The Grinder – FOX – 2015

C’est l’autre série de la soirée thématique « vedettes télé sur le retour » du mardi de la FOX avec pour tête d’affiche Rob Lowe (The West Wing, Brothers & Sisters, Parks & Recreation), The Grinder a débuté cette semaine pour proposer un concept de mise en abîme assez improbable. Mais au-delà de ça, c’est aussi une série judiciaire, une parodie et une comédie familiale. The Grinder aurait-elle les yeux plus gros que le ventre ?

Première question, celle que tous les spectateurs francophones de ce pilot, très nombreux, à n’en pas douter, n’ont pas osé poser et que je me dévoue à investiguer : un grinder, kézako ? Si j’en crois le dictionnaire urbain en ligne, le terme désigne « quelqu’un qui sait toujours gérer ses merdes » (« Someone staying on top of their shit »), plaçant donc la thématique de la compétence au cœur de la série de la FOX. Non, rien à voir avec l’application de rencontres gay en ligne Grindr – l’orthographe c’est important, pas de « e », à croire que les voyelles ne font pas assez Génération Y.

Une proximité de noms qui a dû en induire certains en erreur qui se sont retrouvés probablement déçus du véritable produit… à moins d’être particulièrement fan de Rob Lowe. Ça peut se concevoir, ça reste le membre de la distribution originale de The West Wing le mieux conservé (Bradley, ressaisis-toi, bon sang !). Autant dire, d’ailleurs, que les amateurs et amatrices du monsieur trouveront leur compte dans ce pilot où il a le champ libre pour cabotiner à loisir, tel un Frank Dubosc avec du charisme. Pour moi qui ne le porte pas plus que ça dans mon cœur, disons que j’aurais aimé qu’on lui offre un champ encore plus vaste pour se challenger davantage au lieu du matériel assez convenu qui est proposé. Ses meilleures scènes sont d’ailleurs celles du tribunal, où la série se laisse aller à plus de loufoquerie, qui fonctionnent d’autant mieux en décalage avec le sérieux du contexte. C’est à mon sens le meilleur angle créatif à exploiter, mais il faut que la série joue davantage sur ce contraste entre l’absurdité du personnage de Rob Lowe et la vie réelle. Il y a un équilibre plus adéquat à atteindre ici. J’ai trouvé, toutefois, que Lowe trouvait un bon camarade de jeu en Fred Savage, son frère à l’écran qui incarne la partie plus terre-à-terre de la série. Ça constitue déjà une bonne base de travail.

Rob Lowe et Fred Savage – The Grinder

Il n’empêche que pour une comédie de télévision qui se base sur un pitch sortant des sentiers battus, c’est assez décevant de la voir emprunter des chemins narratifs assez rebattus, justement. Les surprises sont assez rares dans le déroulé de ce pilot. Je ne lui demandais pas non plus de réinventer la roue mais reste qu’à partir du modèle vu et revu de scénario sur deux personnalités que tout oppose mais qui vont apprendre l’une de l’autre, il y a toujours matière à innover sur l’humour. Peut-être que pour ça, il faudrait que la série sache exactement ce qu’elle veut raconter. C’est une légère sensation de dispersion que j’ai senti se dégager de l’ensemble. Est-on face à une parodie de série ? Une satire juridique ? Une comédie familiale ? Ce sont toutes des pistes intéressantes mais que le pilot n’arrive pas à présenter dans un tout harmonieux et cohérent.

En résumé, The Grinder fait l’essentiel pour poser son cadre, ça on ne peut pas le lui enlever, l’exposition est correctement traitée. Il y a néanmoins un décalage entre ce qu’elle dit être et ce qu’elle fait. Un récit sous la forme de mise en abîme, c’est l’opportunité pour de belles expérimentations télévisuelles, des clins d’œil… pas besoin de se la jouer Community, je conviens qu’il faut s’adresser au grand public aussi. Mais je crois qu’au final, The Grinder a voulu être plus grinder que grinder et maîtriser trop de choses quand elle aurait eu plus intérêt à lâcher prise.

4,5/10