Et oui, vous l’aurez compris, encore un film de patrimoine pour le réalisateur, encore un film sur la guerre, mais attention, cette fois ce sera la deuxième et non la première ! Comme pour Joyeux Noël, Christian Carion a choisi de se concentrer sur un chapitre, peut-être oublié, de l’Histoire, l’Exode de 1940 dans les campagnes du nord de la France.
Synopsis : Mai 1940. Pour fuir l’invasion allemande, les habitants d’un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent avec eux dans cet exode un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, celui-ci se lance à la recherche de son fils, accompagné par un soldat écossais cherchant à regagner l’Angleterre…
En parallèle de l’histoire, des villageois fuyant la commune d’Arras, il y a celle d’un allemand, Hans qui après s’être caché dans la commune avec son fils se fait emprisonner. Le film se transforme alors en Odyssée, celle d’un père à la recherche de son fils. Sur son chemin il rencontrera Percy, un soldat écossais, brillamment interprété par Matthew Rhys. En effet, en ce qui concerne le casting toujours aussi diversifié selon les habitudes du réalisateur, un grand écart se fait entre les jeux naturels et justes de certains et ceux exagérés et ridicules d’autres. Olivier Gourmet jouant le maire de la commune en fait beaucoup trop à appeler à n’en plus finir son cheval Hitler et il fait bien pâle figure devant Mathilde Seigner. Les blagues sont grosses et sont parfois un peu dure à avaler. Certaines figures tournent au caricaturale : de l’ivrogne du village qui s’endort dans sa cave à vin de peur de laisser ses meilleures bouteilles aux allemands, au réalisateur de films de propagande nazi pervers…
La façon enjolivée avec laquelle le film dépeint cette période, comme une volonté de mettre sous papier glace une scène de défaite pour l’accrocher aux mur des victoires, ne fait qu’amoindrir la valeur de ce qui est raconté et les personnages ne sont plus alors que de simples pantins aux répliques médiocres et triviales. Le récit est en effet basé non pas sur une histoire en particulier mais sur des bouts que l’on aurait assemblé, comme pour faire un condensé de tout ce qui « a pu » ou « aurait pu » se produire pendant l’Exode. Ainsi certains détails paraissent presque vulgaires, comme une horloge bien huilée, la trame défile et les épisodes s’enchainent : la fuite, l’opposition, la réconciliation, l’attaque de l’aviation, les morts que l’on enterre, etc, etc, l’un des pompons sera, sans nul doute, les retrouvailles du père et du fils allemands dans un cimetière anglais (qui selon le réalisateur, était une évidence à l’écriture du scénario…voyez-vous ça).
Il y a un manque d’audace, de style flagrant. Et pourtant l’ambition du réalisateur ne manquait pas, toujours en quête de rendre hommage à la France et ses disparus. Pour cela, il avait choisi de le faire à la façon Hollywood, ce n’est plus un film de guerre français mais… un western, d’où le choix de Ennio Morricone pour composer la musique. Mais honnêtement, mis à part les plans aériens sur les champs de blé et une citation flagrante du Vol du Grand Rapide, qui pourra affirmer, en sortant, avoir vu un film d’inspiration du genre western ? La musique de Morricone a beau être bouleversante, elle ne fait qu’étouffer les scènes d’un surplus dramatique, faisant durer certaines dans le seul but de cacher un manque évident de réel scénario.
5/10
Critique rédigée par A. Matz
Sortie en France : 04 novembre 2015
Réalisateur : Christian Carion
Acteurs : August Dhiel, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Laurent Gerra, Matthiew Rhys
Genre : Historique
Nationalité : France
Distributeur : Pathé Distribution