France 3 s’essaye à un nouveau genre avec La Forêt, une mini-série de 8 épisodes qui sera diffusée à l’automne. Découverte lors de la 8ème édition de Séries Mania, est-ce qu’on part tous faire un tour en forêt ? A la rédac, certains restent sur le bord du chemin.
Synopsis : Dans un petit village tranquille des Ardennes, une jeune fille de seize ans disparaît dans la forêt après avoir appelé sa professeure de français, en plein milieu de la nuit. Le capitaine Gaspard Deker, ancien militaire et père célibataire fraîchement arrivé, mène l’enquête avec Virginie Musso, la gendarme locale. Ils sont aidés par Eve Mendel, la professeure de français, une jeune femme solitaire au passé mystérieux : elle a été retrouvée enfant par le médecin du village, errant seule, muette, dans cette même forêt…
La Forêt n’a rien d’originale et reste très classique dans sa forme. C’est un polar de 8 épisodes concernant la disparition d’une jeune lycéenne… puis de nouvelles disparitions surviennent. L’enquête est bouclée au bout des 8 épisodes. C’est le genre de série qu’on voit un peu partout à la télévision ces dernières années. Mais pas vraiment sur France 3, qui d’habitude fait plutôt des enquêtes téléfilms ou des séries pour un public plus âgé.
Si avec La Forêt on a l’impression d’avoir vu ce genre de série 36 fois, elle se démarque plutôt sur l’écriture et ses personnages. C’est en effet bien écrit, les dialogues sont parfois lourd d’émotion et parfois à mourir de rire, entremêlés de situations cocasses. Ce sont les raisons principales qui font qu’on passe un très bon moment devant La Forêt.
De plus, Samuel Labarthe est excellent dans son rôle de chef de la police un peu psychorigide, complètement à contre emploi avec son rôle dans Les Petits Meurtres d’Agathe Christie. Ce n’est pas le seul. Ses collègues féminines (Suzanne Clément et Alexia Barlier) suivent la cadence à la perfection. En revanche, petit bémol sur le jeu des adolescentes.
On peut trouver quelques ressemblances avec la série de France 2 Zone Blanche. Hormis que les deux séries ont une forêt comme décor principal, quelques détails rappellent l’une et l’autre. Le passé trouble de l’héroïne, enlevée jeune, qui a perdu la mémoire. La présence d’un loup… et évidement ces meurtres dans la forêt.
Si la question se pose régulièrement sur une éventuelle saison 2 pour ce genre de série, à priori ça ne sera pas le cas pour La Forêt. l’équipe ne voit pas l’utilité d’une seconde saison. Mais sait-on jamais, la série sera programmée sur France 3 à la rentrée, si c’est un énorme succès la chaîne commandera peut-être une saison 2 avec une nouvelle intrigue. En attendant, j’irai jusqu’au bout du chemin pour découvrir ce que cache la forêt.
7/10
Partie rédigée par E.L.
Mais tout le monde n’a pas envie de faire le chemin en Forêt…
Il y a manifestement un quota d’originalité bien réduit chez France Télévisions vu les histoires fades et déjà vues qu’ils peuvent encore proposer alors qu’on parle de boom de la fiction. Phénomène Peak TV aux États-Unis… ou renouveau de la fiction française sous nos latitudes, pourrait-on dire. Le truc avec la peak TV, c’est que ça veut dire beaucoup plus de séries, et clairement France Télévisions en produit bien davantage maintenant, mais pour moi, ça veut aussi dire trois fois plus de bouses ou de séries médiocres. La problématique principale pour les appréciateurs passionnés est de savoir faire le tri. Pour ma part, une série comme La Forêt n’est donc destinée qu’à passer à la trappe.
Il y a certainement un public pour tout type de fiction et La Forêt n’est pas non plus une production absolument honteuse à mon sens, elle reste même suffisamment accessible. Mais pour être méritante de davantage de reconnaissance critique et se distinguer dans la masse, cet énième polar autour d’une disparition d’enfant aurait dû proposer un peu plus de fraîcheur et une vraie valeur ajoutée en termes de storytelling.
On est loin de tout ça. La Forêt s’en tient à un récit policier éculé et sans âme, dans une petite ville sans aucune personnalité. Les dialogues sont terriblement plats et ne donnent que très peu de consistance aux personnages dont les relations et tensions semblent forcées. De la même façon, quand la série tente d’instaurer du mystère autour de la fameuse forêt où a disparu la jeune fille, elle le fait de manière très appuyée. Le mot « forêt » est d’ailleurs répété un sacré nombre de fois, ce qui n’est qu’une illustration de la redondance des dialogues.
Le personnage de Eve (Alexia Barlier) l’enseignante issue de la forêt est à la limite l’élément le plus intrigant pour moi. Tout ce qui la concerne n’est pas complètement convaincant, on tombe souvent dans des clichés forestiers, dignes de séries Z (il faut laisser ces pauvres loups tranquilles bon sang de bois…) mais! Mais la série réussit un minimum à susciter la curiosité autour de ses origines et de son lien avec la jeune fille disparue. Sauf qu’elle ne cherche pas plus que ça à l’approfondir, s’entêtant à se la jouer « ensemble show » et lui accordant donc peu de temps. Ce qui n’a que bien peu d’intérêt quand l’essentiel de ses personnages ont si peu de personnalité et ne semblent agir qu’en outils de l’intrigue plutôt qu’en moteurs.
Les acteurs font quant à eux de leur mieux et clairement Alexia Barlier, Suzanne Clément et Samuel Labarthe sont ceux qui ont le meilleur niveau mais leurs personnages sont difficilement crédibles et ne sauvent pas une écriture assez pauvre. L’enquêtrice jouée par Suzanne Clément doit d’ailleurs être une des plus incompétentes qui soient, ce qui est d’autant plus triste qu’elle a l’air de vraiment s’investir dans son rôle.
Je passe donc mon chemin pour la balade dans La Forêt, le parcours s’annonçant bien trop balisé et convenu pour m’enthousiasmer.
3,5/10
Partie rédigée par Sam
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