Un casting quatre étoiles, un sujet dans le vent, Scream Queens, la nouvelle série de Ryan Murphy, est l’une des nouveautés les plus attendues de cette rentrée. Que vaut vraiment son pilot?
Attention cet article contient des spoilers
Synopsis : Grace Gardener (Skyler Samuels) fait sa rentrée sur le campus de l’université Wallace. Elle souhaite se rapprocher de sa défunte mère en rejoignant la sororité des « KKT » (Kappa Kappa Tau) dirigée par Chanel Oberlin (Emma Roberts). Mais au cours d’un test d’initiation pour rejoindre la sororité, un mystérieux tueur déguisé en la mascotte de l’université attaque et tue l’une des candidate. À la suite de cet événement, l’université est frappée par une série de meurtres qui pourrait être liée à un crime horrible qui a eu lieu au sein des « KKT » en 1995, soit vingt-ans auparavant.
Avant de commencer à critiquer, je souhaiterais avant tout que vous sachiez que j’aime American Horror Story (saison 2) et Glee (saison 1-3), détesté The New Normal, et les autres saisons de American Horror Story et de Glee. Je n’ai malheureusement pas suivi Nip/Tuck. Pourquoi ces détails ? Parce qu’avec Ryan Murphy, c’est quitte ou double. Soit on aime, soit on déteste. Il n’y a pas de juste milieu.
Commençons par le genre de la série. Décrite comme une comédie/slasher, Scream Queens est un pari audacieux, celui de mélanger deux genres totalement opposés, mais pas forcément incompatible. En témoigne plusieurs productions cinématographiques telles que Brain Dead, Evil Dead ou plus récemment Shaun of the Dead. D’autres contre-exemples existent évidemment, tels que Scary Movie ou Piranha, qui ne sont rien d’autres que des pastiches et des ratages complets. Scream Queens s’insère parfaitement dans la deuxième catégorie, tout au fond du fond, qui va aller côtoyer les pires navets à ne pas faire.
Ryan Murphy ne fait jamais dans le subtile. Pourtant, American Horror Story arrivait à créer un univers ainsi que des personnages intéressants de façon graduelle, petit à petit, sans une once d’ironie et finalement exploite à fond son concept. Ici, on se retrouve avec un pilot qui ne sait pas vers quoi tendre. La comédie ? Le pastiche ? L’horreur ? Le slasher ? La critique sociale ? Un peu de tout en même temps et tant pis si c’est pas cohérent ? La série se veut méta self-aware, mais c’est grotesque. On sent que les auteurs veulent paraître cool en faisant référence à la pop culture et à la société de consommation pour mieux les dénoncer. Mais ça ne marche pas, parce que ces références sont beaucoup trop communes et sont complètement hors de tout contexte de réalité.
Tout les personnages ici servent à mettre en scène un stéréotype. La reine sur son piédestal qui écrase les autres (Emma Roberts prouve qu’elle n’a pas une once du talent de sa tante), les prétendantes aux trônes complètement abruties, le beau gosse populaire un peu « bête », les moches et autres nerds qui essayent de s’intégrer et acceptent de subir les pires humiliations, la principale investie d’une mission d’assainir son établissement. Bref, il y a une flopée de personnages, qui sont présents uniquement pour servir de chair à canon et avoir un certain quota de morts par épisode. On sent la volonté de Ryan Murphy de dénoncer une certaine idée qu’il a du système de castes établis dans les universités. Mais la, c’est trop appuyé. Avec Glee, il arrivait à retourner les stéréotypes pour faire des personnages intéressants, envers et contre tous, et surtout attachants. Mais ici en somme, il veut faire quoi ? Ce n’est ni divertissant, ni intelligent. Il prend son public pour des débiles et compte sur son instinct le plus vile pour faire de l’audience. Si faire des références à d’autres films d’horreur passe pour de la créativité et de l’intelligence, alors non. Pour moi c’est de la fainéantise. Le summum de la bêtise est la scène (spoilers) où le meurtrier est dans la chambre d’Ariana Grande pour la tuer. Qui a osé écrire et approuver cette scène ? Qu’ils se dénoncent et qu’on les exilent loin d’Hollywood.
Devant un tel constat, essayons de trouver du fun. Est-ce qu’il y a des morts dans ce pilot ? Oui, il y en a et plutôt deux fois qu’une. Est-ce que leurs morts sont bien imaginées ? Oui (sauf celle d’Ariana Grande), il y a des situations bien atroces et bien trouvées. Le cast est incroyable (au niveau du star power) pour une série TV malheureusement limitée par le peu qu’on leur donne. Il y a un budget faramineux en costumes, décors et couleurs acidulées. Le seul vrai point positif de cette série, vient dans la volonté de centrer l’histoire sur des personnages féminins, forts de surcroît. Je pense que cela s’arrête la.
Après une entrée en matière complètement décousue, personne n’en a plus rien à faire de Grace, car elle n’est pas assez sympathique aux yeux des spectateurs. Alors certes, beaucoup de choses se déroulent, et il est vrai, qu’il est difficile d’introduire en peu de temps une galerie de personnages aussi vastes sans verser dans le cliché. Mais le sentiment qui domine après la vision de ce pilot, c’est que je viens de gâcher une heure de ma vie.
Ryan Murphy n’est pas quelqu’un de bête. Loin de la. Et c’est ce qui m’effraie. Et s’il s’inspire de faits réels, comme il l’insinue dans une interview donnée dans le Variety, je ne peux qu’être dubitatif vis à vis des américains. Le degré de méchanceté est à son comble, et j’ai peur que le public américain aime ce genre de chose.
3/10
Article rédigé par S.T.
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