Festivals/Rencontre avec.../Séries/Séries Mania

Rencontre avec l’équipe de SKAM France

C’est lors du Festival Séries Mania Lille Hauts-de-France 2018 que nous avons pu rencontrer l’équipe de SKAM France. Les actrices, Lula Cotton-Frapier (Daphné), Philippine Stindel (Emma), Marilyn Lima (Manon), Assa Sylla (Imane), Colline Preher (Alexia), Michel Biel (Charles), ainsi que la directrice littéraire, Sofia Benchekroun, étaient présents pour nous parler de l’adaptation de la série culte norvégienne.

Comme s’est déroulé le travail d’adaptation, notamment avec les producteurs de la série norvégienne ?

Sofia Benchekroun : On avait comme instruction d’être très proche de l’original. On a commencé par travailler sur les dialogues pour repérer rapidement les éléments que l’on devait adapter pour des raisons culturelles. Par exemple le personnage d’Imane ne pouvait pas mettre de voile à l’école, il fallait penser dès l’écriture à des scènes où elle allait pouvoir le mettre et d’autres non. C’était un premier travail important. Pour le personnage d’Alexia, comme nous réalisions la série avec la RTBF, on a créé tout un axe qui n’existait pas dans la version originale. Nous lui avons imaginé une sœur en Belgique, pour que ce soit représentatif et qu’il y ait des contenus qui parlent au public belge. C’était des propositions originales et on a dû créer des contenus qui n’était pas du tout programmé au départ. Prendre des photos de trains à la Gare du Nord, préparer ses valises, ce genre de détail. On devait à la fois travailler avec France TV et la RTBF ce qui faisait deux diffuseurs à satisfaire. Ce sont des éléments à prendre en compte au moment de l’adaptation.

Ensuite, il y avait le contexte. Dans la série norvégienne, nous sommes en périphérie d’Oslo, dans la version française, nous sommes en plein milieu de Paris. Même si on ne voit pas la tour Eiffel, on comprend immédiatement que nous sommes à Paris. Si on avait choisi de baser la série en Provence, elle aurait été tout à fait différente. On a essayé d’être le plus représentatif possible.

Et à côté, nous avons beaucoup travaillé avec toute l’équipe Transmédia pour que l’ensemble reste cohérent. Le travail de la direction littéraire sur la série, c’était autant adapter les scriptes, que retoucher, revoir tous les contenus pour que l’ensemble soit cohérent. Le transmédia et l’écriture étaient vraiment liés et nous créons tout au fur et à mesure. On ne pouvait pas faire l’un d’un côté et l’autre de l’autre. Les équipes transmédia étaient présents au moment des tournages pour bénéficier des décors, des costumes. Cela exige une bonne organisation.

Est ce qu’il y avait un modèle de production à adopter ?

Sofia Benchekroune : Le diffuseur NRK est aussi un studio de production, il pouvait faire les choses très vites, avec une belle synergie. Ils ont un modèle qui est complètement différent du nôtre et eux-mêmes ne s’attendait pas à un tel succès et à devoir adapter ce format partout dans le monde.

On a dû aussi leur faire comprendre que l’on ne pouvait pas produire exactement comme eux, diffuser exactement comme eux. Pour les Etats-Unis, c’est Facebook qui fait la série, en Allemagne, elle est diffusée sur Youtube et en Italie, c’est encore différent. Nous avons eu la chance d’avoir des interlocuteurs norvégiens relativement ouverts. Ils nous ont mit beaucoup de pression pour que l’on soit exactement dans le respect de la série mais ont dû comprendre qu’il fallait aussi prendre en compte notre fonctionnement pour obtenir la meilleure série possible. Eux-mêmes ont évolué avec le temps. Ce n’était pas évident mais ils ont compris en voyant cinq adaptations en même temps qu’ils ne pouvaient pas tout contrôler.

Ils ont rassemblé à Oslo tous les producteurs étrangers qui voulaient adapter la série pour que l’on explique nos contraintes tout en travaillant dans le respect de l’esprit. Le format était tellement important pour eux, c’est une mission de service public. Ils ont un vrai message à transmettre, qu’ils ont construit au fur à mesure des réactions qu’ils observaient sur les réseaux sociaux. Normalement, ce devait être une saison par personnage féminin. Dans la saison trois, c’est le personnage le Lucas (chez nous), parce qu’un vrai intérêt s’était développé pour lui et ils ont décidé de tout basculer et de créer une saison autour de lui. Je ne pense pas que dans un pays comme la France ou d’autres, on aurait pu le faire aussi librement.

Quelles sont les vraies différences avec la version norvégienne ?

Lula Cotton-Frapier (Daphné) : Nos personnages.

Coline Preher (Alexia) : Alexia a plus de caractère. Emma dans la version norvégienne est tout le temps en train de faire la gueule, Philippine (Stindel) est beaucoup plus cash, elle fait des gaffes, elle a ajouté un peu de sa personnalité. On raconte la même histoire, les mêmes choses mais on a toute mis quelque chose de nous dans les personnages. Et il y a plein de détails par rapport à la forme : l’histoire du voile qu’Imane enlève quand elle entre au lycée ou la présence d’affiches « Alerte Attentat ». Cela fait parti de notre actualité alors on l’a ajouté dans la série. Ce sont des détails qui ne font pas une grande différence mais qui sont représentatifs de la France.

Sofia Benchekroun : On comptait beaucoup sur l’improvisation, sur le fait que les comédiennes s’approprient leur personnage. Nous essayons d’être les plus justes possible en terme d’écriture parce que les producteurs norvégiens nous avait dit que l’argot et le langage utilisé par les jeunes étaient fondamentaux. On a choisi des auteurs en ayant cette indication en tête. Et les dialogues étaient retravaillés, avec les auteurs, le réalisateur, les comédiennes…

Philippine Stindel (Emma): On faisait un peu ce qu’on voulait avec les textes. Ça m’est arrivée d’enlever des phrases…

Coline Preher (Alexia) : On avait beaucoup de liberté sur le texte. Ce n’est pas forcément des gens de notre âge qui écrivent les scénarios, il y a des expressions que l’on a changé parce que plus personne ne dit ça.

Malgré tout, il est frappant de voir à quel point vous êtes fidèle…

Sofia Benchekroun : On nous fait souvent remarquer que notre version est très proche de l’originale, mais ces remarques viennent de gens qui connaissent la série norvégienne, alors que notre objectif, c’est de faire connaître Skam France en France. Peu de gens connaissait la série au départ.

Sur la réalisation, il y a tout de même beaucoup de différences. Le réalisateur (David Hourrègue) voulait vraiment se réapproprier la série. Le fait d’avoir un casting différent fait aussi parti de cette volonté de se différencier, du travail d’adaptation. C’est un format très innovant pour nous, le diffuseur, la production en interne mais aussi les producteurs norvégiens nous recommandaient de respecter au maximum l’intrigue et de se l’approprier. Sur les saisons trois et quatre, nos personnages seront bien installés, on sera peut-être plus libre pour aller plus loin.

On a beaucoup travaillé sur la musique également. C’était une grosse contrainte puisqu’en Norvège ils sont plus libres d’utiliser du Radiohead, Michael Jackson… On a dû être à la fois aussi riche et pertinent, sans avoir le budget, sans avoir les mêmes possibilités. Nous avons beaucoup travaillé avec les comédiennes pour leur faire tester nos choix, pour trouver les bonnes musiques. On a aussi essayé de mettre des artistes francophones, ce qui changeait littéralement avec la série norvégienne.

Sur le transmédia, nous avons réussi à aller un peu plus loin. Nous avons plus de contenus. Ils devaient tout concevoir au fur et à mesure de l’écriture. Nous, on savait qu’il y avait un énorme potentiel, donc on a produit beaucoup de contenus, les actrices avaient des jours de tournages dédiés à ça, comme des journées selfies.

Coline Preher (Alexia) : C’était compliqué d’ailleurs. Les gens passaient et nous regardaient en train de nous prendre en photo.

Lula Cotton-Frapier (Daphné) : C’était agréable, on était dans un café avec nos téléphones, nos trousses de maquillage et un Iphone et demi par personnage. Nous étions tout le temps en train de nous prendre en photo avec le regard un peu dingue des gens. On leur disait que c’était notre travail. Un travail un peu bizarre quand même…

Sofia Benchekroun : Julie Andem (la créatrice) écrivait, puis ils tournaient, écrivait, puis ils tournaient… Elle avait une personne en plus pour gérer le transmédia, mais c’est elle qui créait tous les contenus, qui gérait la modération, le community management,… La série tâtonnait au début, même en terme de format. Ils ont des épisodes qui font dix minutes, puis trente, ils redescendent à quinze pour remonter à cinquante… Nous, on ne pouvait pas se le permettre, on devait leur expliquer que nous avions des cases horaires et que l’on était obligé de faire du 52 ou du 30 minutes. On était obligé de tout réécrire pour avoir des cliffhangers. Peut-être que sur les saisons suivantes ce sera plus simple mais la première saison norvégienne fait 3 heures et la seconde 6 heures, je crois. En terme de rythme, c’est beaucoup plus lent. Ce sont des choses à prendre en compte, pour vraiment parler à notre audience et aux jeunes. Même si le format norvégien est très aimé, je ne suis pas sûre que si on avait fait exactement la même chose, la série aurait remporté le même succès. Une grosse partie de l’écriture et de la réécriture consistait à adapter la série à notre format.

Il y a des pays qui ont traduit le titre, d’autres pas, est-ce que la question s’est posée ?

Sofia Benchekroun : Dans la bible de la NRK, l’une des contraintes était que le titre signifiait littéralement « Honte ». C’était soit une expression, soit un titre. Ils n’étaient pas d’accord au début d’appeler notre série Skam France. Il a fallu négocier. Puis on s’est rendu compte qu’en Italie c’était Skam Italia, les allemands l’ont fait comme ils voulaient et qu’en anglais, c’est beaucoup plus simple d’appeler leur version « Shame ». Nous avons milité pour que notre version ne s’appelle pas ainsi.

Lula Cotton-Frapier : La question du titre a été un gros débat.

Marilyn Lima : Je trouvais ça cool d’assumer ce titre. Cela donnait un côté décalé. Dans d’autres pays, c’est « Honte », pourquoi ne pas l’assumer ?

Lula Cotton-Frapier : Moi aussi, avec le O barré, à la norvégienne, je trouvais ça joli.

Philippine Stindel : Moi je n’assume pas.

Marilyn Lima : En Norvège ou en Angleterre ils assument très bien, alors pourquoi nous en France, on n’irait pas au bout de notre idée ?

Sofia Benchekroun : Ce n’est pas qu’une question d’assumer. Quand les norvégiens disent Skam, on ne sait pas si c’est de l’argot, si c’est familier ou courant, etc…. On ne savait pas si les français le verrait de la même manière que les norvégiens. On a essayé de trouver toutes les manières de dire « Honte » autrement. Est ce qu’il existe des expressions ? Certains voulaient mettre du verlans mais le verlans ne fonctionne plus du tout aujourd’hui. On a fait du brainstorming mais aucune solution ne convenait. Finalement, on s’est tourné vers Skam France qui a réuni le plus de votes.

Avez-vous vu la version originale et les autres adaptations ?

 Coline Preher : J’en avais entendu parler avant d’avoir eu le rôle mais je n’avais jamais regardé.

Lula Cotton-Frapier : Au moment où j’ai su que j’étais prise.

Philippine Stindel : Sinon, je pense qu’on ne l’aurait pas regardé.

Coline Preher : La version norvégienne est un peu différente, un peu plus trash.

Lula Cotton-Frapier : On a l’impression de se voir et en même temps, on sait que ce n’est pas nous. C’est très étonnant. J’ai rencontré la Vilde italienne et on a beaucoup parlé de cela. Une conversation très bizarre, un peu schizophrénique. « Et toi Daphné, tu l’as joué comment ? » « Ah non, moi ce n’est pas Daphné, c’est Sylvia…» Du coup on parlait en Vilde. Ma Vilde, ta Vilde… C’était très drôle.

Pourquoi avoir accepté ces rôles ?

Assa Sylla (Imane) : Personnellement, c’est un rôle qui change. Dans la série norvégienne, Imane était ma préférée, j’étais d’autant plus heureuse de jouer son rôle. Une fille voilée, on n’en voit pas beaucoup dans la fiction française. C’était un honneur de jouer ce personnage…

Lula Cotton-Frapier : Ces personnages peuvent nous permettre d’exprimer nos avis. Ce sont enfin des jeunes qui parlent de leurs problèmes et pas des politiciens d’une cinquantaine d’année. Cela nous laisse l’opportunité de parler aux politiciens. On parle de nos problèmes de manière apolitique. On a enfin la parole.

Assa Sylla : Généralement, quand il y a des femmes voilées, on parle souvent de terrorisme, de djihadisme… alors que c’est un personnage qui peut permettre à des jeunes, mêmes non voilés, de s’identifier.

Coline Preher : Dans toutes les versions de Skam, on aborde des sujets tabous. Que ce soit la religion, l’homosexualité, le viol… Dans la série, on en parle en disant que ce sont des problèmes concrets que les jeunes d’aujourd’hui peuvent vivre.

Lula Cotton-Frapier : La série montre qu’ils ne sont pas tout seuls. Ils peuvent s’entraider

Coline Preher : Tout à fait. Et comme les personnages sont différents, on peut s’identifier à quelqu’un en particulier.

Philippine Stindel : Et on n’en fait pas trop sur les problèmes, également. C’est traité très naturellement.

Vous pensez que la série a une mission politique ?

Lula Cotton-Frapier : Je ne pense pas qu’elle a une mission politique. Ell a une mission de…

Philippine Stindel : De dédramatiser certains sujets.

Assa Sylla : Le regard n’est pas le même en Norvège et en France. Comme par rapport à la religion par exemple. Nos regards diffèrent.

Lulla Cotton-Frapier : C’est incroyable de donner enfin la parole à des jeunes. On a rarement vu ça.

Vous avez pu rencontrer la première ministre norvégienne, de quoi avez-vous parlé ?

Lula Cotton-Preher : De la religion en France, du port du voile, comme c’était vu de notre côté. On a parlé du lycée également.

Philippine Stindel : de la relation aux parents également. Il n’y a pas beaucoup de parents dans Skam. C’est bien parce que nous sommes à un âge où nous essayons d’esquiver nos parents. Ne pas les voir, retranscrit bien l’adolescence. On ne peut pas avoir des parents toutes les cinq minutes qui nous demandent ce que l’on fait, où on est. Dans la plupart des séries, les parents sont très présents, dans Skam non.

Le personnage d’Emma, malgré ses nombreuses interactions avec ses amies, est un personnage très solitaire.

Philippine Stindel : Elle est comme ça Emma. Elle possède un fond un peu lourd. Elle a été rejetée par ses copines. Mais c’est pour mieux souligner qu’elle va rencontrer des gens et qu’elle va enfin s’ouvrir. Dans la saison deux, elle est déjà plus joyeuse. Il y a un vrai changement en elle, à partir du moment où elle est acceptée dans un groupe. Le personnage d’Emma permet de traiter le thème du harcèlement scolaire. Elle passe par des phases très solitaires. Il faut qu’on sente qu’elle en bave pour se faire des amies et qu’il n’est pas facile de se faire une place au lycée.

Le harcèlement scolaire est plus accentuée dans la version française que son homologue norvégienne. C’était un parti pris ?

Sofia Benchekroun : C’était déjà présent dans la version norvégienne donc pour nous c’était un sujet à traiter. On ressent peut-être davantage l’impact du harcèlement sur le moral d’Emma par l’incarnation qu’en fait Philippine. La mise en scène de David Hourrègue permet aussi de montrer sa solitude et son mal être. Nous avons adapté ce thème qui est un sujet très concernant et dont on parle peu, mais nos choix d’interprétation et de réalisation ont peut-être accentué cette dimension.

Philippine Stindel : Chaque saison de la série norvégienne possède un thème qu’un jeune peut affronter au cours de sa vie : le harcèlement scolaire, dans la deuxième saison c’est l’amour passionnel, l’homosexualité, la religion… Il fallait qu’à chaque saison, il y ait un thème où on affronte quelque chose.

Coline Preher : Et le fait que ce soit plus poussé est important. Le harcèlement scolaire est un problème concret, il y a plein de cas dans toute la France et on n’en parle pas suffisamment. Alors il y a bien quelques exceptions, au moment de la sortie de 13 Reasons Why ou du livre Marion, 13 ans Pour Toujours, qui raconte l’histoire de la fille qui s’est suicidée suite au harcèlement scolaire dont elle était victime. Mais à part à ces périodes où l’on se répète « ce n’est pas bien », les gens n’en parlent pas, ne se disent pas que cela détruit des vie. La série montre comment Emma vit cela, comment elle se retrouve toute seule alors qu’elle a besoinsd’être entourée par ses amies, qu’il lui manque des amies et une mère toujours en voyage. Elle n’a rien ni personne pour s’accrocher. C’est cela qui est difficile et dont on ne parle pas suffisamment.

Philippine Stindel : Ce qui était important, c’était de ne pas faire d’Emma une adolescente trop faible, trop fragile, parce qu’à partir d’un moment où tout un groupe se ligue contre vous, vous avez beau être forte, cela vous atteindra quoiqu’il arrive. Je ne voulais pas qu’elle soit la pauvre victime qui ne va jamais bien et qui subit tout. J’avais envie de montrer que cela peut arriver à n’importe qui.

C’était déjà le cas dans la version norvégienne mais peut-être davantage dans Skam France, Charles et Manon font beaucoup plus matures…

Marilyn Lima : David Hourrègue a passé beaucoup de temps à réunir son casting. Peut-être a-t-il apprécier la maturité qu’on apportait à nos personnages. On fait la même série, avec la même histoire, mais le but était d’apporter notre caractère et notre façon de jouer. S’ils ont l’air plus matures, c’est parce qu’on avait envie d’aller dans cette direction.

Michel Biel (Charles) : Je ne me souviens plus dans la version originale mais mon personnage est volontairement en retrait du groupe, de par son passé, son expérience, c’était un choix de direction que d’être très droit, de ne pas s’exprimer comme elles s’expriment, dans un langage plus courant…

Philippine Stindel : Pour le personnage de Manon, c’était quelque chose que David souhaitait. J’avais passé les auditions pour ce rôle et il m’a dit qu’il fallait qu’elle soit vraiment mature. C’était ainsi qu’il l’imaginait.

Michel Biel : La saison deux possède un penchant plus dramatique. Nous sommes moins au lycée, davantage dans nos vie personnelles. Il y avait besoin de plus d’expériences personnelles, donc plus de maturité pour pouvoir vivre les événements.

Coline Preher : Le personnage de Manon a déjà vécu pas mal de choses dans sa vie. Il fallait que le personnage ait une certaine maturité. Manon ne boit pas, ne fume pas alors que tous les jeunes d’aujourd’hui, de la série, font la fête. Il fallait plus maturité pour raconter l’histoire de Manon.

Depuis plusieurs semaines, on voit naître un engouement particulier autour du couple Manon / Charles sur les réseaux sociaux. Vous vous y attendiez ?

Michel Biel : Je ne sais pas si on pouvait s’y attendre. On savait que leur couple avait eu pas mal de réaction en Norvège mais on ne savait pas si la version française allait fonctionner ou s’il y aurait autant de réaction pour ce couple. Cela passe beaucoup par les réseaux sociaux, c’est là que l’on voit tous les retours.

Marilyn Lima : On s’y attendait un peu quand même. Vu le succès norvégien, j’avais bon espoir…

Michel Biel : On voit plein de gens faire des dessins, du fan art, des montages, des comptes fan… c’est impressionnant. Comme quoi les réseaux sociaux ont vraiment du pouvoir.

Que disent vos parents ? Ou les parents en général ?

Marilyn Lima : Ma mère regarde. Elle aurait bien aimé que j’ai une adolescence aussi calme que dans la série. Ma mère, mes sœurs sont très contentes de la série, elles la suivent de près mais elles n’ont pas un avis très objectif.

Coline Preher : Chez nous, tous les samedis soir à 20h30 c’est réunion de famille. Mes grand-parents ne comprennent rien mais quand ils me voient à la télévision, ils sont heureux. Ils ne comprennent vraiment rien mais c’est la petite réunion de famille du samedi soir.

Lula Cotton-Frapier : Avant, mon père, je le mettais devant l’ordinateur et je le disais regarde. Et là, il commence à regarder tout seul. C’est incroyable ! Il aime beaucoup. Ma mère, qui est très critique normalement, a fait découvrir la série à toutes ses amies. C’est beaucoup trop mignon et est très cool. Ils réagissent tous très bien.

Marilyn Lima : Skam représente une partie des jeunes mais pas tous les jeunes. Il y a cette jeunesse là, qui existe dans la série, qui n’a pas trop de problème ou des problèmes qui touchent tout le monde. Quand ma famille a vu la série, pour eux, c’était gentillet et mignon. Ce n’est pas que ce n’est pas assez trash mais la série représente une jeunesse.

Coline Preher : Il y a tellement d’autres choses à dire…

Marilyn Lima : On s’identifie à nos personnages parce que nous avons des points similaires avec toute adolescente. Mais je n’ai jamais été Manon, loin de là, même.

Sofia Benchekroun : En France, on pourrait refaire un Skam avec cinq autres comédiennes qui n’ont rien à voir, avec d’autres histoires, d’autres origines, d’autres milieux sociaux. Et ça donnerait quelque chose de complètement différent. En Norvège, la série a eu un impact énorme mais ils sont beaucoup moins nombreux, ils doivent être entre cinq et six millions d’habitants et il y avait un million de personnes qui regardaient la série régulièrement. C’est beaucoup plus représentatif pour eux. Chez nous, il y a des des différences, des contrastes plus marqués. On pourrait faire plusieurs versions de la série et aller beaucoup plus loin dans certaines directions.

Par curiosité ou hasard, avez-vous vu des séries qui étaient sur le même créneau, comme Skins ?

Lula Cotton-Frapier : On est tellement comparé à Skins, tellement comparé à la version norvégienne… On aimerait exister en tant que telle.

Coline Preher : Skins est différente. Ce n’est pas le même pays, pas la même culture et Skins est beaucoup plus trash. Les soirées à 100 personnes avec de la coke partout, ce n’est pas réel…

Sofia Benchekroun : La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y avait plus de séries sur l’adolescence et on sent que le genre revient, notamment grâce aux nouvelles plateformes qui essaient de cibler cette audience. Ils essaient de créer des contenus pour une cible qui regarde des séries sur internet, Youtube… Comme Kiss Me First qui essaie de parler de réalité virtuelle, d’une autre jeunesse dans un autre pays. J’ai trouvé cela très intéressant parce que c’est encore autre chose. Des adolescents un peu moins marginalisés qui se retrouvent dans un jeu et qui peuvent s’imaginer, se recréer des personnalités et être eux-mêmes, dans un monde virtuel tout en devant gérer leur vie au quotidien. Et c’est la série du créateur de Skins, Bryan Esley…

Anecdotes :

Si les audiences ne sont pas vraiment au rendez-vous, il y autant de personnes qui regardent les petites pastilles chaque jour que l’intégral en fin de semaine. Étonnamment la série cartonne en Russie, il y a une grosse fan base là-bas, et d’après les actrices, ils essayent d’apprendre le français grâce à Skam France.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.