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[Bilan] Sense8 saison 1 : un tour du monde qui divise

Vendredi, nous vous parlions du premier épisode de Sense8 qui nous avait moyennement convaincu. Qu’en est-il du reste de la saison de la nouvelle série de Netflix ?

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Sense8 – Netflix

Le pilot ne forme en réalité qu’un quart de l’introduction de la série. Selon Straczynski la saison est un film de douze heures découpé en trois actes dont une introduction de quatre épisodes. Le problème est qu’il n’y a aucune différence entre l’avant et l’après quatrième épisode. Les intrigues individuelles des personnages continuent sur leur lancée sans se lier au fil rouge. Un fil rouge qui serait plutôt une ficelle puisque les éléments de science-fiction ne sont qu’un excuse pour parler de ces personnages, et qu’il n’y a aucun sentiment de traque contrairement à ce que le synopsis le laisse entendre.

Le synopsis nous explique que huit personnes à travers le monde ressentent soudainement une connexion, ils partagent leurs sentiments, pensées, compétences, etc. Un homme essaie de les rassembler alors qu’un autre les pourchasse. Ce résumé alléchant dévoile en réalité que ce long pilot de plus de quatre heures et le final, le douzième épisode. Les huit épisodes au milieu sont répétitifs, on nous présente les personnages dans leurs propres intrigues et à quelques reprises on nous rappelle que c’est de la science-fiction et qu’ils sont pourchassés. Mais légèrement. Même avec l’intrigue de Nomi, qui est séquestrée et a manqué de se faire lobotomiser, aucun sentiment de danger ou de risque ne se fait ressentir pour les personnages qui continuent de régler leurs problèmes dans leur coin, sans se questionner sur ce qui leur arrive.

Les personnages incarnées par Brian J. Smith (Will), Tuppence Middleton (Riley), Max Riemelt (Wolfgang), Jamie Clayton (Nomi), Aml Ameen (Capheus), Bae Doona (Sun), Tena Desae (Kala) et Miguel Angel Silvestre (Lito) sont pour beaucoup des clichés et certains ne décollent vraiment jamais, c’est assez laborieux. Riley peine à intéresser même quand elle prend de l’ampleur dans le fil rouge en fin de saison, Sun tourne en rond et l’intrigue de Wolfgang est allongé artificiellement pour tenir sur la durée. Will est intriguant mais pas porté par un acteur transcendant comme on pouvait s’en rendre compte dans Stargate Universe. Ceux qui tirent le plus leur épingle du jeu sont Capheus qui est sans doute celui qui utilise le plus à son avantage sa connexion avec les autres, ce qui donne lieu à des scènes phénoménales. Bae Doona est excellente dans le peu qu’on lui donne à jouer, une très belle découverte de Cloud Atlas que les Wachowski ont eu la bonne idée de réengager ; Kala intéressait difficilement au départ, et son intrigue n’est pas la plus passionnante à l’arrivée non plus mais l’important décalage culturel avec les autres pays suffit à captiver ; Lito reste le comique de la bande, même malgré lui. Son histoire est cliché et remplie de facilité scénaristique (les photos…), lorsqu’il essaie d’être dans un ton dramatique après sa rupture avec Hernando, cela ne fonctionne pas et a donné lieu, pour ma part, à une certaine hilarité (le récit de sa « communion » buccale pour reprendre son terme). Le personnage le plus intéressant est Nomi, cette hacktiviste transsexuelle jouée par une actrice trans (ce qui résonne avec l’histoire de Lana Wachowski) est le personnage le plus au coeur du fil rouge, et assez rapidement dans la saison. Malgré un manque de danger réel comme je le disais plus tôt, car on ne voit pas l’homme derrière la menace, c’est son intrigue qui avance le plus vite et qui permet d’apporter certaines réponses. Et grâce à elle, on voit, enfin, ce que l’on attend depuis le début et ce que le synopsis et le trailer nous promettait, cette interraction et interconnexion entre les personnages qui s’unissent pour amener à bien une tache (Nomi et Will). sense8-jamie-claytonN’oublions pas sa petite-amie, Neets, jouée par Freema Agyeman a des années-lumières de son rôle de Martha dans Doctor Who. Ici, elle est libérée, drôle. Freema Agyeman sait jouer !

Quant à Naveen Andrews, il est parfait dans chaque scène, c’est-à-dire rarement. La « mère » de ce groupe de Sensates, Angel(ica) apparaît encore moins et la plupart du temps en une simple vision de quelques secondes digne de la Vierge Marie. Et le bad guy de la série, Mr Whisper, apparait encore moins qu’elle ! Au final, ce n’est pas les quatre premiers épisodes qui forment une introduction, mais c’est toute la saison. Straczynski (encore lui car les Wachowski ne donnent presque jamais d’interviews) a annoncé qu’ils ont un plan pour cinq saisons, il aurait dû préciser que leur plan contenait une saison introductive.

Le problème majeur de la déception des fans, en dehors des clichés et du vide de certaines intrigues, c’est, à mon sens un mauvais marketing. Le synopsis dévoile le pilot et le final avec le danger incarné par Mr Whisper, et le trailer est orienté vers l’action, ce à quoi on pouvait s’attendre au vu de la filmographie des Wachowski. Au final, la série est tout autre.

Sense8 est une série qui interroge sur notre monde connecté. Straczynski a été inspiré par une des amis à lui qui vivent dans différentes parties du monde et ils se connectent tous en même temps sur internet et regardent un film en même temps pour le commenter (des livetweets ?). La série traite du mysticisme, de la connection avec l’univers, et surtout de l’humanité. Elle prône la diversité, mais également l’universalité et le lien. De très beaux messages qu’on aurait voulu mieux traité. De part son propos et son exécution à une aussi grande échelle, Sense8 est une ovni dans le monde télévisuel (et cinématographique !). Des questions très intéressantes et des thèmes importants sont abordés, mais l’écriture gâche ce travail et la mise en scène magnifique et inventive des Wachowski (qui se sont occupés des tournages à Chicago, San Francisco, Londres et l’Islande), ainsi que Dan Glass (leur superviseur des effets spéciaux depuis Matrix Revolution, il a réalisé les scènes à Séoul), Tom Tykwer (Cloud Atlas, pour Berlin et Nairobi) et James McTeigue (V pour Vendetta, pour Mexico, Mumbai et Reykjavik). Une réalisation à plusieurs mains permettant de proposer plusieurs ambiances en adéquation avec la volonté des Wachowski et de Straczynski de décontenancer le spectateur passant de la chaleur de Nairobi aux montagnes enneigées de l’Islande. Par contre, du côté de l’écriture les Wachowski et Straczynski étaient les seuls maîtres à bord. En somme, la série reflète la filmographie de Lana et Andy Wachowski : des univers riches et foisonnants d’idées mais avec un scénario qui tourne en rond (les suites de Matrix) ou des personnages inintéressants (Jupiter Ascending). Ils ont voulu reproduire leur meilleur film, à mes yeux, Cloud Atlas, sans jamais parvenir à atteindre la puissance émotionnelle de leur adaptation du livre de David Mitchell. Sense8 est une oeuvre humaniste, posant des questions fascinantes, enrobée dans une véritable proposition esthétique mais qui manque de rythme, de personnages capables de portée la série au niveau d’excellence qu’elle mériterait avec ses thèmes et sa réalisation.

Serai-je de retour pour la saison 2 (il ne faut pas se leurrer, il y en aura une) ? Sans doute, maintenant que la phase d’introduction est terminée, on pourrait enfin avoir ce qu’on nous avait promis depuis le départ, de la science-fiction qui n’est pas qu’une simple excuse pour montrer des tranches de vies qui ne sont pas des plus intéressantes et absolument pas originales. Il faudra opérer de nombreux changements car je ne regarderai pas douze nouveaux épisodes de cet acabit-là

4 réflexions sur “[Bilan] Sense8 saison 1 : un tour du monde qui divise

  1. Permettez-moi d’établir une critique du critique. Premièrement, quand on écrit un article destiné à être publié et lu par de nombreuses personnes, on soigne son orthographe. Il en va de la crédibilité du critique. Deuxièmement, un point très important. On ne ment pas. Quand on cherche la crédibilité, on ne peut pas mentir. Même pas un tout petit peu. « Le problème majeur de la déception des fans ». Sans parler de la syntaxe bancale de ce début de phrase, cette dernière laisse entendre que tous les fans des Wachowski on été déçus. C’est faux. Allez voir ce que pensent les spectateurs de Sense8 et vous vous rendrez vite compte que les seules personnes à ne pas avoir apprécié la série sont celles qui ont été choquées par les scènes homosexuelles et celles qui n’ont pas apprécié la longueur que le scénario prend à poser ses bases. Et ces personnes représentent une toute petite partie des critiques. Pour ce qui est du fond de l’article, je n’aurai rien à redire car bien que mon avis soit différent du vôtre, cela reste votre avis. Le vrai problème est le manque d’ouverture de votre critique. Si j’avais lu cet article avant la série, je ne l’aurai certainement pas regardée, tant votre critique est à sens unique. Quand vous écrivez une critique vous devez laisser une ouverture au lecteur c’est-à-dire donner votre avis, vos impressions tout en laissant le choix de visionner ou non la série. Ici, la critique est trop catégorique, trop à sens unique. Je consens que c’est difficile à faire pour une critique négative mais c’est ainsi que s’écrit une vraie critique. Pour finir, je vais parler du plus agaçant. L’arrogance. Vous parsemez cette dernière tout au long de la critique avec une phrase par ci, une phrase par là, et il se trouve que c’est très énervant. Pour se permettre l’arrogance dans le milieu de la critique, il faut avoir de l’expérience, chose que – ne le prenez pas mal – vous n’avez absolument pas ( les fautes d’orthographe et l’odieux mensonge évoqués plus tôt parlent d’eux-mêmes ). Le pire étant la dernière phrase de l’article qui est, à mon sens, à vomir. Je pense avoir fait le tour, merci à vous si vous lisez en entier ce commentaire, je tiens à préciser qu’il ne constitue en rien une attaque personnelle et se veut le plus constructif possible.

    N.B : Dans le cas où vous seriez à la recherche d’un critique sérieux, veuillez prendre ce commentaire comme étant un CV ou plutôt une lettre de motivation.

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  2. « On ne ment pas » vous avez la science infuse, vous savez tout ? Merci de m’éclairer, ma vie n’en sera que meilleure.

    Quel scénario ? Il est étiré sur douze épisodes alors qu’il n’y a pas matière à cela selon moi et bien d’autres qui relèvent de nombreux problèmes (comme les personnages clichés…). Comme je l’écris, le marketing de Netflix est en cause ! Quant au sous-entendu d’homophobie, passons pour éviter de m’énerver.

    Je ne fais que donner mon avis, c’est ce que l’on appelle une critique. Elle est forcément subjective, au contraire d’une analyse ce que cet article ne prétend pas être… Ni une critique professionnelle d’ailleurs… Relisez-le, l’article n’est pas si catégorique, peut-être ne devriez-vous pas la lire si tard…

    L’utilisation de la première personne aurait dû vous indiquer que ce n’était pas une critique professionnelle, je n’appartiens pas à ce milieu donc je n’ai pas besoin d’être arrogant. Mais chacun est libre d’interpréter les choses comme il l’entend, à près tout, ce ne sont que des mots alignés sur votre écran.

    PS : merci pour votre candidature mais elle n’a pas été retenu à cause de votre mauvaise foi et arrogance (si vous comptiez là-dessus pour être pris, c’est raté).

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