Après un passage par l’Alhambra et Avignon, Le spectacle musicale « juke-box » autour de Renaud s’arrête au Théâtre du Palais Royal en première partie de soirée. Faut-il plonger dans le passé pour visiter Le p’tit monde de Renaud ?

Le P’tit Monde de Renaud
Synopsis : Sur scène tour à tour terrain vague, fête foraine ou HLM, un jeune aspirant chanteur raconte sa vie, ses copains, ses amours et son univers, celui de Renaud. La banlieue du début des années 80 et ses baloches, ses bastons et ses autos tamponneuses.
Renaud pour moi c’est vraiment une époque. Pas ma jeunesse, le calendrier et le hasard m’ayant fait naître une dizaine d’années plus tard, mais c’est surtout une ambiance. Les routes et les villes qu’il évoque dans ses chansons je les connais, les combats et les figures politiques qu’il dépeint faisaient aussi partis de mon paysage. J’ai écouté les chansons de Renaud, je les ai même grattées à la guitare dans ma chambre d’adolescent. J’étais même là à ses concerts et à son premier retour dans un « boucan d’enfer ».
La replongée dans cette ambiance me réjouissait et m’inquiétait à la fois. Les chansons de Renaud racontent des petites histoires mais sont aussi porteuses de messages et d’indignation qu’il serait dommage de travestir.
Dans mon fauteuil attendant le début du spectacle je souris en observant le public varié. Sur la scène un faux mur tagué « Le père Noël est un poivrot » entraîne une question d’une jeune fille de 10 ans à son père « Papa c’est quoi un poivrot ? ». Car oui le langage des chansons de Renaud est un argot qui a presque disparu, comme tous les argots de jeunesse.
Le spectacle démarre par trois musiciens en front de scène qui reprennent instrumentalement du Renaud. Je pense que c’est la première partie, je me trompe, ce sont les musiciens du spectacle qui seront présents pendant tout le spectacle, apportant vie et dynamisme à l’ensemble. Arrive alors le personnage principal, Lucien, que nous suivrons dans son histoire. Banlieusard qui rêve de chanter, il croisera tout au long de sa route des personnages crées par Renaud dans ses chansons : Gérard Lambert, Pépette, La Teigne, Le beauf et bien d’autres encore.
Les six comédiens, quatre garçons et deux filles, multiplient les rôles et chantent tous avec talent, même si le chant n’a jamais été le point fort de Renaud. Les chansons connues, ou pas, s’imbriquent bien dans une histoire assez classique mais touchante sur les rêves et la réussite. De vraies moments émouvants, parfois attendus, car quand on connait les chansons de Renaud on sait que les braquages finissent rarement bien. Mais aussi des idées osées comme une reprise de Mistral Gagnant un peu « différente ».
Que l’on connaisse les chansons de Renaud par cœur ou pas, le spectacle fonctionne. Les arrangements sont originaux sans contredire l’ambiance des chansons et la volonté de placer l’histoire à la bonne époque rend l’ensemble très cohérent. Pour ma part, je chantonnais quasiment toutes les chansons, doucement parce que je suis un voisin de siège sympa, et parfois ça me sortait un peu de l’histoire mais c’est le lot des spectacles juke-box. L’équilibre entre tubes et chansons moins connues est bien trouvé et m’a fait découvrir quelques pépites du gars Séchan.
Le p’tit monde de Renaud est un spectacle réussi, ouvert à tous, fans et non fans, qui nous rappellent surtout cruellement que le monde d’il y a 30 ans n’a malheureusement pas beaucoup changé tant les thématiques abordées sonnent encore juste aujourd’hui. Mais la patine du langage poético argotique de Renaud garde sa magie encore aujourd’hui.
8/10
Article rédigé par Laurent Doucet