Avant-premières/Films

Les Délices de Tokyo : une chronique légère et sucrée

Une histoire japonaise qui sent bon la cuisine locale, ou plutôt la pâtisserie et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la fabrication des dorayakis que l’on veut nous raconter ici. Mais bien plus que cela, la réalisatrice de La Forêt de Mogari ( Grand Prix au festival de Canne 2007) nous offre aussi une chronique sociale émouvante et pleine d’espoir.

les délices de tokyo

Les Délices de Tokyo – Haut et Court – 2016

Synopsis : Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable.

La caméra colle au personnage et cela dès les premiers plans, interdisant toute création de perspective. On pourrait croire à un refus de cinéaste de faire un film à simple intérêt touristique, qui pourrait aider à son exploitation à l’international. Mais le parcours de la réalisatrice Naomi Kawase : venant du monde de la photographie, arrivant au cinéma par le documentaire, explique ce refus de coller aux clichés d’un cinéma « attractif ». Ses réalisations se font depuis ses débuts avec un budget modeste et sans star. Elle privilégie constamment un chemin narratif inhabituel, mêlant chronique journalière de fiction avec des images documentaires. Ainsi ce qui pourrait être vu comme un défaut est en fait un moyen de filmer avec davantage de précision le quotidien au jour le jour et la rencontre inattendue d’une collégienne un peu perdue (Kyara Ushida), d’un homme dépressif (Masatoshi Nagase) et d’une petite dame au grand cœur (Kirin Kiki).

Le jeu des acteurs tout en finesse et retenu tisse un lien entre la fiction et le monde réel, Kirin Kiki interprète Tokue de façon chaleureuse, mettant en avant l’aspect attendrissant de cette rêveuse inconditionnelle. Masatoshi Nagase l’accompagne avec pudeur, acteur moins connu, ayant eu des rôles aussi divers que disparates depuis les années 1990, il crée ici avec authenticité un personnage d’alcoolique au bord de l’auto destruction. Les personnages sont confinés presque tout le long du film dans la petite boutique de Sentaro. Un moyen de montrer l’isolement du personnage et sa mélancolie. Mais ce qui touche alors est la façon dont cette femme à l’allure chétive mais pleine de vie va lui redonner le goût des choses simples, regarder les cerisiers fleuris dans les rayons du matin, écouter le chant des haricots cuire à feu doux. Tokue est une rescapée de la lèpre, elle compte parmi ces nombreuses personnes exclues de la société et enfermées à tort depuis l’enfance dans des sanatoriums pour limiter les risques d’infections. Et pourtant, aucune rancune ne viendra jamais dans ses paroles, le cinéaste montre un être plein de sagesse et de mélancolie qui donne au monde bien davantage qu’il ne prend.

Les délices de Tokyo se révèle être incroyablement touchant et beau de simplicité. En ces jours froids et grisonnant d’hiver, rien de mieux que ce petit film doux et sucré pour se réchauffer.

7/10


Sortie en France : 27 janvier 2016
Réalisation : Naomi Kawase
Acteurs : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida
Genre : Drame
Nationalité : Japonais
Distributeur : Haut et Court

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