Séries/Tout commence avec un pilot

[Pilot] The Muppets : Grand guignol soft

1313609-the-muppets-kermit-miss-piggy-gonzo-fozi-617-409En cette saison chargée en revivals, reboots et remakes en tous genres, s’il y a bien une série qui bat toutes les autres en terme de recyclage, c’est finalement peut-être bien The Muppets. Cette bande de célèbres marionnettes pelucheuses, c’est quand même déjà 6 séries, 8 films et une ribambelle de téléfilms et d’apparitions télé. Les revoilà avec une nouvelle série sur ABC. Increvables.

Les Simpsons, personnages télé à la plus grande longévité ? Tu parles, regardez plutôt les bestioles de Jim Henson. Elles sont là depuis 1955 ! D’ailleurs, qui ne connaît pas les Muppets ? Je veux dire, quand bien même vous seriez passés à côté de leurs programmes, leur notoriété est telle qu’on a généralement un peu une notion de qui ils sont. Un peu comme Bernard Tapie. Pour ma part, je n’ai dû voir qu’une poignée de leurs téléfilms et je garde de profondes séquelles de leur temporaire – dieu merci – expérience avec Cauet. Bref, voilà de quoi économiser au pilot pas mal de temps en exposition et garantir une entrée en la matière directement dans l’action.

Toujours est-il qu’ABC ne prend pas beaucoup de risques en misant sur une telle franchise. Ça doit les changer de Marvel. Surtout pour le budget cascades et effets spéciaux foireux. Mais après tout, n’est-ce pas dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ? Le tout étant de renouveler un peu la recette histoire d’éviter l’intoxication alimentaire. Surtout que la combinaison porc-grenouille n’est pas forcément des plus digestes. The Muppets y parvient plus ou moins bien, sans toutefois couper à quelques gags puérils et parfois poussifs. Mais le ton des intrigues est globalement plus adulte, allant jusqu’aux allusions salaces, ce qui est une bonne initiative pour renouveler un peu la franchise. Il ne faudrait toutefois pas en abuser. A mon sens, les Muppets ne sont pas des personnages faits pour se frotter aux situations les plus vulgaires et graveleuses. Il y a un juste milieu à trouver pour que petits et grands s’y retrouvent, tout en offrant un humour de qualité. Tout un programme. Pour l’instant, on n’y est pas encore tout à fait.

muppets-2015La série se dote également de deux autres trouvailles pour rafraîchir la franchise. Elle ne perd d’ailleurs pas de temps à les présenter. Dès les premières minutes le cadre est posé : Kermit et Peggy, l’emblématique couple des Muppets, se sont séparés et c’est à travers un format mockumentary, une équipe documentaire filmant les coulisses de l’émission de Peggy, que nous suivrons leurs nouvelles aventures. Ce sont des ficelles qui n’ont rien de révolutionnaire dans le monde télévisuel aujourd’hui mais qui, dans le cas des Muppets, peuvent avoir leur intérêt si exploitées pertinemment. Là encore, j’ai envie de dire : work in progress.

Je m’attendais à un détournement bien plus assumé et poussé du mockumentary qui commence aujourd’hui à faire son âge (oui, disons-le, plus de 10 ans quand même, un violent age reality-check sponsorisé par les Muppets). Au bout du compte, les marionnettes se la jouent encore un peu timorées et s’accommodent plutôt bien de cet appareil narratif dont elles respectent sans grande innovation le mode d’utilisation. Le potentiel reste là, mais il faudra faire preuve de plus de créativité et d’irrévérence par la suite. De même pour l’utilisation des guests stars, Elizabeth Banks et Imagine Dragons n’ayant ici rien de bien fou à faire. C’est quand même un comble pour une série qui parle d’animaux pelucheux.

Au risque d’étonner, je suis tout de même aussi content de ne pas avoir tant ri que ça devant The Muppets et ce justement grâce à la rupture de Kermit et Peggy. C’est l’occasion de constater que l’on peu passer par d’autres types d’émotion que le rire devant la série. Bien sûr, elle fournit aussi son lot de répliques et scènes croustillantes et on se doute que c’est très artificiel. La « remplaçante » de Peggy ne marquera d’ailleurs pas franchement les esprits, laissant deviner une inévitable réconciliation. Mais il n’empêche que les auteurs arrivent à rendre l’évolution de la relation crédible et les interprètes des personnages, notamment lors du flashback de la rupture, à créer une certaine complexité émotionnelle. Et je rappelle qu’on parle donc toujours de marionnettes de grenouille et de truie.

Bref, je doute que l’avenir de la relation de Peggy la cochonne et Kermit la grenouille devienne le prochain objet de nos obsessions (ou alors, sérieusement, consultez. Surtout si vous êtes #TeamDenise) mais je crois qu’il y a là suffisamment de matière pour divertir et donner de l’épaisseur à des personnages dont on pourrait ne plus attendre de surprises. Il en va de même pour le mockumentary. En gros, les ingrédients sont là, il s’agira simplement de s’améliorer en cuisine.

6/10

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