Canal + lance le 4 avril sa nouvelle création originale signée Olivier Marchal : Section Zéro. A l’occasion du lancement de cette nouvelle série d’anticipation, nous avons pu rencontrer son créateur Olivier Marchal, les producteurs Thomas Anargyros et Edouard de Vésinne, le directeur de la fiction de Canal + Fabrice De La Patellière, mais également le cast : Ola Rapace (Sirius), Catherine Marchal (Ellie), Francis Renaud (Bob), Juliette Dol (Cheyenne) et Laurent Malet (Papa Charly).
Olivier, vous disiez avoir les pétoches, qu’est ce qui vous a fait peur dans ce projet ?
Olivier Marchal : Je m’attaque à un genre maîtrisé par les américains, même si on n’est pas dans la science-fiction et que c’est de l’anticipation, c’est pour moi un genre nouveau. Les producteurs ont eu peur comme moi, on ne savait pas où on allait au début. C’est une expérience qui a duré 3 ans. C’était un risque parce que c’est nouveau, et moi je fais du polar contemporain. Là c’est un hommage à Mad Max, un film qui m’a marqué quand j’avais 20 ans, je voulais retranscrire ce côté anxiogène que j’avais vu dans le film. Pour une chaîne française c’est quelque chose de nouveau.
Thomas, Edouard, qu’est-ce qui vous a séduit dans Section Zéro ?
Thomas Anargyros : On avait très envie de travailler avec Olivier. Il y avait eu l’expérience Braquo. On suit Olivier depuis ses premiers films. On avait très envie de travailler avec lui, on en avait parlé plusieurs fois, on attendait justement l’histoire, les personnages qui viendraient. Le côté nouveauté qu’il nous a proposé à travers l’anticipation nous a effectivement excité. Comme le dit Olivier il y a un risque, mais il y a toujours un risque. L’idée de voir son univers, ces thèmes, ces personnages, des choses assez familières mais projetées dans un avenir terrible, ce côté futuriste, c’était une promesse très excitante. On a sauté dans l’eau.
Quand on se jette dans l’eau, quels sont les défis pour ne jamais se noyer ?
Fabrice De La Patellière : Déjà on connait Olivier depuis longtemps. Ce projet quand on l’a lu nous a saisi par à la fois son originalité et sa force et aussi dans le fait qu’Olivier va plus loin que où il avait été auparavant. C’est de l’anticipation pas seulement pour faire de l’anticipation. C’est pour raconter quelque chose de beaucoup plus profond sur le monde dans lequel on vit, et on a retrouvé dans le projet, comme à chaque fois avec Olivier, la force de la dramaturgie des personnages, c’est toujours l’amour, la haine, la famille, les amis, les trahisons, puis le propos politique en sous texte, c’était plus fort que jamais.
Olivier, vous dites que vous avez écrit Section Zéro car il y avait un trop plein de violence en vous, il fallait vraiment que ça sorte par l’écriture ?
Olivier : J’ai perdu mon ami Denis Sylvain qui interprétait le Commissaire Bordier dans Braquo en saison 1. C’était un frangin. Il est parti d’un cancer foudroyant et je suis parti dans une espèce de dépression pas mal alcoolisée avec un rejet de tout. J’ai commencé à écrire Section Zéro à ce moment là. J’en voulais à la terre entière qu’il soit parti, je voyais l’état des institutions. Comme je le dis la France est devenu un pays de droit et non pas de devoir, je suis un homme de devoir et je me suis un peu abandonné dans cet écriture. Evidemment j’ai eu peur qu’on soit ridicule, déjà d’arriver dans un univers qui n’est pas le notre, que ça soit trop trash, trop violent. Est-ce que dans le contexte actuel les gens ont envie de se prendre tour ça dans la gueule ? On est toujours en empathie avec les personnages et c’est ce qui cautionne cette violence. On dénonce vraiment les flics qui se lèvent et ne savent pas s’ils seront en vie le soir. On a tourné bien avant les événements qui nous ont touché en France.
L’écriture façon américaine est-elle importante pour Canal + ?
Fabrice : Évidement le style d’Olivier est très original et particulier, c’est pourquoi on y est très attaché. Pour être sincère, on ne l’a pas encouragé à aller dans ce sens là pour les ventes internationales. Il y a quelque chose d’assez universel dans cette histoire. Il est totalement libre.
Olivier : je n’ai jamais autant travaillé que sur cette série.
Ola, pouvez-vous nous parler de votre personnage ?
Ola Rapace : C’est un flic sans espoir, désillusionné, violent mais pas cynique. Son tatouage « Prepare to fight » définit le personnage.
Catherine, et vous pouvez-vous décrire votre personnage ?
Catherine Marchal : Mon personnage fait parti des flics de l’époque d’avant, du passé donc, et toujours en quête d’espoir et de faire en sorte que le monde ne s’écroule pas complètement. Ce sont les derniers combattants. Avant d’être une série d’anticipation c’est un polar, sous une forme de western, moi je le vois comme ça. Tous ces personnages ont une violence en eux car ils sont au milieu de la violence. Ils sont obligés de vivre avec et de l’utiliser car on ne peut pas combattre le mal sans faire le mal. C’est leur façon de vivre chaque jour. Comme le dit Olivier, ils se lèvent le matin sans savoir s’ils seront vivants le soir, donc forcément ça fait des journées un peu différentes du commun des mortels. Pour eux la mort est quotidienne, ils sont prêts à mourir pour leur cause. Ne pas aller au bout de leur cause, de l’espoir qui leur reste ce n’est pas être vivant.
Juliette, vous êtes un peu nouvelle dans l’univers d’Olivier, comment on se sent sur un plateau où il y a une grande violence dans le scénario, était-ce facile pour vous de vous intégrer ?
Juliette Dol : J’ai eu les boules au début (rires) mais c’est vrai que ça a été facile. Ils m’ont beaucoup soutenues au début. J’ai moi même un caractère agressif, mais ça a été facile.
Francis, vous êtes un habitué de l’univers d’Olivier, comment intègre t-on cette équipe ?
Francis Renaud : Olivier nous amène dans son univers avec beaucoup de générosité, il ne formate pas du tout. Il a une liberté énorme, il travaille avec des gens très présents. Il a une noirceur extrêmement poétique, c’est quelqu’un encré dans la réalité. Tous les personnages sont habités d’un fort caractère et d’un côté très sombre mais extrêmement humain. Je suis très fier de cette série, merci Olivier.
Laurent, vous êtes nouveau dans l’univers d’Olivier, parlez-nous de votre intégration et de votre personnage ?
Laurent Malet : Je fais parti du petit nouveau qui rentre dans la famille d’Olivier. J’ai une immense gratitude envers lui qui a tenu sa promesse car ça fait des années qu’il me dit qu’il va me faire tourner. Il a un esprit de loyauté. Papa Charly arrive surtout à partir de l’épisode 3. Olivier me l’a présenté comme ça « Écoutes, Papa Charly c’est moi, c’est un rôle que j’aimerais faire, que je pourrais faire mais bon je ne vais pas avoir le temps c’est trop dur il y a trop de boulot. Tu es trop vieux pour jouer les jeunes donc celui là c’est pour toi ». J’ai dit génial, banco, c’est formidable. Il ne m’a même pas fait passer d’essais. Papa Charly fait également parti de cette équipe à l’ancienne, ces flics qu’affectionnent Olivier. Papa Charly est le dernier lien je pense, même culturel car il écoute de Sacha Distel, avec notre monde d’aujourd’hui. C’est beau qu’il soit encore le relais de tout ça.
Olivier, pourquoi avoir choisi Ola Rapace en rôle principal et qu’a t-il amené au personnage que vous avez écrit ?
Olivier : J’ai cherché parmi les acteurs français, c’est vrai que c’est très compliqué de trouver en France un acteur qui soit beau, physique, bon. Je voulais un Russel Crowe à la française. En France malheureusement on n’a pas cette culture du corps et de l’esprit. On a des bons acteurs un peu fragile, on est un peu feignant sur le sport c’est vrai, moi le premier. La directrice de casting m’avait parlé d’Ola qui est une grosse vedette en Suède. On a eu un premier rendez-vous raté, on devait se rencontrer à Paris, et Ola m’a attendu, mon téléphone était cassé. Première fois que je ne viens pas à un rendez-vous avec un acteur que je ne connais pas. Je pensais il serait fou de rage mais en fait ça l’a fait marrer car il est comme moi. Je suis allé le voir ensuite sur le tournage d’un film de free fight et on a eu le coup de foudre. Je me suis excusé, je lui ai apporté une bouteille de Champagne, et tout de suite ça a collé. Il s’est prêté aux essais. On avait pas peur de sa prestation mais on avait peur de la langue, car il est suédois. On a récupéré beaucoup de choses en synchronisation. Il a fait un travail à l’américaine. C’est un mec génial également en dehors, j’aurai aimé être comme lui. C’est un acteur puissant, quand je l’ai vu j’ai su que j’avais mon Sirius. Tout le monde s’est calé sur lui. J’ai eu des acteurs merveilleux. Pascal Greggory a également été merveilleux, il joue un salaud. Au début je ne voulais pas le voir, j’ai refusé 3 fois, C’est Chéreau, je me suis dit qu’il allait me prendre pour un con, il ne donne pas dans le cinéma de beauf. Et pareil, coup de foudre quand je l’ai vu. Il fait des choses folles et il a adoré. Les acteurs ont eu une vraie jouissance de jouer ça, c’est unique, en France on ne fait pas des séries comme ça.
20 semaines de tournage en Bulgarie, pour vous y-a t-il eu des choses pendant le tournage qui vous ont marquées ?
Laurent : On a tourné dans un cimetière avec des tombes à perte de vue avec la ville au fond, les brumes et les neiges de l’hiver. C’était très étrange. Sur le plan graphique c’était splendide.
Sirius est un résistant, qu’est ce qu’un résistant pour vous en 2016 ?
Olivier : On écrit des gens qui résistent car on subit tous. On souffre de subir, surtout subir les politiques. On subit l’infos, les agressions perpétuelles, les émissions à la con, l’horreur, j’aimerais que Section Zéro fasse le travail aujourd’hui. On ne va pas supporter des années l’horreur qui fait que de s’accroître. Il n’y a pas d’espoir pour moi, j’ai 4 enfants et je ne pense qu’à ça.
Est-ce que vos personnages sont des héros ? Car ils sont souvent borderline.
Olivier : Oui, les héros ne sont pas sans défauts. Ce sont des personnages qui ont décidé de protéger et servir à leur manière. Entre la violence et la lâcheté j’ai choisi la violence, c’est une phrase de Gandhi. La violence est nécessaire plutôt que le déshonneur. Ce sont des gens qui se battent avec leurs petits moyens. Sirius n’est pas cynique, c’est un mec violent mais qui souffre d’être comme ça. C’est ce que j’ai ressenti quand j’étais flic. Le début de Braquo était à l’origine beaucoup plus violent. Le premier interrogatoire était hyper violent, c’était une affaire qu’on avait faite où 2 mecs avaient violé une femme enceinte, ils avaient sorti le fœtus, ils y avaient mis le feu et l’avaient égorgée. On a employé des moyens qui ne sont pas du tout légaux. La vie de flic c’est aussi ça et on comprend que des flics disjonctent. Ils se débattent comme ils peuvent. Pour moi les flics sont des héros.
Ce n’était pas possible de faire Section Zéro dans un monde contemporain ?
Olivier : Non car la violence n’aurait pas été acceptée. C’est un peu un délire, je voulais faire mon Mad Max à moi sans aucune prétention. La série va très loin, si on l’avait fait aujourd’hui les gens n’y aurait pas cru. C’est aussi un plaisir créatif qu’on a assumé tous avec les producteurs.
Anecdotes :
Tout le quartier des déviants a été tourné en studio.
1 an et demi pour écrire les 8 épisodes.
Ils ont tourné avec la mafia bulgare et de vrais nazis.
Olivier Marchal a fait un burn out pendant 3 jours en revenant du tournage.
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