20th Century Women est un film qui parle de femmes à une période charnière de l’évolution sociale. Un film qui ne s’adresse pas qu’aux femmes.
20th Century Women – Mars Films – 2017
Mike Mills est le réalisateur de ce 20th Century Women, qu’il qualifie lui-même comme une autobiographie de sa mère, mais aussi des femmes qui l’ont en quelque sorte formé durant son adolescence. Tout comme son précédent film, Beginners, prenant son père comme personnage principal, Mike Mills utilise la figure de sa mère pour dépeindre son univers. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas passé inaperçu, car récompensé par une nomination aux oscars dans la catégorie de meilleur scénario original.
L’intrigue se situe en 1979, à Santa Barbara, un lieu idyllique. Le choix de la période est à la fois symbolique pour Mike Mills, car c’est l’âge de ses 15 ans et que c’est aussi une époque à l’aube d’une période de révolution sociale et morale. Moment où le rock devient « mainstream », où être libre devenait la norme, où les codes sociaux entre hommes et femmes devenaient de plus en plus flous mais de plus en plus égaux. Mike Mills tisse donc deux histoires, l’une sur sa période formatrice et l’autre sur la place de la femme dans la société.
Dorothea, mère de Jamie, campée par Annette Bening, est un paradoxe à elle toute seule. Ayant grandi avec en tête la volonté d’être pilote de chasse, la seconde guerre mondiale s’est terminée avant qu’elle n’est pu finaliser sa formation et du coup se retrouve à être designer industriel, dessinant des schémas de machines, dans un environnement masculin. Pragmatique, voire impassible face à l’adversité, Dorothea tente d’élever son fils Jamie (Lucas Jade Zumann) en tant que mère célibataire progressiste. Sa façon de faire est paradoxale. Femme libre et émancipée, elle se retrouve tout de même être le produit de son époque, en tentant de lui trouver une figure masculine. Un homme doit prendre exemple sur un homme, c’est bien connu. Sauf que dans son entourage, seul le bricoleur de la maison William (Billy Crudup) se trouve être présent. Mais William ne fait pas de l’engagement une priorité. Il n’est donc pas trop un modèle à prendre. Pour l’aider à l’élever, Dorothea demande donc aux personnes qui sont le plus proche de Jamie, à savoir une artiste photographe punk Abbie (Greta Gerwig) et à Julie (Elle Fanning) étant malheureusement l’obsession de Jamie.
Ces trois femmes fortes sont admirablement bien écrites et interprétées. Chaque personnage est bien caractérisé et est loin une caricature, même si certains aspects font maintenant partis de certains archétypes. Les interactions avec ce jeune garçon, avec un certain trait d’esprit vif, captif, et émotionnellement intelligent, amènent à des situations loufoques, excentriques. Lors d’une discussion avec un camarade de lycée, lui racontant sa conquête de la veille, il lui demande innocemment si celui-ci a bien pris en compte la stimulation clitoridienne, sujet qu’il a lu dans “Our Bodies, Ourselves”, livre féministe donné par Abbie.
20th Century Women est un film magnifique dans la représentation de ces femmes fortes, complexes, libres, mais aussi confrontés aux limitations qu’on leurs imposent et surtout leurs résiliences faces à ces limitations. Et surtout, on aime voir à l’écran ses personnages complexes, et sommes toutes, carrément humains. C’est beau !
8/10
Sur Nos Ecrans 