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Batman v Superman – l’aube de la justice : DC vaincu ?

La suite du décrié Man of Steel et lancement du DC Extended Universe est sortie en grandes pompes, Batman v Superman : L’aube de la justice est encore plus maltraité par la critique américaine et française. Est-ce justifié ?

Batman v Superman : L'Aube de la justice - Warner Bros

Batman v Superman : L’Aube de la justice – Warner Bros

Synopsis : Parce qu’il redoute les excès d’un super-héros omnipotent, le puissant justicier masqué de Gotham City défie le sauveur bien-aimé de Metropolis, sous les yeux des spectateurs indécis. Tandis qu’ils s’affrontent, un nouveau danger fait planer une menace sans précédent sur l’ensemble de l’humanité.

Batman v Superman est-il bon ? Non. Est-il mauvais ? Non plus. Il est difficile de se prononcer sur le film c’est un mélange de beaucoup de choses. Zack Snyder est ambitieux, il propose de véritables choix esthétiques et idéologiques, comme les actions de Batman, qui ne plairont pas à tout le monde . Mais à force de vouloir raconter trois histoires en même, le film est décousu, la durée de 2h30 n’aidant pas. C’est plaisant mais bordélique, c’est littéralement un beau bordel !

Attention spoilers !

Batman, un choix qui divise

Bruce Wayne est un homme brisé qui a 20 ans de combat dans les pattes et une tragédie personnelle qui nous est vaguement présentée. Le Joker a-t-il tué Robin comme dans l’arc « Death in the Family » avec la mort de Jason Todd ou Robin est devenu fou et s’est transformé en Joker ? Cette seconde théorie serait une pure création de Snyder qui ne serait pas déplaisante, et on sait que le monsieur sait bien s’approprier les comics et les transformer à sa sauce. Il n’y pas assez d’éléments dans ce film pour donner une réponse, il faudra attendre le film solo Batman que Ben Affleck et Geoff Johns sont en train d’écrire. Ces éléments placés ici et là pour instaurer les bases frustrent, on ne nous en dit pas assez et donc on vient à se demander si ce n’est pas de trop dans un film déjà surchargé…

Quant au Chevalier Noir lui-même, il divise. Brisé par ce combat et les pertes, le Batman de Snyder est violent, psychotique et tue. On comprend que le réalisateur veut emmener son personnage à l’extrême, pour d’une part faire un contraste important avec le Boy Scout, et d’autre part accentuer la noirceur de son univers. Chercherait-il à l’amener au bord de la moralité, de tuer de sang froid un innocent, pour créer un parallèle avec son ennemi juré le Joker ? À de nombreuses reprises, et le plus récemment dans la saga « Death of the Family » (différent de « Death IN the family » cité précédemment), le justicier est poussé dans ses retranchements, épuisé et tourmenté par le Joker qui le pousse à bout jusqu’à commettre l’irréparable, le tuer (c’est son plan mais je ne vous dis pas si Batman commet le meurtre…). Sachant que Snyder s’est inspiré de la mini-série The Dark Knight Returns de Frank Miller pour son univers cinématographique, il n’est pas étonnant de le voir pousser son personnage aussi loin.

Cependant, c’est une mini-série hors-continuité, et dans la continuité Batman ne tue pas ! Bien que celui de Burton tuait et cela reste une des meilleures adaptations de comics et de ce personnage, il ne tuait pas aussi délibérément. Il ne s’en privait pas mais le meurtre semblait être le dernier recours. Ici, le héros campé par Ben Affleck tue sans chercher à opérer autrement, ce point peut en déranger beaucoup et ainsi gâcher le film. Je fais partie des lecteurs et fan de la première heure du personnage et donc je suis habitué à cette vision du héros qui ne tue pas, mais Snyder a un parti pris autre et il faut avouer que dans le ton du film et ce qu’il met en place, cela fonctionne. De plus, l’interprétation d’Affleck est excellente, un rôle qui lui va à ravir. Néanmoins ses interactions avec Alfred (Jeremy Irons) laissent un peu à désirer, ils ne partagent pas beaucoup de scènes donc il est assez difficile de se prononcer. Mais j’ai aimé voir un Alfred plus impliqué dans la mission, dans la réparation du costume et dans son discours grinçant. Snyder semble se souvenir du passé militaire du personnage, peut-être qu’il en fera quelque chose plus tard.

Justice League épisode 0

Ce qui choque bien plus à mon sens et qui est en total rupture dans le film c’est la séquence de rêve dans le désert dans laquelle Batman utilise un fusil et s’en sert intentionnellement pour massacrer un groupe de soldats. Dans l’ensemble, toute cette séquence onirique ne fonctionne pas. Elle met en place de manière maladroite l’univers partagé et les films Justice League. À mon sens, cela cause du tort à Batman v Superman car la séquence casse le rythme du film, et en révèle trop. Les paradémons, le signe Omega, DC dévoile Darkseid, l’ennemi de son univers, dans une introduction encore plus ridicule que l’apparition de Thanos à la fin d’Avengers. Sans parler que toutes ces images étaient disponibles dans la bande-annonce, un autre problème…

Parlons des caméos des autres membres de la Justice League. Celle de Flash dans cette séquence rêvée/prémonitoire impressionne et laisse présager un Ezra Miller convaincant, en tout cas il ne m’a pas fait hurler alors que je ne croyais pas à ce casting. La découverte des autres est maladroite mais plaisante pour tout fanboy/girl des comics. La séquence avec Barry Allen interroge sur la temporalité des scènes, il a les cheveux longs alors qu’en apparaissant à Bruce il est en costume/armure et les cheveux courts. Un Flash du futur voyageant dans la Speed Force pour prévenir Bruce ? Le passage de Cyborg (Ray Fisher) prépare également Justice League avec cette boîte noire qui « crée » le super-héros, elle ressemble à une Mother Box, un autre lien avec Darkseid. Enfin, quel plaisir de voir pour la première fois au cinéma Aquaman (Jason Momoa) et prouver que le personnage ne mérite pas les moqueries !

Le dernier membre de la Trinité DC a le droit à davantage de temps à l’écran, même si c’est peu, une dizaine de minutes. Mais cela est suffisant pour donner envie d’en savoir plus sur le personnage grâce à son film en juin 2017. Diana Prince ne fait pas grand chose mais dès la première apparition de Wonder Woman (qui n’est pas nommée), un sentiment d’excitation, de joie et de frissons apparaissent pour notre plus grand plaisir. Wonder Woman parvient enfin à arriver sur nos écrans (la série avec Lynda Carter remonte à loin), après de nombreuses tentatives ratées dont un film développé par Joss Whedon, le personnage incarné par Gal Gadot fait enfin ses débuts. Rien que pour la prouesse d’amener le personnage à l’écran, le film ne peut pas être qualifié de nul. Je commençais sérieusement à avoir peur que le personnage soit maudit et n’ait jamais d’adaptation décente. En un fragment de seconde, l’actrice a réduit à néant les craintes que j’ai eu à l’annonce de son casting. Amplifié par le thème de Wonder Woman (« Is She With You? ») électro avec des notes antiques, l’Amazon ravit et a conquis le public.

Superman, mama’s boy scout

Venons-en au deuxième super-héros dont le nom est sur l’affiche. Le Superman d’Henry Cavill est dans la lignée de Man of Steel, si vous n’avez pas aimé le film vous détesterez cette suite. Quant à moi, j’ai aimé l’opus précédent et je suis sorti troublé de la séance de BvS. Comme je disais, Batman n’est pas en adéquation avec ma vision du personnage mais il est en adéquation avec l’univers du réalisateur donc cela marche, avec Superman c’est plus compliqué. Il est troublé par la destruction de Metropolis, il se remet en question et s’interroge sur ce qui fait de lui un héros. Il était intéressant d’enfin voir un film adresser la question des conséquences des actions héroïques, destructions, morts et c’est ce qu’illustre ce comité du Congrès qui questionne Superman avec la sénatrice Finch interprétée par Holly Hunter. L’arrivée de l’homme d’acier au Congrès est un plan magnifique qui illustre les questions de démocratie et de pouvoir dont traite cette première partie du film.

Les problèmes arrivent par la suite. À commencer par Lois Lane (Amy Adams), une cruche qui ne sert à rien d’autre que jouer les demoiselles en détresse que Superman doit constamment sauver parce que vous comprenez c’est l’amour de sa vie et si elle meurt il s’allie avec Darkseid pour tous nous annihiler. La subtilité n’est pas une qualité que Snyder peut mettre sur son CV. Batman et Superman viennent à se battre 45 minutes avant la fin, j’ai trouvé la structure du film maligne, repousser le combat annoncé et surtout le provoquer d’une manière à laquelle on ne s’attendait pas forcément, c’est le plan de Lex. Un Lex Luthor campé par le ridicule Jesse Eisenberg, qui se trouve en total décalage avec le reste du film et dont les motivations ne sont pas expliquées. Et les facilités scénaristiques s’enchaînent avec ce personnage, il découvre avec une aisance déconcertante, et sans explication, l’identité de Batman et Superman. Son plan est alors de kidnapper Martha Kent (Diane Lane) pour que Superman tue le Bat-justicier, mais sans prévoir que la mère de Bruce s’appelait également Martha (Lauren Cohan). Tout rentre alors dans l’ordre, avec un prénom commun à leur mère, Batman oublie toutes les craintes qu’il a sur les pouvoirs de Superman. C’est d’une facilité et d’un grotesque !

Ce qui fonctionne bien avec Superman tout de même, c’est le combat final épique contre Doomsday et le sacrifice de Superman qui m’a surpris. Snyder a suivi les comics et a osé tuer une icone. Le personnage ne disparaîtra pas, personne n’est dupe surtout avec Justice League. Mais le film n’utilise pas le cliché du super-héros que tout le monde croit mort et revient à la vie 3 secondes plus tard. Snyder est allé au bout de l’idée avec cette belle séquence d’enterrements pour Superman et Clark. La question est comment Superman va-t-il revenir ? Est-ce lié à Darkseid ? La réponse en novembre 2017 !

Pour conclure cette longue critique, le film méritait de revenir en détails sur ce qui fonctionne et ce qui est raté. Batman v Superman n’est pas une catastrophe industrielle comme le prétend les médias, il est imparfait et encore brouillon. Cependant, il n’est pas exempt de sublimes moments et d’idées intéressantes de Snyder comme l’introduction qui nous remontre la scène tant connue de la mort des parents Wayne mais revisitée avec des choix de mise en scène tels ce plan du collier et l’envol métaphorique de Bruce pendant le générique car c’est un moment de l’histoire de Batman maintes fois porté à l’écran et qu’il ne veut pas lui accorder trop de temps.

Le film est plein de maladresses et doté d’un marketing désastreux dont des bande annonces qui en montraient trop (Doomsday, le rêve), voire des clins d’œils entiers (Robin), pourtant Snyder va jusqu’au bout de ses idées avec ce Batman et apporte certaines idées qui ne sont pas déplaisantes. Le problème est que si vous n’adhérez pas, vous risquez de ne pas aimer l’univers partagé de DC Comics puisque Snyder en est à la barre. Il ne reste plus qu’à attendre la version vidéo ultime qui nous proposera une version longue rallongée de 30 minutes qui nous révélera, entre autres, le personnage de Jena Malone, et le prochain film le 5 août : Suicide Squad de David Ayer.

À cause de son caractère inachevé, je ne peux pas lui donner de note.


Sortie en France : 23 mars 2016
Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg
Genre : SF, super-héros
Nationalité : US
Distributeur : Warner Bros France

3 réflexions sur “Batman v Superman – l’aube de la justice : DC vaincu ?

  1. Pingback: ComicStories – Sur nos écrans #48 : Batman v Superman | Sur Nos Ecrans

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  3. Snyder a en effet fait un film catastrophique! Pire que Man of Steel. Que peut on dire? il n’était pas tout seul c’est évident. Mais ses idées innovantes comme une victoire de Batman contre Superman alors que l’on voit un Batman totalement incapable de vaincre Doomsday, brillant? Je crois pas… Imaginer un Superman pouvant tuer? Encore moins! Quant au casting de Ben Affleck je suis bien désolé mais c’éest une erreur monumental. J’aime beaucoup cet acteur et je suis navré que les critiques se soient autant déchaînées sur lui…Mais pour autant il reste que personne ne le croit ni en Bruce Wayne ni en Batman. Cavill n’est pas crédible en Clark Kent dans Man of Steel mais comme le film tentait vraiment de coller à un assemblage de différentes histoires DC, Superman restait crédible..Et pour le coup le mettre en quête de lui même c’était assez brillant! Maintenant Batman vs Superman lui n’a je trouve rien de brillant.
    Pourtant, la grosse erreur de Snyder et de la produc n’est pas là..Mais c’est le fait de ne pas avoir intégrer la version longue au ciné..Car les trois quart d’heures supplémentaires je vous assure donne de la crédibilité ! Si on tient compte de cette version longue, le film passe de nullité à film passable. Certes il ne mérite pas le titre de bon film mais en concurrence avec Marvel, il devient meilleur lui!
    Et pour mettre une touche positive, avec ou sans version longue, Batman vs Superman: Dawn of Justice, reste malgré sa passabilité bien meilleur que tous les Marvel réunis. hormis peut être Thor (le premier) et Les Gardiens de la Galaxie!
    Enorme ! On attend la suite avec impatience d’ailleurs!

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