Pour sa dernière à la Comédia, Un été 44 nous quitte avec une bonne nouvelle !

Un été 44
J’avoue que j’allais voir Un Eté 44 avec des a priori. Des bons et des moins bons. Des bons parce que j’aime la chanson française et que les auteurs annoncés du spectacle me faisaient envie : Aznavour, Benzi, Chamfort, Le Forestier, Goldman (mais j’y reviendrais). Le positionnement clair de Valéry Zeitoun, qui décrivait cette oeuvre comme un «spectacle musical» et semblait connaitre la nuance entre comédie musicale et spectacle musical me rassurait aussi.
Mais les a priori négatifs étaient là aussi. Par ce même Valery Zeitoun qui était dans une bande de producteurs connus via des émissions de télévision que je ne regardais pas et même que je méprisais un peu. Et sur le sujet de la deuxième guerre mondiale que je trouvais un peu galvaudé ? Tout n’a t-il pas été dit et sous toutes les formes ?
Bref, c’est d’un pas mi-hésitant et mi-affirmé que je franchissais les portes du Comédia pour la «dernière» de ce spectacle. L’éclairage bleu-blanc-rouge sur le rideau de scène me fait sourire en ces temps électoraux mais bien vite le rideau tombe et le spectacle commence.
Yvonne, Rose-Marie et Solange sont trois jeunes filles de Normandie. Comme toutes les filles de leur âge, malgré la guerre, elles rêvent d’avenir et d’amour. L’Histoire va venir bouleverser leur existence. Du 6 juin 1944 jusqu’à la Libération de Paris, des caves de Caen sous les bombes aux lampions de la Capitale en fête, elles vont se découvrir au cours d’un voyage qui changera leur vie.
Le premier acte nous présente des personnages à la suite, sans trop les lier. Un soldat américain, un petit gars résistant, trois jeunes femmes vivant cachées dont une amoureuse d’un soldat allemand. Valery Zeitoun n’a pas menti sur le terme de spectacle musical. Les chansons s’enchaînent avec un peu de théâtre entre, très peu de danse. Mais les acteurs/chanteurs sont bons, la scénographie efficace est très jolie. L’utilisation de projection est faite de manière maligne et le spectacle, à peu à l’instar de Résiste, est narré par la grande Marissa Berenson, faisant avancer l’histoire plus que ne le font les personnages.
La présence de musiciens sur scène apporte un belle vie à ces morceaux bien arrangés mais manquent un peu de relief. On s’attache doucement à ces personnages et l’ambiance pop de la musique bien que sans lien avec l’époque marche bien. Juste à la fin de l’acte deux chansons sortent du lot : «Les Rochambelles» et «Juste» qui claque comme un cri juste avant l’entracte.
Le deuxième acte sera beaucoup plus swing car nos héroïnes arrivent dans un café ou les GI dansent et chantent. On se rapproche plus d’un style de comédie musicale habituelle et le ton y est presque plus léger. Sauf la dernière chanson interprétée par la troupe complète «Ne m‘oublie pas». Cette dernière chanson a résonné de manière particulière à mes oreilles car son auteur compositeur n’est autre que Jean Jacques Goldman. En tant que grand fan de ce chanteur maintenant en retraite, ce n’est pas sans émotion que j’ai écouté cette chanson, réussi, et fermant merveilleusement ce beau spectacle.
Oui, Un été 44 est un beau spectacle. Visuellement d’abord grâce à des décors, une lumière et des artifices de scénographie modernes et bien maîtrisés Et aussi par sa musique même si cela manque de quelques chansons fortes. Le livret assez classique n’est pas complexe est surtout un liant entre les chansons. Mais il se dégage de l’ensemble une vraie qualité, un vrai ton et surtout une thématique sur nos vies et sur la liberté qu’il est bon de ne pas oublier.
Pour cette dernière, après une reprise d’une chanson par un choeur d’enfants de Paris, Valery Zeitoun lui même et venu annoncer qu’après cette dernière au Comédia, le spectacle serait repris au Folies Bergères du 15 septembre au 28 octobre 2017.
8/10