Kim Kong est la série évènement française qui représente la France à la sélection officielle du festival Séries Mania saison 8 et qui fera, on l’espère, le plus de bruit.
Kim Kong – Arte – 2017
Synopsis : Alors qu’il tourne en Asie un blockbuster d’action sans âme, Mathieu Stannis, réalisateur aigri et frustré, se fait kidnapper par des agents d’une dictature voisine. Furieux de la nullité du cinéma de son pays, son dirigeant souhaite confier au Français la réalisation d’un nouveau King Kong qui chante les louanges de sa patrie.
Kim Kong est une série de 3 épisodes réalisée par Stephen Cafiero (Irresponsable) et scénarisée par Simon Jablonka et Alexis Le Sec. Un scénario des plus barré qui raconte le face à face entre un dirigeant fou, copie conforme du chef d’État communiste Nord Coréen Kim Jong-Un, et Mathieu Stannis (interprété par Jonathan Lambert) un réalisateur maison en pleine déchéance artistique. Ces deux personnages sont en eux-même extrêmement bien travaillés mais ce qui est étonnant est la palette de personnages secondaires qui les entourent, tous aussi riches en couleur les uns que les autres.
Les personnages sont autant de source de trames narratives qui s’entrecroisent de manière instinctives et jubilatoires. Le mélange de culture asiatique et française est un prétexte de comique fascinant qui frise parfois l’acceptable, il faut donc se munir d’un bon second degrés pour ne pas prendre certaines scènes du mauvais côté. Certains twists sont prévisibles mais toujours très bien amenés.
L’humour est étonnamment grinçant, mettant en avant une génération de cinéaste à la recherche d’inspiration. Car aussi étonnant que cela puisse paraître cette série rend hommage au cinéma. Le personnage principal est amené dans une quête à la fois de lui-même et de ce que c’est que faire des films. On en revient alors aux rudiments d’un plan, qu’est-ce que le cadrage ? La lumière ? Comment créer un monstre sans l’aide de la technologie ? Les citations vont alors bon train entre le requin « bidon » de Spielberg, le hors-champs de James Cameron jusqu’à la Nouvelle Vague avec Truffaut. Peut-être des références faciles mais qui parlent en tout cas à tout le monde et amènent avec légèreté une réflexion sur son propre médium. Pour reprendre les mots de Renan Cros lors de l’ouverture du Festival avec la table rond e de l’A.C.S., quand on parle de séries on en vient irrémédiablement à parler de cinéma et inversement, pourquoi donc alors faire de l’un la mauvaise graine de l’autre ?
Cette série méta nous emporte dans son univers décalé à la fois nostalgique et contemporain. Nous espérons que le jury se laissera séduire lui aussi par ce petit ovni sériel qui fera du bien à la télévision française.