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[Notre avis] A Body That Works : Une aventure humaine de corps et d’esprit

Dans une période (une nouvelle fois ?) charnière concernant le sujet de la grossesse ou de son arrêt – à voir ce qu’il se passe aux États-Unis ou en Pologne sur l’avortement, où les questions sur la Procréation Médicalement Assistée (PMA) ou la Grossesse Par Autrui (GPA) en France, les séries, qui reflètent très souvent leur époque se sont emparées du sujet. A Body That Works fait partie de celles-ci à Séries Mania cette année, avec la comédie britannique Romantic Getaway (sur la PMA), le drame québécois Désobéir : le choix de Chantale Daigle (sur l’avortement) ou le drama grec Milky Way sur une grossesse d’adolescente. A Body That Works (Goof Shlishi), créée par Shira Hadad et Dror Mishani, nous parle, elle, de la GPA. Comment s’approprie-t-elle cette question qui divise ? Les deux premiers épisodes, diffusés lors du festival Séries Mania 2023 nous ont permis de forger notre avis.

Ellie (Rotem Sela) et Ido (Judah Levi) face à un choix crucial dans A Body That Works

Synopsis : Ellie et Ido, en couple et amoureux, ont décidé d’avoir un enfant. Ca fait 5 ans qu’ils essayent, accompagnés par leur médecin, écoutant ses conseils, et faisant tout pour y arriver. Mais si parfois un embryon se place, la grossesse ne va jamais à son terme. Face à cela, une ultime solution fait surface : la GPA, avec toutes les questions qu’elle sous-tend. Ils vont dans ce cadre faire la connaissance d’une jeune femme, motivée d’abord par l’argent que peut lui rapporter une telle opération, n’arrivant pas malgré un travail à s’en sortir en tant que mère célibataire. C’est sur ce chemin que nous allons suivre ce trio, et les personnes qui les entourent.

A Body That Works c’est d’abord un très beau titre quand on connaît le sujet abordé. Une quête suite à une fatalité du destin, qu’on va vouloir contourner. Je trouve qu’il y a une certaine poésie derrière lui, une approche simple, sans jugement.

La série nous plonge dans le quotidien d’Ellie (Rotem Sela) et Ido (Judah Levi), pour mieux nous faire comprendre leur décision. Une décision qui ne sera pas évidente. Il suit un constat d’échec, alors qu’Ellie a 37 ans, et que si le temps s’amenuise, et malgré cinq années de tentatives vaines, elle pourrait prolonger une nouvelle fois un calvaire dont l’issue ne fait aucun doute pour le médecin. Ces questions sont abordées de manière brute, concrète, et les différents personnages vont y réagir personnellement, naturellement. Cela montre toute la difficulté du choix, d’autant plus quand ce choix est contraint. Cette finesse dans la réflexion se retrouve de l’autre côté du chemin, avec la future mère porteuse Chen Ben-Attar (Gal Malka). Son choix est opportuniste, et pourtant, la présentation du personnage et de son contexte va le rendre humain. Et au final, c’est ça le vrai sujet, l’humain sous toutes ses formes : de l’embryon jusqu’au grand-père et la grand-mère, avec le kaléidoscope d’opinions qu’il peut y avoir entre les deux, et même entre les personnes d’une même génération.

Le tempo de la série est volontairement lent, portant à la réflexion, et c’est très bien ainsi. On suit nos personnages dans leur vie quotidienne avec leurs envies, leurs doutes, leurs choix pas évident. C’est ainsi quand Ido doit choisir entre sacrifier une partie de sa vie et de ses valeurs ou financer la GPA : les placements qu’il a fait ayant bien fructifié mais ne pouvant être retirés. C’est aussi le cas dans le choix de Chen qui, s’il est opportuniste, vient du fait qu’elle a du élever son enfant seule, et n’arrive pas à s’extraire de son travail mal payé faute de diplôme.

Mais au milieu de cela, c’est le bonheur de la possibilité d’avoir enfin l’enfant désiré qui va primer, et la relation qui s’installe dans ce nouveau trio que la vie a rapproché. Au milieu de cette, finalement, belle aventure, deux petits bémols. La gestion de la relation entre Eli et Tomer (Lior Raz), qui aurait pu être mieux développée. En effet si le début est intéressant (en tant que potentielle future éditrice, elle critique le livre de cette star, au risque de manquer le contrat), la suite est beaucoup plus convenu, voir flirte avec une ambiguïté pas bienvenue. Ensuite, la dernière scène entre Ido et Chen dans la voiture de ce dernier, énigmatique et ne semblant pas logique vu ce qui est dit dans la scène d’avant. Dans les deux cas, ces situations peuvent être résolues en fonction de leur dénouement, mais vu comme elles sont amenées, on peut légitimement en douter.

A Body That Works traite avec finesse (jusque dans son titre) d’un sujet très délicat. Elle propose un chemin qui se fait s’entrecroiser différents points de vue, sans jamais se perdre ou juger, et toujours aller de l’avant. Elle fait donc réfléchir, se questionner sur un thème de société. C’est une belle aventure qui s’annonce et on a envie de voir comment va évoluer ce trio de personnages.

8/10

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