Mosaic est une série avec une genèse intrigante, conçue à la base comme une appli sur tablette et mobile aux Etats-Unis, malheureusement inédite en France. C’est un bel exemple d’un projet transmédia. Que vaut donc cette nouvelle fournée du prolifique (boulimique ?) Steven Soderbergh, diffusée en France sur OCS depuis le 22 Janvier 2018 ?

Mosaic – HBO/OCS – 2018
Synopsis : Olivia Lake, auteure à succès de livres pour enfants, est tuée au cours du réveillon du Nouvel an. Les soupçons vont très vite se porter sur plusieurs personnes, dont le petit ami de la victime.
Steven Soderbergh est véritablement un cinéaste qui n’hésite absolument pas à expérimenter et il vient ici jouer sur le format sériel, sur une narration numérique, une technologie nouvelle. Pensée à la base sous forme de vignettes et écrites par Ed Solomon, l’application aux US permettait de jongler avec les différentes vidéos, différentes pistes lancées par les créateurs, et donnaient la possibilité aux spectateurs de construire un peu sa propre narration. Pour les besoins de la télévision, Soderbergh a remonté le tout pour HBO et OCS en France, et livre sa version linéaire. On a donc ici sa vision de ce thriller mystérieux.
L’histoire suit donc Sharon Stone en tant qu’Olivia Laken, romancière millionnaire qui va attirer à elle les hommes, bienveillant ou non, jusqu’à son meurtre. Elle est rayonnante dans ce rôle tout de même caractérisé par une complexité bienvenue. Elle est à la fois sublime dans sa sensibilité, désarmée, seule mais aussi bitchy, arrogante, un poil détestable. Elle est vraiment sublime avec un sourire charmeur ravageur, qui va faire tomber les hommes un par un. On sent vraiment qu’elle s’est impliquée à 100% dans ce rôle, pas si anodin pour elle, comme pour rappeler qu’elle est bien plus que ce qu’elle n’apparaît, à savoir une quinquagénaire sur le déclin hollywoodien, mais bien une actrice en totale possession de son art. Il faut vraiment la voir alterner ses éclats de rire absolument pétillants et la solitude de cette femme.

Mosaic – HBO/OCS – 2018
Le problème au visionnage de ce premier épisode d’une mini-série de six, c’est qu’elle met en place tout une intrigue un peu trop basique et peu excitante. En cette ère du Peak TV, le polar whodunit a besoin d’originalité et pas d’une énième resucée. Et on en est pas loin ici. En n’ayant pas tout les éléments en mains, il est très difficile de s’intéresser au complot qui se fomente autour d’elle. Le rythme est lancinant, tentant d’introduire tout le monde, sans vraiment le faire. On a donc à la fois Sharon Stone, son meilleur ami gay, Garrett Hedlund, le jeune premier avide de se faire un nom, le beau-fils et toute sa clique. Ce n’est pas vraiment la faute de Soderbergh, mais plutôt dans le format ambitieux et exigeant.
La réalisation est tout de même excellente, avec une atmosphère anxiogène, très près des personnages, comme avait pu être The Knick (paix à son âme) avec des couleurs saturées. En l’état, ce pilote est intrigant, à défaut d’être passionnant, surement dû à son format. C’est comme si Soderbergh s’était un peu attaqué à un trop gros morceau, c’est à dire la narration interactive, propre au domaine du jeu vidéo, qui n’est pas son expertise. Espérons qu’avec cette expérience, il nous donne à l’avenir quelque chose de plus accomplie. Mais je ne peux vraiment pas en dire plus, si ce n’est que je suis intéressé de voir la suite, diffusée sur OCS au rythme d’un épisode par soir.
6/10