mener sa propre opération et faire l’expérience du terrain. Le personnage de Wendell Pierce, James Greer, dans les livres, travaille dans un grand bureau, très haut dans la hiérarchie. Nous voulions le voir plus tôt dans sa carrière, afin d’avoir des rapports immédiats avec Jack Ryan. Un autre personnage que nous avons pris des livres est celui de Cathy Mueller, jouée par Abi Cornish. Dans les romans, elle est déjà mariée avec Jack. Dans la série, ils débutent leur relation. Nous avons volontairement fait une léger bon en arrière pour raconter davantage les origines des personnages.

Il est donc possible d’avoir une série sur Amazon (Jack Ryan) et une autre sur Netflix (Locke & Key) ?

Carlton Cuse : Oui, c’est possible ! (rires) Nos plannings s’enchaînent bien. Nous terminons le tournage de Jack Ryan cette année, Locke & Key sera diffusée l’année prochaine. Je n’ai que deux séries en cours de production, Greg Berlanti en a 13 ! (rires) Nous retournons le pilote de Locke & Key. Quand Netflix a repris le projet, ils nous ont indiqué ce qu’ils souhaitaient avec la série et ont suggéré des changements intéressants.

Je pense que les industries du cinéma et de la télévision sont en train de fusionner en un immense conglomérat. Le tournage a davantage ressemblé à celui d’un long métrage que d’une série classique. Nous avons passé trois ans à travailler sur ce projet. Nous avons eu les financements de la part d’Amazon qu’on aurait eu sur un film. Nous avons pu tourner dans différentes villes ou pays, Montréal, Washington, Paris, au Maroc… Dans la fabrication, dans les moyens, ce fut vraiment comme travailler sur un film. Aucune contrainte de contenu, aucune coupure publicitaire, ce fut libérateur. Je suis particulièrement excité par les opportunités qu’offrent les différents services de SVOD en matière de narration.

La série semble généreuse en terme de scènes d’action. Comment les écrit-on ?

Graham Roland : Vous devez donner un objectif à votre scène d’action. Ensuite, vous travaillez avec les cascadeurs, les coordinateurs et les acteurs. Pour moi, c’est la partie la plus simple parce qu’une fois les instructions données, je regarde les gens faire le travail pour moi ! (rires) Nous voulions vraiment nous différencier des autres séries par nos scènes d’action et Amazon nous a fourni les ressources nécessaires pour y parvenir.

Carlton Cuse : Le premier épisode a été réalisé par Mortem Tyldum, qui a fait, notamment, The Imitation Game et Passengers. Nous souhaitions aborder l’aspect visuel de façon cinématographique. Parmi les membres de l’équipe, nous avions des gens qui ont travaillé avec Michael Bay et Mortem nous a apporté une approche particulière, très imposant d’un point de vue dramatique.

Wendell Pierce : Les séquences d’actions vous offrent de belles opportunités de jeu. Vous partez d’un objectif simple, qui vous amène à un autre, puis un autre, etc…. Il y a une scène où John affronte quelqu’un. Ils tombent sur une table, puis tombent au sol, l’un essaie d’attraper une arme. Pour John, il faut l’empêcher de l’atteindre, l’autre c’est de trouver une opportunité. Tout s’enchaîne par une succession d’objectifs à atteindre. Ces séquences sont authentiques parce qu’elles placent deux personnages devant des challenges et leur réussite dépendra de leur capacité à surmonter ces challenges.

Carlton Cuse : Les scènes d’actions ne sont pas là uniquement pour faire de l’action, elles doivent servir la narration.

Jouer un drame ou une comédie fait-il travailler différents muscles d’acteur ?

John Krasinski : Pour moi, la comédie ou le drame sont deux approches similaires. Je me souviens que Greg Daniels sur The Office (il était le showrunner, NdR) me disait que mon travail ne consistait pas à jouer la scène de façon drôle mais de simplement la jouer. Et de la jouer juste. Si les gens croient à ce qu’ils voient, ils riront. C’est quelque chose d’extrêmement important dans le jeu d’un acteur. Et c’est aussi vrai pour les drames. Si vous dégagez de l’honnêteté dans votre travail, dans votre jeu, alors les gens marcheront. Au contraire, si vous essayez de leur arracher des larmes ou de les manipuler pour qu’ils pleurent, ils ne marcheront pas.

Est ce que vous pouvez imaginer être mal à l’aise à l’idée de jouer certains types de personnages ?

John Krasinski : Il y aura forcément des moments où cela arrivera mais je n’ai pas encore rencontré dans les films et les séries que j’ai pu faire jusqu’à présent de rôles particulièrement difficiles. Votre travail en tant qu’acteur est de rendre le personnage le plus authentique possible. Je gravite toujours autour de personnages qui ont des failles et qui essaient de les combler. Avec Jack Ryan, j’ai l’opportunité de jouer un personnage aux principes nobles, même quand ses convictions peuvent être mises à rude épreuve.

Est ce que vous souhaiteriez réaliser un film d’action ou des épisodes de Jack Ryan ?

John Krasinski : Réaliser des épisodes de Jack Ryan serait compliqué, nous avons des plannings très intenses. Mais oui, cela fait parti des choses auxquelles j’aimerais me confronter. L’idée est de toujours repousser ses limites, d’aller vers des choses que je n’ai jamais faites. Mais pour moi, c’est avant tout une question d’histoire plus que de genre. Si vous m’aviez dit que j’allais réaliser un film d’horreur, je vous aurai répondu que vous êtes fou. Sans un bruit était d’abord l’histoire de cette famille, une métaphore de la parentalité. Quand vous trouvez une histoire comme celle-ci, ce n’est plus une question de genre. Si je devais réaliser un film d’action, ce serait plus ou pas uniquement un film d’action.

Est ce que vous voyez les choses différemment maintenant que vous êtes passé de l’autre côté de la caméra ?

John Krasinski : Je ne m’étais pas préparé à ce que Sans un bruit remporte un tel succès. Sur The Office, je pouvais toujours me dire que je faisais parti des raisons de son succès mais cela n’avait rien à voir avec ce que j’ai pu réalisé sur Sans un bruit. C’était différent parce que je devenais responsable de la production, de la réalisation, de la direction. Le fait de jouer avec sa femme. Et tout cela m’a changé parce que le film, comme The Office auparavant, m’a apporté de nouvelles opportunités et m’a permis de repousser mes limites, de mesurer ce dont je suis capable.

Votre femme, Emily Blunt, est également actrice, est-ce difficile de concilier vos emplois du temps et votre vie de famille ?

John Krasinski : C’est difficile, oui, je ne vais pas mentir. L’année passée a été très rude parce qu’Emily tournait Mary Poppins au moment où moi-même je tournais Jack Ryan. Notre priorité est toujours de passer le plus de temps possible avec nos enfants. On essaie d’accorder au mieux nos projets pour ce que ce soit le plus facile mais ce n’est pas toujours évident. C’est difficile malgré tout de se plaindre parce que nos réussites nous offrent de magnifiques opportunités. Donc, on sait que l’on va alterner entre passer beaucoup de temps avec nos enfants, puis beaucoup moins pendant un moment.

Vous figurez sur la listes des 100 personnalités les plus influentes selon le Times Magazine, quel effet cela vous a-t-il fait ?

John Krasinski : J’ai été abasourdi quand j’ai appris la nouvelle et je crois bien avoir eu une espèce de blackout pendant toute une semaine ! C’est un incroyable honneur de faire parti d’une telle liste. C’est quelque chose à laquelle je prêtais attention depuis que je suis enfant. Je ne pense pas que je suis parvenu à digérer totalement l’information.

Si vous aviez le pouvoir de changer quelque chose dans le monde, que feriez-vous ?

John Krasinski : Il y aurait tellement de choses à changer. Faire quelque chose, tout simplement. C’est une leçon que j’ai apprise récemment. De s’impliquer dans quelque chose et de la faire. Je crois à l’idée que changer une personne peut amener à changer le monde. L’instinct d’aider les gens serait probablement ce que je chercherais à changer dans le monde. Wendell Pierce est un bon exemple de quelqu’un qui profite de sa notoriété pour s’impliquer et essayer de changer les choses.

Wendell Pierce : L’art n’est pas uniquement du divertissement. Le divertissement est seulement une partie de l’art. L’art peut refléter qui vous êtes, vos défauts, vos failles, vos réussites. Il peut impacter votre vie comme celle des autres. L’art est capable de rassembler les gens, de faire en sorte que l’on se rejoint, comme une forme de communauté. L’art peut nous éclairer sur qui on est, ce que l’on souhaite être, ce que l’on souhaite faire, la direction que nous souhaitons prendre, comment conduire notre vie. L’art peut éclairer nos valeur et les révéler. C’est pourquoi on se réunit dans des salles et que l’on éteint les lumières pour regarder une pièce ou un film. On voit nos vie s’y refléter et nous pouvons décider ce qui nous importe.

La télévision, qui vit actuellement, une forme d’âge d’or, peut avoir un impact et changer la vie de gens. C’est la force de l’art. Des poètes ou songwriters comme Woody Guthrie, quand il chantait « This is your land, this is my land », des chansons qui inspiraient les gens à s’accrocher pendant des périodes difficiles et qui avaient autant d’impact que le discours d’un président quand il disait que l’unique chose que nous devions craindre est la peur elle-même. Il y a des moments dans notre histoire où nous devons nous rappeler que l’art peut avoir un impact sur nos existences et changer le monde.

Avec cet héritage, et à titre personnel, des gens comme Harry Belafonte ou Sidney Poitier qui ont notamment oeuvré pour le Freedom Summer au Mississippi pour aider les Afro-américains à s’inscrire sur les registres afin de pouvoir voter. C’est avec cet héritage que je me suis rendu à La Nouvelle Orléans après Katrina pour aider à reconstruire mon quartier. L’art peut être extrêmement puissant dans ces situations. Il m’a conduit, pendant la reconstruction, à jouer la pièce Waiting for Godot, dans le Lower Ninth Ward (quartier de La Nouvelle Orléans, NdR). Cette représentation a particulièrement souligné où nous en étions à cet instant précis. À cet endroit, à ce moment, l’humanité était seulement nous, accomplissant quelque chose pendant que nous avions la possibilité de le faire. Cette pièce de Samuel Beckett a eu un impact fort en 2007 à La Nouvelle Orléans, comme elle a pu en avoir quand il l’a écrite durant l’occupation en France, comme elle a eu un impact quand Susan Sontag l’a joué à Sarajevo durant la guerre en ex-Yougoslavie. Cette humanité, sa force, ne se connecte pas uniquement de différents endroits mais aussi à travers le temps. Et quand l’art parvient à capter cela, il peut changer le monde.

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