Séries/Tout commence avec un pilot

[Pilot] The Good Fight : The Better Show ?

The Good Wife sans The Good Wife, qu’est-ce que ça donne exactement ? C’est le principe à la base de The Good Fight, spin-off de la série politco-judiciaire largement acclamée de Michelle et Robert King. Première série originale de l’offre de streaming de CBS, son premier épisode est enfin disponible pour un jugement en règle.

The Good Fight - CBS - 2017

The Good Fight – CBS – 2017

Synopsis : Un an après les événements de la fin de The Good Wife, un terrible scandale financier entache la réputation de Maia Rindell, une prometteuse jeune avocate et fait perdre à Diane Lockhart, sa marraine et mentor, toutes ses économies. Les deux femmes sont forcées de quitter l’ancienne firme de Diane pour rejoindre Lucca Quinn dans le plus grand cabinet afro-américain de Chicago.

Christine Baranski - The Good Fight - CBS - 2017

Christine Baranski – The Good Fight – CBS – 2017

Le monde impitoyable des avocats de Chicago de The Good Wife rouvre ses portes pour une version garantie sans perruque avec The Good Fight. Cette suite inespérée, c’est aussi un peu une version améliorée de ce qu’a pu être The Good Wife. Il a juste fallu pour cela se séparer de la « good wife » en titre. Pas que cette chère Alicia ne soit pas regrettée, mais concilier son parcours avec ceux d’autres personnages devenait une tâche de plus en plus compliquée pour la série. Ce spin-off est donc une belle occasion de faire table rase pour partir sur de bonnes bases. Exit donc Alicia Florrick, plus de Eli Gold non plus… et ouf, enfin débarrassé de Peter Florrick ! La seule figure des débuts de The Good Wife qu’il reste, c’est Diane Lockhart. Elle devient la nouvelle lead et c’est une consécration plus que méritée pour l’immense Christine Baranski après tant d’années limitée à un rôle généralement annexe. Son personnage a toujours été une des valeurs sûres de The Good Wife, en tant que brillante avocate idéaliste, nous éblouissant toujours de son élégance sans pareille. Sérieusement, il y avait-il qui que ce soit de mieux habillé qu’elle sur les networks américains?

Diane assume ainsi avec aisance la fonction de nouveau centre de gravité, et si The Good Fight semble bien plus chorale que The Good Wife, elle est clairement le pilier de la série. Un rôle pour lequel Christine Baranski a définitivement les épaules, passant déjà par toute une série d’émotion dans ce 1er épisode. C’est son personnage qui connaît la chute la plus sévère et c’est la meilleure idée que pouvaient avoir les Kings, à mon sens, parce qu’en 7 saisons de The Good Wife, Diane a pu faire face à certaines difficultés et dilemmes moraux mais n’a jamais été sérieusement mise en danger personnellement. La voilà sérieusement challengée, contrainte d’abandonner ses projets de retraite paisible et de ravaler sa fierté pour s’en sortir. Elle qu’on a toujours vue au top se retrouve dans une situation inédite.

Christine Baranksi & Cush Jumbo - The Good Fight - CBS - 2017

Christine Baranksi & Cush Jumbo – The Good Fight – CBS – 2017

La perspective la plus alléchante et prometteuse de ce spin-off pour moi, c’est son recrutement par un cabinet majoritairement afro-américain, le seul qui veuille encore bien d’elle. Bien sûr, dans la tradition de The Good Wife où tout le monde est utilisé à un moment par les autres, c’est davantage par opportunisme que pure charité. C’est en tout cas un milieu qui permettra de confronter Diane à ses contradictions pour évoluer, et cela certainement mieux que les timides essais de la dernière saison de The Good Wife. Par ailleurs, c’est un nouveau contexte qui nous offre déjà de nouveaux personnages hauts en couleur comme le charismatique Aidan Boseman, interprété avec énergie par Delroy Lindo et la charmante Barbara Kolstad, Erica Tazel aussi gracieuse ici qu’elle avait pu être badass dans Justified. C’est aussi un grand plaisir de pouvoir retrouver Cush Jumbo en Lucca Quinn chez Reddick, Boseman & Kolstad, l’une des meilleures surprises de la saison 7 de The Good Wife, qui peut enfin profiter ici d’un vrai approfondissement, tout en contribuant à la transition de Diane vers ce nouveau cabinet.

Hasard du timing, ce spin-off commence alors que Donald Trump est devenu Président des États-Unis (je ne m’habituerai jamais à écrire cette phrase…), alors que tout prédisait une victoire de Hillary Clinton, brisant enfin le plafond de verre pour les femmes aux États-Unis. La première scène de The Good Fight montre d’ailleurs Diane, atterrée devant le discours de Golden Moumoute lors de son investiture. Si cela m’a personnellement semblé un peu gratuit, bien qu’assez drôle, j’ai réalisé que c’était une façon finalement appropriée de souligner d’entrée de jeu à quel point la série est en phase avec l’état d’esprit actuel aux États-Unis pour les libéraux et les minorités. La victoire de Trump, symbole d’une Amérique rétrograde, haineuse, sexiste et raciste, est un revers du destin qui sonne le pays et incite à reprendre en force le combat pour défendre droits humains fondamentaux et préserver les progrès sociaux déjà acquis. C’est un peu une histoire similaire de retour au combat que The Good Fight raconte quand Diane est obligée de retourner pratiquer le droit après avoir cru être arrivée en fin de parcours.

Ce n’était peut-être pas l’intention de la série à l’origine mais elle s’avère donc particulièrement d’actualité et nécessaire dans ce climat politique. Ce qui est toutefois paradoxal, c’est que les intrigues politiques auxquelles nous avait habitué The Good Wife semblent pour l’instant évacuées de The Good Fight qui ne comporte plus aucun personnage lié à la politique. La série, contrairement à sa grande sœur, est purement judiciaire. Nul doute que ça ne l’empêchera pas d’aborder des sujets de société brûlants ou de faire référence à la vie politique américaine, comme The Good Wife l’a aussi toujours fait à travers ses procès. Je pense même que c’est tout au bénéfice du bon fonctionnement sur le long-terme du spin-off de ne pas s’encombrer de cette dimension politique que The Good Wife a elle-même toujours eu du mal à intégrer harmonieusement à l’ensemble. C’est un choix qui fait du bien dès ce pilot qui offre une bonne répartition du temps entre les personnages, tous étant liés de manière cohérente et naturelle, puisque tous font partie du même monde professionnel.

Cush Jumbo & Rose Leslie - The Good Fight - CBS - 2017

Cush Jumbo & Rose Leslie – The Good Fight – CBS – 2017

Les personnages de The Good Fight sont aussi une opportunité de corriger certaines imperfections de The Good Wife en matière de diversité. Autant dire qu’avec un casting majoritairement féminin, comportant également plusieurs afro-américains et une lesbienne, The Good Fight rattrape largement le coup. En parallèle de toutes ces améliorations, The Good Fight reste fidèle aux racines de The Good Wife. On retrouve avec délectation la patte particulière des Kings dans l’écriture, intelligente et impertinente, mêlant efficacement drame et comédie… eh bien sûr cette musique! Ah cette bande-son grandiose reconnaissable entre mille. La série reconnaît aussi complètement son passé mais sans être accablé par son poids. Elle recourt à des allusions assez discrètes à Alicia ou à un regard de Diane qui s’attarde sur une photo de Will. Ce sont de jolis clins d’œil pour les fidèles de The Good Wife qui ne perturberont pas non plus d’éventuels nouveaux spectateurs.

En attendant, il y a suffisamment de nouveaux éléments pour qu’il y ait un plaisir de la découverte tant pour les anciens fans que pour les nouveaux arrivants. La jeune Maia leur sert ainsi de point d’entrée dans cet univers. Elle joue un rôle assez classique de novice, étant une avocate toute juste diplômée, en pleine découverte de son nouveau milieu, mais cela permet des scènes utiles d’introduction et de présentations entre personnages. Rose Leslie se démène d’emblée pour garantir à son personnage un bon capital sympathie et je dois avouer que sa fraîcheur et sobriété contribuent très vite à rendre Maia crédible et attachante. Ce qui la rend intéressante pour les anciens fidèles de The Good Wife, c’est que ce qui lui arrive fait beaucoup écho à la situation de départ d’Alicia et la série ne manque pas jouer sur les parallèles (cette éternelle obsession de Kings). Pour autant, Maia n’est pas la « nouvelle good wife », elle se trouve dans une position bien différente dans l’échiquier de la série, où tout lui reste à construire et c’est une perspective plus qu’enthousiasmante de pouvoir assister à ça.

En bref, le défi de réinventer une série comme The Good Wife tout en conservant ses qualités dans un spin-off réinvestissant son univers s’annonçait périlleux mais les Kings dépassent toutes les attentes avec ce lancement. The Good Fight s’inscrit dans la continuité de The Good Wife et reprend les codes du succès de la série mère, tout en faisant voler en éclats son cadre. Elle promet un séduisant mélange entre familiarité et fraîcheur qui ne souffre aucunement de l’absence de ses anciennes figures phares. Il n’y a définitivement pas d’objection à avoir, ce pilot avance des arguments plus que convaincants.

8/10

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