Comment questionner le monde qui nous entoure sans tomber dans les limites inhérentes à la pensée humaine ? Le faire faire par un insecte, et plus précisément un scarabée ! Mais pas n’importe lequel : l’unique survivant de l’espèce dans un monde post-apocalyptique. C’est le voyage que vous propose Alice Costello dans Mandibules, écrit par Adrien Costello, et joué tous les lundis à 20h30 au Théâtre du Marais.
Synopsis : Dans un monde post-apocalyptique, l’unique survivant du Grand Cataclysme est un scarabée, qui pour passer le temps fait revivre des personnages-clés de sa vie d’avant. A travers ces petites saynètes se dégage un véritable portrait de la société actuelle, nous interpellant sur notre manière d’appréhender le monde.
Mandibules, c’est un monde. Celui des insectes. Mais un monde réduit à sa plus simple expression, puisqu’il n’en reste plus qu’un. Un spécimen de la famille des Lucanus Cervus, prénommé Lucana. La première interaction avec la pièce se fait par la scène, très travaillée pour une œuvre de cette envergure. Le Grand Cataclysme ayant tout balayé, chaque objet sur scène a fait l’objet d’un patinage pour le rendre vieux, voire d’une recherche minutieuse pour trouver le bon objet pour telle ou telle utilisation, et ça se voit. Le même soucis du détail se retrouve dans le costume, qui stylise parfaitement le scarabée, ce qui de prime abord, n’est par forcément évident à réaliser.
Mandibules, c’est d’abord une introspection. Dans un monde où tout est connecté, où partir à l’autre bout du monde ne sépare plus – hors quelques exceptions – de famille et amis, notre scarabée, est complètement seul. La première scène nous met face à cette réalité, alors que nous est dévoilé le quotidien de Lucana, scène dans laquelle Alice Costello donne de sa personne. L’Homme est social, et il est difficile de s’imaginer être coupé de toutes interactions, à jamais.
Mandibules, c’est aussi – et surtout – des questions. S’adressant à des esprits libres, Mandibules interroge, sans forcément donner ou guider vers la réponse. Que se soit la diva recevant une récompense, la libellule Clarence rappelant une personnalité politique, ou la fourmi voulant réussir dans le stand-up, à chaque fois la pièce nous confronte à nous-même. Quelle société voulons-nous ? Dans un registre moins extrême que celui proposé, nous nous retrouvons par moment dans certains défauts des personnages, aurons-nous la volonté de changer ?
Mandibules enfin, c’est des émotions. C’est un savant mélange de surprise, de peur, de rire, de larmes… Une véritable pièce de théâtre « seule en scène » et non un One Woman Show. Le langage de l’insecte a ses particularités, l’interaction avec le public les siennes, et le jeu d’Alice enveloppe le tout dans une multitude d’expressions, qui sont autant de reflets des états d’âme du scarabée.
Mandibules, c’est un conte avec ses propres codes, son langage, ses personnages. C’est une plongée dans un monde original, qui d’un même coup nous renvoie à nous-même, nous interroge sur le monde, nous divertit tout en nous faisant réfléchir.